vendredi 28 septembre 2007

Après les larmes...



Birmanie : à l’heure où le monde, frileux, reste dans l’expectative, à l’heure où la violence s’organise en réponse aux manifestations pacifistes des moines bouddhistes et après les larmes d’ Aung San Suu Kyi, venue les saluer à la grille de la maison où elle est assignée à résidence, ma pensée s’envole vers le courage incroyable de cette femme, vers sa force et son calme, vers sa certitude, vers sa solitude…

And love is not the easy thing
The only baggage you can bring...
And love is not the easy thing...
The only baggage you can bring
Is all that you can't leave behind

And if the darkness is to keep us apart
And if the daylight feels like it's a long way off
And if your glass heart should crack
And for a second you turn back
Oh no, be strong

Walk on, walk on
What you got, they can't steal it
No they can't even feel it
Walk on, walk on
Stay safe tonight...

You're packing a suitcase for a place none of us has been
A place that has to be believed to be seen
You could have flown away
A singing bird in an open cage
Who will only fly, only fly for freedom

Walk on, walk on
What you got they can't deny it
Can't sell it or buy it
Walk on, walk on
Stay safe tonight

And I know it aches
And your heart it breaks
And you can only take so much
Walk on, walk on

Home...hard to know what it is if you never had one
Home...I can't say where it is but I know I'm going home
That's where the heart is

I know it aches
How your heart it breaks
And you can only take so much
Walk on, walk on

Leave it behind
You've got to leave it behind
All that you fashion
All that you make
All that you build
All that you break
All that you measure
All that you steal
All this you can leave behind
All that you reason
All that you sense
All that you speak
All you dress up
All that you scheme...

Walk on, U2
Chanson dédiée à Aung San Suu Kyi


in : The world is crying out loud

mardi 25 septembre 2007

Quand le ridicule ne tue pas !


UGC porte plainte contre le cinéma municipal Le Mélies à Montreuil à qui il pousse des envies exponentielles de s’agrandir. Pour le motif, grotesque mais non moins réel, de concurrence déloyale !!! Alors là, je me tiens les côtes, j’ai mal au bide tellement je rigole.

Un peu de sérieux. Quiconque a déjà pénétré dans l’un des multiplex d’UGC sait que le géant français ne boxe pas dans la même catégorie que Le Mélies. Aucune comparaison en effet entre ces usines à regarder des images standardisées, customisées pour le formatage de cervelles à vider et à servir sur un plateau à TF1 et Coca-Cola et la programmation riche, cohérente, intéressante, mondiale et multiculturelle de ce cinéma de quartier. Pour info, avant Montreuil, les cinémas municipaux d’Epinal et de Lyon ont connu la même mésaventure pour avoir osé proposer des films à tarifs moindres en zone urbaine.

UGC se plaint qu’on ne le laisse pas gagner d’argent tranquille en décidant de l’offre sans écouter la demande, en aplanissant (évidemment par le bas) les niveaux de la culture populaire. Pour cette seule raison, le cinéma subventionné devrait disparaître. Il faut concentrer le maximum de personnes dans un seul endroit, gigantesque, totalement déshumanisé, le plus souvent au milieu d’un centre commercial, là où tout n’est que lumière artificielle, là où tout s’achète. D’ailleurs, invoquer la concurrence déloyale est bien la preuve que les patrons d’UGC envisagent le cinéma comme un commerce, un art à marketer à coups de produits dérivés, de popcorn, de sodas, de bruit, de poudre aux yeux, de vide intersidéral. Un commerce qui n’a rien à voir avec la réflexion personnelle, l’intelligence.

Organiser des conférences, des rencontres avec des réalisateurs français, mais aussi thaïwanais, africains, avec qui le public peut dialoguer directement, ne leur viendrait même pas à l’idée. Mettre en place des séances de courts-métrages, de films d’animation pour les enfants ne les effleure pas. Exhumer des films de toutes les époques, une ou deux fois par mois, voire plus, dans le cadre d’un cycle ou juste pour le plaisir ne les a jamais atteint que je sache.

