mardi 27 novembre 2007

La démocratie selon Poutine

Samedi 24 novembre, une manifestation de la coalition de l'opposition a été sévèrement réprimée à Moscou. Selon le journal de 20 heures de TF1 de ce même jour, une marche s'est improvisée en direction du siège des élections malgré l'interdiction de défiler, suite à un meeting. Les OMON (sorte de police anti-émeute russe) se sont rués sur les manifestants et ont arrêté le champion d'échecs Garry Kasparov. La scène, d'une grande brutalité, a été filmée et est certainement passée sur les chaînes de télévision du monde entier.

Comment comprendre ce qui se passe aujourd'hui en Russie ? Quel est ce flou artistique, ce prisme politique condescendant et craintif à la fois qui nous empêchent d'avoir une réelle réflexion sur la situation ?

Poutine, ce loup fin tacticien, élevé aux mamelles de la répression et de l'emprisonnement arbitraire, applique froidement les méthodes enseignées au KGB au sein duquel il a fait carrière. Arrestations, interdictions, suppression de la liberté d'expression, dangereuse émergence d'un parti unique, Russie Unie et de ses jeunesses militantes, les Nachi, qui deviennent de plus en plus la case obligatoire pour recevoir une aide sociale, trouver un travail...

Sous des dehors de démocrate, Vladimir Poutine affirme dès le début de son deuxième mandat qu'il ne modifiera pas la Constitution russe afin de conserver son fauteuil de Président. Quelques mois avant la fin de ce deuxième mandat, il abat ses cartes et se projette Premier Ministre. Beau respect de la démocratie, en effet : je fais comme j'ai dit mais je dis pas ce que je fais... Les démocrates du monde entier ont salué le tour de passe-passe, je n'ai entendu aucune voix indignée s'élever pour dénoncer la mascarade, n'ai lu aucun article courroucé devant ce pied-de-nez constitutionnel ou alors je n'ai ni assez écouté ni assez lu. (Ma foi, c'est fort possible et je m'engage à rectifier ce passage si d'aventure je tombais sur n'importe laquelle de ces paroles).

Pendant ce temps, que fait le monde ? A part se taire ? Et compter les millions de dollars couchés sur des papiers que l'ont signe en petit comité ?

Garry Kasparov purge actuellement une peine de prison de 5 jours. En vérité, c'est bien la seule alternative qu'il reste à l'opposition aujourd'hui en Russie : interpeller ce qu'il reste de vivant, de vibrant, de courage, de capacité à s'indigner. L'image du champions d'échecs molesté et fermement maintenu par plusieurs policiers n'est rien d'autre qu'un appel... aux consciences, à l'Occident. Difficile de ne pas saluer le courage de cet homme qui n'a pas grand chose à gagner en s'engageant dans le combat de David contre Goliath. Lui qui aurait pu savourer une retraite dorée sur les bords de la Mer Noire, à Monaco ou ailleurs.

D'aucuns s'inquiètent de comprendre pourquoi les forces de l'ordre ont si violemment réprimé les manifestations de l'opposition ce week-end, alors même que l'opposition n'a aucune chance lors des prochaines élections législatives de décembre face au parti de Poutine. Pour information, un autre rassemblement s'est également soldé par l'envoi des forces de l'ordre et des arrestations massives, dimanche 25 novembre à Saint-Pétersbourg.

Manipulateur, l'actuel Président russe criminalise et finalement discrédite l'opposition aux yeux de l'opinion. Au cas où, juste au cas où cela tournerait à la Révolution Orange à laquelle on a assisté en Ukraine. Ne les a-t-il pas comparés à "des chacals devant les ambassades étrangères" (site du Monde). Par ailleurs, il n'a cure de l'image qu'il peut renvoyer à l'Occident, puisque l'Occident ne prend aucune mesure, aucune sanction contre ces agissements.

Le Président Bush s'est récemment inquiété des événements de ce week-end, loué soit-il mais merci et à la prochaine, j'ai l'impression que cela n'empêchera pas Vova d'avaler son thé sans s'étrangler. Tout au plus déteste-t-il se faire pincer la joue et aime-t-il à le rappeler à l'occasion.

