mardi 16 mars 2010

Salah Hamouri : le silence est sa deuxième prison




Samedi 13 mars 2010, un rassemblement silencieux a eu lieu Place de l'Hôtel de Ville à Paris, à l'appel du Comité de soutien parisien à Salah Hamouri, jeune franco-palestinien emprisonné depuis cinq ans en Israël, pour des faits qu'il n'a pas commis, dans l'indifférence la plus totale de la part des autorités françaises. Jean-Claude Lefort, député honoraire du Val-de-Marne, était présent. Voici la retranscription de son discours, sans papier, sans notes, à l'adresse des personnes présentes.




Je suis coordinateur du comité national de soutien à Salah Hamouri, constitué depuis deux ans. Le comité de parrainage pour la libération de Salah comporte quelque chose d'assez exceptionnel puisque de la droite jusqu'à l'extrême gauche, l'ensemble des forces politiques françaises y sont représentées d'une façon ou d'une autre.


J'ai eu la maman de Salah ce matin. Evidement vous imaginez bien combien la situation est difficile. Cela fait cinq ans jour pour jour que Salah est en prison. Il commence aujourd'hui sa sixième année de prison, lui qui a été condamné à sept ans au terme, non pas d'un plaider coupable, mais comme on dit là-bas, d'un "arrangement" : c'était ou sept ans ou quatorze ans, pour des faits improuvés et improuvables puisqu'ils n'ont pas eu lieu. Simplement, comme le dit le tribunal militaire, "parce qu'il aurait eu l'intention de". C'est donc uniquement sur des intentions supposées de Salah Hamouri que celui-ci est en prison.

Salah vit à Jérusalem-Est. Autrement dit, comme Jérusalem est occupé, tous les Palestiniens qui vivent à Jérusalem-Est n'ont pas de nationalité. Ils ne sont ni Palestiniens ni Israéliens. En l'espèce, Salah est de naissance franco-palestinien mais en droit, il n'est que français du fait de l'occupation israélienne, voulu par elle, et de manière durable et incompressible. Donc nous avons des responsabilités supplémentaires du fait qu'il ne soit QUE français. Et c'est incroyable que Que français, il soit aujourd'hui dans le monde le seul prisonnier politique, clairement politique depuis cinq ans, pour lequel les autorités françaises ne font rien, strictement rien. Comme le dit Rony Brauman dans L'Humanité de ce matin, il a un défaut. C'est que dans "franco-palestinien", il y a un mot de trop. C'est "palestinien". Voilà pourquoi Salah est en prison. Parce qu'il est PALESTINIEN. Et parce qu'il refuse, c'est vrai, l'occupation. Et ce n'est pas un délit. C'est un honneur.

Ce n'est pas ici, devant cet endroit qui a reçu le Général de Gaulle à la Libération parlant de "Paris libéré..."etc... qu'on va nous faire le coup de dire qu'un tribunal militaire peut avoir la moindre légitimité que ce soit. C'est en effet un tribunal militaire qui avait condamné le Général de Gaulle en 1940. En 1940, parce qu'il avait choisi la Résistance, de Gaulle a été condamné par un tribunal de collabos à la peine de mort par contumace et à la déchéance de sa nationalité française. Et cet homme, qui est venu ici parler de Paris martyrisé, cet homme-là est devenu un héros comme des milliers d'autres, des héros. Salah ne demande pas le statut de héros. Salah est l'expression de tout un peuple sous l'occupation. Salah est l'expression ultime de l'injustice que vit ce peuple. Il est l'expression que si on ne veut pas résoudre ce problème, on ira vers des difficultés de plus en plus grandes dans cette région du monde qui nous toucheront directement. Aider Salah c'est bien sûr l'aider parce que, à la différence des animaux, nous sommes des êtres humains et donc des êtres sociaux, et donc des êtres capables de solidarité. Nous pensons à lui comme ça. Mais aider Salah, c'est aussi nous aider nous-mêmes.


J'irai au mois d'avril rencontrer Salah, j'ai l'autorisation. Aujourd'hui en France dans différents endroits, des initiatives petites ou grandes ont lieu et ça continuera. Il faut savoir que nous avons édité une carte T qui a été publiée dans trois journaux. Aujourd'hui en France, ce ne sont pas moins de trois cent mille personnes, alors que c'est le mur du silence le plus total qui existe à propos de Salah Hamouri, un silence voulu qui constitue sa deuxième prison en vérité, et bien malgré cela trois cent mille personnes dans ce pays à coup d'internet, à coup de bonne volonté, à coup de coeur, à coup de passion, à coup de raison ont les capacités de s'exprimer en direction du Président de la République, avec une double exigence fondamentale, simple, conforme au droit et à la justice, lui qui avait dit qu'il irait au secours de tous les Français à travers le monde quoiqu'ils aient fait.

La double exigence est claire. Monsieur le Président de la République française, vous êtes une honte pour notre pays à ne pas recevoir la maman de Salah Hamouri comme vous avez reçu toutes les autres familles. Toutes les autres familles, vous les avez reçues et vous refusez expressément de la recevoir. Vous êtes une honte, Monsieur le Président, une honte pour la France. La France défigurée, c'est vous. Et la deuxième exigence que nous formulons est tout aussi claire. Il faut agir parce que c'est possible, parce que vous en avez les moyens. Agir au lieu de recevoir en grande pompe l'ensemble des dirigeants israéliens ici, au lieu d'inaugurer prochainement quelque stèle ou quelque promenade. Vous avez les moyens ici d'exiger une chose simple : Salah Hamouri à la maison, c'est-à-dire à Jérusalem, dans sa famille avec son papa Hassan, avec sa maman Denise, avec son frère et sa soeur.

Salah, on pense à toi. Je lui dirai dans un mois dans sa prison. Il faut que, comme le dit Le Chant des Partisans, nous brisions les barreaux des prisons qui enferment Salah. Ce qui sera important pour Salah, mais c'est aussi, en faisant sortir Salah de la prison, faire sortir la paix tout simplement dans cette région du monde de la prison. Car nous voulons la paix et ça suffit les prisonniers politiques.

Discours de Jean-Claude Lefort
13 mars 2010
Place de l'Hôtel de Ville
Paris



in : In the mood for anger

3 commentaires:

Larsen a dit…

merci angelina mais comment peut on le faire sortir.il est la le probleme.quand on voit un president qui bouge dans le vide qui est a la botte des americain est israelien.on doit rien au israelien'.depuis 1946 que sa dure.on leur a tout rendu. alors rendez la palestinne aux palestien ils ne sont plus chez eux. alors quils sont chez eux.

Angelina a dit…

Quand on dit "Il faut le faire sortir", c'est au président de la république que ça s'adresse.

Larsen a dit…

j avais tres bien compris .merci pour tous ce que tu fais.