Ensuite, on peut toujours s’interroger sur le besoin du Mélies de s’agrandir. Est-ce que plus de salles signifie juste plus de rentabilité ou plus de rentabilité et donc plus de programmation audacieuse, plus de place à la découverte et à la culture ? Je ne peux pas parler en son nom. Je peux seulement affirmer une chose : la relocalisation du Mélies est un grand espoir pour ses spectateurs, celui d’être enfin bien assis…

Plus d’infos ici


in : Angelina's deliriant envy of cinema

mardi 11 septembre 2007

Le post qui ne sert à rien

Pour passer le temps, j’ai décidé d’inaugurer la série des petits posts qui ne servent rien qu’à me souvenir de mes films préférés quand j’étais petite. N’importe comment et dans le désordre…

J'inaugure la série avec La Tulipe Noire. Un film où Alain Delon joue un double rôle, lui, Guillaume et son jumeau, Julien. Le tour de force, c'est qu'on les distingue parfaitement et qu'ils ne sont absolument pas la même personne. Ce film est en quelque sorte la réponse du bellâtre des années 60 au bellâtre des années 50 qui avait fait Fanfan la tulipe. C’est un peu dans le même esprit : de l’humour, de la séduction, du romantisme, de l’action, de l’Histoire de France… mais en mieux ! Delon a une beauté plus moderne et plus animale que Gérard Philipe, et en plus, il est en couleur, lui.


Pour ne pas faire de jaloux, La Beauté du Diable, un film qui m’a terriblement marquée et où la beauté de Gérard Philipe trouve tout son sens. La composition de Michel Simon fait merveille et donne toute sa saveur au film, qui malheureusement, a mal vieilli.

Dans la même veine, Les Visiteurs du Soir, de Marcél Carné, et ce cœur qui bat, qui bat, qui bat. J’adore encore….

Un semi-western décapant, La Poursuite Impitoyable, avec le beau Brando et le beau Redford. On hésite à savoir qui a le beau rôle, qui est le héros. Moi j’étais indubitablement pour Redford. Après, j’ai mieux compris le film.

Les éclats de rire de mon enfance, Le Grand Blond avec une Chaussure Noire. Le décolleté plongeant sur la croupe de Mireille Darc, Carnet qui fait du vélo, les barbouzes qui meurent dans tous les coins, Jean Rochefort et Bernard Blier. On le revoit et on se bidonne toujours.

Dans la même veine, Un Eléphant ça Trompe Enormément, et la suite qui est à la hauteur du premier Nous Irons tous au Paradis. Hilarant, le duo de Guy Bedos avec sa mère juive Marthe Villalonga, le type qui bousille la bagnole de Jean Rochefort (Monsieur Benjamin Castaldi père), la fille en rouge qui se prend pour Marilyn, le quiproquo téléphonique avec la secrétaire de Rochefort, la femme de Bilou qui se barre avec meubles et enfants, Rochefort en robe de chambre sur le bord du 12è étage, l’achat d’une maison à proximité d’un aéroport, etc, etc…. Une pure réjouissance.

Je l’ai vu quand il est sorti et j’avais bien rigolé. Le dernier film de Jean Gabin, je crois.

Tous les films de Louis de Funès et en particulier Rabbi Jacob et la plongée dans le chewing-gum, mémorable.
« - La révolution est comme une bicyclette, lorsqu’elle n’avance plus, elle tombe!
- Eddy Mercks !
- Non, Che Guevarra ! »
Mais aussi, La Folie des Grandeurs (j’ai mis longtemps à comprendre que c’était une parodie de Ruy Blas de Victor Hugo, et je suis persuadée qu’il y a des gens qui ne le savent toujours pas), Le Corniaud avec Bourvil, La Grande Vadrouille, La Zizanie…

Un film que j’ai vu petite et qui m’a marquée par sa morale cruelle, Une Place au Soleil avec Elisabeth Taylor et Montgomery Clift. J’adorais les films américains.