* Photo Reuters

jeudi 22 novembre 2007

Hommage et tristesse

Il s'en va alors qu'il fait grand soleil sur Paris.

Maurice Béjart, c'est cet entêtant Boléro de Ravel dansé par Jorge Donn, Les Uns et les Autres de Claude Lelouch.

Moitié-homme, moitié animal, instinctif, terriblement intelligent et terriblement humain. Son amour des hommes et des corps l'a jeté dans la danse qu'il a pratiqué avec passion, avec rage, avec force, conviction et détermination. Presque militantisme.

Il était beau.


newchatter

mercredi 21 novembre 2007

Le Petit-Suisse au Nutella


Pour donner l'eau à la bouche à mes lecteurs avertis, voici une première recette à ma façon -un secret de famille devrais-je dire- inventée un soir de froid et pluie, le long de la longue lignée de mes ancêtres.

Par ailleurs, elle est très simple à réaliser, peu onéreuse et elle a l'avantage de régaler grands et petits.

Préparation : 1 mn

Pour 1 personne

- 1 petit suisse
- 1 cuillère à café généreusement remplie de Nutella


Mettre le petit suisse dans un joli bol, déposer délicatement le Nutella au-dessus avec la cuillère à café. Exécuter un délicat mouvement circulaire en soulevant le petit suisse avec la cuillère pleine de Nutella. Petit suisse et Nutella se mélangent harmonieusement, régalent les yeux et les narines.

Dès que vous jugez que le mélange donne un résultat esthétique satisfaisant, savourez.

mardi 13 novembre 2007

Le jeu de Léo


La semaine dernière, j’ai rattrappé mon retard en regardant Les Infiltrés de Martin Scorsese, un merveilleux film sorti l’année dernière sans beaucoup de tapage médiatique. Pourtant ce n’était pas faute d’un casting prestigieux où pléthore de stars hollywoodiennes se bousculaient pour manger la grosse part du gâteau. Un Jack Nicholson, déjanté comme il faut, Leonardo DiCaprio en personne, mais aussi Matt Damon, dans le rôle du méchant, Mark Wahlberg dans un rôle complètement décalé et c’est une réussite, Martin Sheen. Mais à polar solide et sans flon-flon, critique respectueuse et sans plus. Pas si dommage que ça d’ailleurs. Il se pourrait bien qu’à la longue, Les Infiltrés devienne dans la filmographie de Scorsese ce que L’Ultime Razzia est devenue pour Stanley Kubrick, l’affirmation éclatante d’une maîtrise aboutie de l’art cinématographique. Un exercice de style auquel ils se sont pliés avec exigence et humilité.

Pour en revenir au sujet qui m’occupe, Leonardo trouve, avec Les Infiltrés, peut-être son premier rôle de la maturité. Certes, il s’agit d’un jeune homme livré à lui-même dans un monde de brutes, certes il est le gentil, l’orphelin, le héros, celui qui possède la moralité la moins douteuse. Mais dans ce film, il a l’occasion d’accepter d’être en roue libre, sous la férule d’un Scorsese inspiré. Etant l’un des infiltrés en question, un « rat » comme on l’appelle dans le film, ses face-à-face avec Jack Nicholson donnent matière à des scènes âpres. Léo joue les schizophrènes sur le fil du rasoir, devant mentir à son entourage, se mentir à lui-même, vivre une aventure amoureuse dans le mensonge. Tout cela sans omettre de jouer la souffrance. Un rôle qui fait écho au rôle joué par Matt Damon.

Moins beau que James Dean, moins charismatique que River Phoenix, moins sexué que Marlon Brando, avec sa petite gueule d’angelot, Léo est devenu en un film, Titanic, une star internationale. Cela aurait pu s’arrêter là. Il aurait pu continuer dans ce registre pendant longtemps encore, ses traits poupins le lui permettaient. Mais Léo en a voulu plus. En plus d’être une star, il a voulu devenir un acteur. La meilleure chose qui ait pu lui arriver, à mon sens, est d’avoir croisé la route de Martin Scorsese et de devenir sa nouvelle égérie. Ceux qui pensent que Leonardo DiCaprio occupe à présent la place qu’occupait De Niro pour Scorsese se trompent. Scorsese n’a jamais été le pygmalion de De Niro et je doute que des films comme Taxi Driver ou Raging Bull auraient jamais vu le jour si ces deux-là ne s’étaient pas rencontrés.

