Même avant d'avoir quitté ses vertes années, ce couple n'a probablement jamais senti sur lui la fraîcheur amoureuse. Elle lui lance des regards mauvais, appuyés, et franchement réprobateurs. Même sa robe en mauvais viscose, orange et mauve, semble plus douce qu'elle ; sur ses joues, l'alcool et le tabac, ont depuis longtemps laissé des méplats cuivrés. Quand elle adresse à son mari un mot ou un regard, celui-ci prend la mine contrite d'un enfant pris en faute par sa mère. Et acquiesçant à ce qu'elle dit par des grognements dociles, il presse deux doigts douteux sur son nez aux narines devenues naseaux, et dont les points noirs bleutés semblent dater du Front Populaire. Très vite, on sent que le désaccord a toujours résonné entre eux, rien d'autre ne les lie. A intervalles réguliers, la femme se gratte vigoureusement le cuir chevelu et évalue ensuite, un brin satisfaite, le sébum amassé sous ses ongles. Plus sonore, son mari émet les sons de qui ignore l'existence du mouchoir, comme un reniflement auquel la gorge participe. Soudain, la femme saisit son casse-croûte, et tend l'autre à son mari, en une injonction sévère du geste et du regard, comme s'il devait avoir faim en même temps qu'elle.
jeudi 30 avril 2009
Compartiment de chemin de fer from Aude
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1 commentaire:
J'adore cet intanstané, ce portrait au vitriol d'une fatale réalité.
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