Tous les films de La Planète des Singes. Il y en avait où c’était les singes qui avaient asservi les hommes et d’autres où c’était les hommes qui asservissaient les singes, je ne me souviens plus très bien. Mais le premier, c’est celui-là et c’est le meilleur, avec Charlton Heston et la découverte de la Statue de la Liberté ensablée.

Là aussi, je pourrais dire, tous les films de Fernandel, mais La Vache et le Prisonnier est un pur moment de tendresse et de poésie. J’étais malheureuse qu’il abandonne Marguerite et tout ça pour se tromper de train et retourner en Allemagne. Bouh…

Quand j’étais petite, le mythe James Dean me passait au-dessus. Par contre, j’adorais Natalie Wood dans ce film et la scène de la course aux poules mouillées. Très forte, cette scène.

« - Bizarre, bizarre !
- Vous avez dit bizarre ?
- Moi, j’ai dit bizarre ? Tiens, comme c’est bizarre »
No comment !

J’adorais Katharine Hepburn quand j’étais petite, son petit air pincé. Plus tard, ado, c’est d’Audrey Hepburn dont j’ai été fan. African Queen, et surtout la scène de la photo. Quand ils sortaient de l’eau, ils étaient couverts de sangsues, beurk…

S’il ne devait y en avoir qu’un, ce serait peut-être celui-là. Tout m’a touchée dans ce film, l’histoire, l’esthétique… Une merveille.

La suite dans un prochain post.


in :Les petits posts qui ne servent à rien

mardi 4 septembre 2007

"La Maison" de Manuel Poirier



Il est divorcé, il ramène ses trois enfants chez leur mère à la fin du week-end mais ne veut pas monter. Il rentre se terrer dans son appartement nu, une photo, quelques jouets, un dessin, pour écouter Lhasa, la chanteuse de l’exil.

Un jour, avec un ami, il découvre une maison saisie qui va être vendue aux enchères. Ils entrent. Il trouve la lettre d’une petite Cloé à son papa, une lettre que sa petite fille aurait pu lui écrire… et l’histoire commence.

Des personnages qui se reflètent et s’attirent parce qu’ils se répondent si bien. Lui, déraciné, accroché à son verre de whisky, souvent en partance dans des déambulations nocturnes et sexuelles. Elle, embourbée dans ses souvenirs, agrippée à l’enfance qu’ « on lui a volée ». Cela aurait pu être le récit d’une histoire d’amour ratée. Ce ne sont que deux existences qui se croisent, s’interpellent et se répondent.

Il n’en reste pas moins de très belles scènes de rencontres dans des cafés, des restaurants, autant de lieux du transit, du provisoire, de l’anonymat. D’ailleurs les deux personnages féminins y deviennent interchangeables. Quelques scènes dans la maison y répondent, elle imposante, solide, concrète.

C’est définitivement d’un film sur le passage dont il s’agit : passage de l’enfance à l’âge adulte, passage du statut de fille au statut de mère.

Voici quelques réflexions à la va-vite presque une semaine après avoir vu le film. J’en suis ressortie épuisée.

Cependant, en lisant plusieurs critiques et divers commentaires sur le net, je m’aperçois que personne n’a vu le même film. C’est une des grandes forces de ce réalisateur, Manuel Poirier, que de pouvoir s’adresser intimement à chacun, de composer sur le fil du rasoir, de jouer avec les émotions comme avec un miroir qui se trouble légèrement, mais à peine, surtout pas trop, pour laisser de la place à tout le monde. C’est aussi grâce à ses interprètes qu’il peut réussir cela : Sergi Lopez, son acteur fétiche, qu’il commence à connaître maintenant sur le bout des doigts et avec lequel il joue comme on jouerait d’un instrument, pour lequel il compose. Bérénice Béjo, fragile, déterminée. Barbara Schultz, forte, déterminée. Trois magnifiques personnages et trois magnifiques acteurs.

Moi j’aime être déphasée.

Prochain objectif, le dernier Woody Allen…


in : Angelina's mesmerizing envy of cinema