Tout cela pour dire que ça fait plaisir de voir Léo grandir. Même si j’ai trouvé qu’il avait un peu trop tendance à plisser des yeux pour appuyer ses effets. Il n’avait pas besoin de ça. Pour moi, il est vraiment en train de devenir ce qu’il rêve d’être, un acteur, et un p…..n de bon acteur pour être polie.

Plus d’infos sur le film avec Allo Ciné

lundi 12 novembre 2007

Après-midi à la maison

Quand il pleut et qu'on est tranquille à la maison, rien de mieux qu'un peu de cuisine pour passer une chouette après-midi...


Les gâteaux de Zitouna au chocolat.

mercredi 7 novembre 2007

Silence...

The world is crying out loud


Police anti-émeute, Rangoun, 27 septembre 2007 (Photo Reuters)


Aujourd’hui en Birmanie, on enlève des gens, on emprisonne sans aucune forme de jugement et tout cela dans la relative indifférence d’un monde qui détourne le regard.

Suite à la marée de safran qui s’était répandue dans les rues des principales villes birmanes de la fin août à la fin septembre, la douce et pacifique révolte des moines bouddhistes qui affirmaient marcher pour le peuple, les feux de l’actualité s’étaient soudain braqués sur ce bout de dictature oublié. Les médias se sont remis à parler de la Birmanie, de la junte militaire qui avait confisqué le pouvoir à une présidente élue, le prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kiy et il y avait comme un air de tous les possibles. Tout à coup, des hommes brimés depuis des décennies se sont levés et ont dit « Stop ! Nous ne pouvons pas endurer davantage ». Tout à coup, des hommes se sont levés pour d’autres hommes, pour leurs concitoyens, pour leurs frères.

Nous suivions avec le plus vif intérêt, de jour en jour, les évolutions des manifestations qui grossissaient de moines, de simples citoyens, toujours plus nombreux, d’étudiants, et ce, malgré une constante censure de l’information par les autorités birmanes. Nous étions dans l’expectative et le débat pour savoir si les militaires allaient réagir. Les avis étaient partagés, certains affirmaient que les soldats n’oseraient pas s’attaquer aux moines, et nous avons voulu les croire.

Puis, un journaliste est mort, pratiquement en direct, les manifestations ont été dispersées à coup de balles en caoutchouc ou de balles réelles. Le temps de quelques photos encore et puis… Silence. On opprime. Moines déportés, battus, emprisonnés, assassinés, population terrorisée.

Que reste-t-il aujourd’hui de ce formidable épisode humain ? La Birmanie a disparu de la première page des journaux, des éditos et des actualités télévisées, les manifs de soutien en France et à l’étranger, si elles existent, ne sont pas relayées dans les médias. Les gouvernements considèrent chacun qu’ils ont fait ce qu’ils avaient à faire en condamnant la répression des autorités birmanes et qu’aller plus loin relève de l’ingérance. Quid des pressions sur la Chine, important partenaire de la Birmanie ?

Le dernier espoir est incarné par Ibrahim Gambari, émissaire des Nations Unies, actuellement en Birmanie. Selon l'agence Associated Press, relayée par La Tribune, il doit rencontrer Aung San Suu Kiy jeudi 8 novembre 2007, malgré sa mise au secret en résidence surveillée.

Silence… La Birmanie continue comme elle a toujours fait depuis des décennies. Et le monde continue de se taire.

Qu’en est-il de la Birmanie dans les feux de l’actualité ? Qui nous parle encore de la Tchétchénie dont la population a méthodiquement été massacrée ou déplacée par les autorités russes ? Il n’y a que le Darfour qui revient à la une des journaux grâce à la rocambolesque aventure de l’Arche de Zoé, mais est-ce vraiment du Darfour dont il s’agit ?


A quoi sert-il d’allumer la radio aujourd’hui ou d’acheter un journal, tout n’est que course à la peoplisation, au scoop graveleux. Nous devons aller chercher les informations nous-mêmes.

Dernières infos :

Libération

Amnesty International France

jeudi 1 novembre 2007

Fleurs

Maison fleurie, maison qui sourit.