jeudi 15 juillet 2010

Angelina's summer diary (2)

Le déluge.

Mais en attendant les trombes d'eau qui se sont écrasées contre mes fenêtres, la pluie qui a fait des claquettes sur le bitume, les gouttes qui ont complaisamment tambouriné toute la journée, en attendant tout cela il a fait chaud.


C'est moite, transpirante, rouge et soufflant comme une libellule asthmatique que je suis arrivée à mon rendez-vous vendredi. J'allais retrouver une copine pour boire un verre, mais elle a envoyé la déesse de l'amour.

Accostée sur le trottoir, l'oeil plissé par le soupçon, la moue incrédule et la cigarette coincée entre deux doigts, elle m'a considérée l'air inquisiteur : « C'est toi Angelina ? »

La déesse de l'amour a une bonne descente de Perrier rondelle, des boucles noires, des sourcils noirs et une bouche rose. Pour ma part, j'ai noyé mon chagrin dans la bière en visionnant des cascades de Vittel, des rivières d'Evian, des torrents de Volvic et des volcans de lave balayant ces images naïves.

Evidemment, je lui ai fait part de mes doléances pour ce qui regarde sa spécialisation et la déesse m'a promis d'étudier mon cas. Le lendemain, pour me venger, j'ai fait manger des brocolis à mon amoureux. Au cas où elle m'oublierait, il faut bien prendre les choses en main.

Ce week-end à Saint-Denis, les Alternatifs ont reformé les rangs et investi l'amphi de la Bourse du Travail pour leur université d'été. Le thème en était "Racisme, discriminations, exclusions, héritage colonial : quartiers populaires et « classes dangereuses » dans le collimateur". Personnellement n'étant alternative que par intermittence, je n'ai assisté qu'à la soirée musicale du 10 juillet réunissant la Compagnie Jolie Môme et ZEP sur la même affiche.

Egale à elle-même, la Compagnie Jolie Môme a chanté dans le soleil couchant et fait tournoyer un drapeau rouge démultiplié par les reflets des parois de verre du bâtiment. Des chansons pour rire, pour réfléchir, pour lever le poing, Adieu le 12, Mac Do Mac Strike, Ya Basta, Debout les femmes et l'indéfectible Sans la nommer qui clôt chaque représentation dans l'émotion et qui s'est achevée dans un tonnerre d'applaudissements à l'évocation de Gaza et de la Palestine.

C'est au son des youyous dyonisiens que ZEP a embrayé. Malheureusement, étant occupée à militer avec des ressortissants de l'Oise, j'ai raté le début. Mais comme j'avais déjà assisté au concert au début de la tournée, déjà à Saint-Denis, à la Belle Etoile, j'ai pu apprécier combien Saïdou, Alee et leurs comparses se sont installés dans leurs rôles respectifs. Après plusieurs dates sur les routes de France, plus détendus, ils avaient l'air sincèrement heureux de jouer, de partager avec un public amoureux et acquis à leur cause.

Deux membres du groupe de rap palestinien Gaza Team étaient présents. Membres à part entière de ZEP, puisqu'ils ont participé à l'album, ils sont venus interpréter Inscris : Je Suis Arabe, le poème de Mahmoud Darwich qui figure sur Nique La France. Le texte, récité alternativement en français par Saïdou et en arabe par Gaza Team, claque dans le silence. Les mots résonnent, graves, sombres, posés. Les mots touchent plus sûrement que les pierres lorsqu'ils sont entendus, car ils sont repris et répétés, traduits et voyagent sans que personne ne puisse les arrêter. Ce soir, nous avons tous écouté.

Gaza Team est revenu faire un jam sur Heureusement Qu'il y a La Famille avant que le concert ne s'achève sur un Nique La France (N.L.F) plus hilare que rageur.

Quelques jours plus tard, on apprenait que le projet de loi sur l'interdiction du port du voile intégral dans les lieux publics avait été adopté par l'Assemblée Nationale. C'est peut-être l'effet du vertige, mais j'ai l'impression que ces mois et ces mois de débat sur l'identité nationale trouvent enfin leur aboutissement, leur justification dans cet acte politique. Un vote intervenant symboliquement (?) à la veille de la fête nationale qui, comme nous le savons, cette année a redoré le blason des grands dictateurs de la Françafique. Une successions de phénomènes et de symboles qui semble n'offrir qu'une seule lecture possible : aujourd'hui la société est confisquée à ses citoyens.








in: my life

5 commentaires:

Elodie a dit…

tu me la présente la Déesse de l'Amour Angélina?...

Elodie a dit…

puiqu'elle me ressemble et qu'elle boit du Perrier comme moi!

Angelina a dit…

Quand tu veux, on prend rv !

Cédric :) a dit…

Moi, j'adore les brocolis !!
Kiss my Angel night.

Angelina a dit…

Cela fait longtemps que cela se sait, que tu es l'amoureux parfait Cédric !