mardi 4 septembre 2007
"La Maison" de Manuel Poirier
Il est divorcé, il ramène ses trois enfants chez leur mère à la fin du week-end mais ne veut pas monter. Il rentre se terrer dans son appartement nu, une photo, quelques jouets, un dessin, pour écouter Lhasa, la chanteuse de l’exil.
Un jour, avec un ami, il découvre une maison saisie qui va être vendue aux enchères. Ils entrent. Il trouve la lettre d’une petite Cloé à son papa, une lettre que sa petite fille aurait pu lui écrire… et l’histoire commence.
Des personnages qui se reflètent et s’attirent parce qu’ils se répondent si bien. Lui, déraciné, accroché à son verre de whisky, souvent en partance dans des déambulations nocturnes et sexuelles. Elle, embourbée dans ses souvenirs, agrippée à l’enfance qu’ « on lui a volée ». Cela aurait pu être le récit d’une histoire d’amour ratée. Ce ne sont que deux existences qui se croisent, s’interpellent et se répondent.
Il n’en reste pas moins de très belles scènes de rencontres dans des cafés, des restaurants, autant de lieux du transit, du provisoire, de l’anonymat. D’ailleurs les deux personnages féminins y deviennent interchangeables. Quelques scènes dans la maison y répondent, elle imposante, solide, concrète.
C’est définitivement d’un film sur le passage dont il s’agit : passage de l’enfance à l’âge adulte, passage du statut de fille au statut de mère.
Voici quelques réflexions à la va-vite presque une semaine après avoir vu le film. J’en suis ressortie épuisée.
Cependant, en lisant plusieurs critiques et divers commentaires sur le net, je m’aperçois que personne n’a vu le même film. C’est une des grandes forces de ce réalisateur, Manuel Poirier, que de pouvoir s’adresser intimement à chacun, de composer sur le fil du rasoir, de jouer avec les émotions comme avec un miroir qui se trouble légèrement, mais à peine, surtout pas trop, pour laisser de la place à tout le monde. C’est aussi grâce à ses interprètes qu’il peut réussir cela : Sergi Lopez, son acteur fétiche, qu’il commence à connaître maintenant sur le bout des doigts et avec lequel il joue comme on jouerait d’un instrument, pour lequel il compose. Bérénice Béjo, fragile, déterminée. Barbara Schultz, forte, déterminée. Trois magnifiques personnages et trois magnifiques acteurs.
Moi j’aime être déphasée.
Prochain objectif, le dernier Woody Allen…
in : Angelina's mesmerizing envy of cinema
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