Aujourd’hui en Birmanie, on enlève des gens, on emprisonne sans aucune forme de jugement et tout cela dans la relative indifférence d’un monde qui détourne le regard.
Suite à la marée de safran qui s’était répandue dans les rues des principales villes birmanes de la fin août à la fin septembre, la douce et pacifique révolte des moines bouddhistes qui affirmaient marcher pour le peuple, les feux de l’actualité s’étaient soudain braqués sur ce bout de dictature oublié. Les médias se sont remis à parler de la Birmanie, de la junte militaire qui avait confisqué le pouvoir à une présidente élue, le prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kiy et il y avait comme un air de tous les possibles. Tout à coup, des hommes brimés depuis des décennies se sont levés et ont dit « Stop ! Nous ne pouvons pas endurer davantage ». Tout à coup, des hommes se sont levés pour d’autres hommes, pour leurs concitoyens, pour leurs frères.
Nous suivions avec le plus vif intérêt, de jour en jour, les évolutions des manifestations qui grossissaient de moines, de simples citoyens, toujours plus nombreux, d’étudiants, et ce, malgré une constante censure de l’information par les autorités birmanes. Nous étions dans l’expectative et le débat pour savoir si les militaires allaient réagir. Les avis étaient partagés, certains affirmaient que les soldats n’oseraient pas s’attaquer aux moines, et nous avons voulu les croire.
Puis, un journaliste est mort, pratiquement en direct, les manifestations ont été dispersées à coup de balles en caoutchouc ou de balles réelles. Le temps de quelques photos encore et puis… Silence. On opprime. Moines déportés, battus, emprisonnés, assassinés, population terrorisée.
Que reste-t-il aujourd’hui de ce formidable épisode humain ? La Birmanie a disparu de la première page des journaux, des éditos et des actualités télévisées, les manifs de soutien en France et à l’étranger, si elles existent, ne sont pas relayées dans les médias. Les gouvernements considèrent chacun qu’ils ont fait ce qu’ils avaient à faire en condamnant la répression des autorités birmanes et qu’aller plus loin relève de l’ingérance. Quid des pressions sur la Chine, important partenaire de la Birmanie ?
Le dernier espoir est incarné par Ibrahim Gambari, émissaire des Nations Unies, actuellement en Birmanie. Selon l'agence Associated Press, relayée par La Tribune, il doit rencontrer Aung San Suu Kiy jeudi 8 novembre 2007, malgré sa mise au secret en résidence surveillée.
Silence… La Birmanie continue comme elle a toujours fait depuis des décennies. Et le monde continue de se taire.
Qu’en est-il de la Birmanie dans les feux de l’actualité ? Qui nous parle encore de la Tchétchénie dont la population a méthodiquement été massacrée ou déplacée par les autorités russes ? Il n’y a que le Darfour qui revient à la une des journaux grâce à la rocambolesque aventure de l’Arche de Zoé, mais est-ce vraiment du Darfour dont il s’agit ?
A quoi sert-il d’allumer la radio aujourd’hui ou d’acheter un journal, tout n’est que course à la peoplisation, au scoop graveleux. Nous devons aller chercher les informations nous-mêmes.
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