dimanche 12 septembre 2010

Oranje

C'est avec un contentement non feint que je suis heureuse de réactiver dès ce soir ce rendez-vous libertin du dimanche soir, qui, indubitablement, fait grimper l'audience... aux rideaux.

Pour rester sur une tonalité d'été indien, je vous propose un doux moment de sensualité, de total érotisme et la plume d'un homme qui en a... dans l'encrier.

Merci Emmanuel.



Les Pays-Bas ont perdu la finale de la coupe du monde. N’y voyez qu’un hasard. Je l’ai rencontrée sur une plage de galets au bord de la rivière cévenole où j’ai l’habitude d’aller nager l’été. J’aime nager pour trouver la fraicheur de la montagne dans le courant du torrent qui traverse les grès et les schistes du piémont ardéchois.

Elle était pour ainsi dire dans le plus simple appareil avant de parler de nudité pure et simple. Une toute petite culotte de maillot de bain. Orange.

Elle était Hollandaise. Oui, je sais, en matière de cliché, on ne fait pas mieux. Elle était en famille. Avec ses quatre enfants et son homme. La lubricité de la quarantaine approchante aurait pu m’inciter à ne regarder que ses deux filles d’une quinzaine d’années aux traits juvéniles et effrontés dans des corps aux formes déjà suffisamment développées pour inciter l’esprit aux pensées impures. Mais les deux donzelles en maillot, bien que désirables, n’avait pas l’attrait érotique de leur mère, toutes occupées à leurs jeux que je ne peux qualifier autrement que d’enfants.

Leur mère était grande, aux long cheveux châtains attachés en queue de cheval. Elle avait de longues jambes, un joli cul et une taille cambrée qu’avait à peine altéré ses quatre grossesses. Je ne parle pas de son torse ni de ses petits seins pointus et dressés. Vous en seriez malades de jalousie.

Elle nageait tranquillement, veillant à sa progéniture avec la sérénité de celles et de ceux qui ont longtemps veillé… Elle a même pris le temps de saluer mon fils d’un « Halo » que son logiciel de langue naissant n’a pas su traduire ni de l’anglais ni de l’espagnol. D’où une moue dubitative qui l’a fait sourire d’un sourire éclatant et franchement tentant.

Tout aurait pu en rester là. A une rencontre de plage comme il s’en passe de millions d’autres chaque année sur les rives et rivages français. C’est d’ailleurs ce que je me suis dit en les saluant au passage lorsque nous sommes partis à la mi-journée pour profiter de la fraicheur du mas pour l’apéritif.

C’était sans compter sur le destin, ce fils damné du hasard.

C’est au marché du chef lieu de canton que nous nous sommes rencontrés de nouveau. J’avais accepté la mission de choisir pour toute la famille la pastèque la plus juteuse et les melons les plus fruités. Elle aussi. « Hi » me lança t-elle d’un anglais reconnaissable entre mille. « How are you? Pleased to meet you again! Are you living here? »

Je lui rendais son salut international et lui expliquais dans la langue de Paul Gascoigne (oui, aussi) que non, que je connaissais parfaitement ce petit coin de France assommé de soleil pour y avoir travaillé de longues années par le passé, que je l’aimais tout autant que la région de montagne où je vivais aujourd’hui et que le soleil était ces jours-ci sans pitié. Je finissais ma tirade timide par un poli et classique « Are you staying here for a long time? Where are you from in Holland? »

Elle me répondit avec le sourire de celles qui sentent dans les mots de l’homme toute la gêne de celui qui est déjà conquis. Elle venait de Rotterdam. Pour une semaine encore, dans une petite masure à la sortie de la ville. Dépaysement assuré.

C’est elle qui m’a provoqué. « Vous avez l’air de vous y connaitre en melon et pastèque… Vous pouvez m’aider ? » Fard assuré. « Euh, Well, I mean » . « OK, tell me » me dit-elle en prenant d’une main un melon généreux et en me le donnant. Je le prenais à mon tour. Je le soupesais, le tapotais pour mesurer sa résonance, je le sentais à la naissance de sa queue. J’en prenais rapidement un autre qui me semblait plus mûr pour être mangé dès aujourd’hui. Je lui proposais de faire de même pour le « watermelon« . Elle choisit finalement deux belle pièces de 5 ou 6 bon kilos chacune… Pour me remercier, elle me proposa de boire un café avec elle. Nous parlâmes de nos enfants respectifs, de ces quatre adorables blondinets qu’elle avait eu bien jeune à son goût, au détriment de sa carrière et de sa liberté de jeune femme dans une Hollande libérale où tout semble pourtant possible, de cette défaite prévisible mais désespérante des Hollandais la veille de notre première rencontre, du plaisir de profiter de cette France méditerranéenne où elle rêverait de s’installer. Il est parfois des rencontres où l’on sait dès le premier regard que rien ne pourra arrêter l’élan ainsi pris. Ni la morale, ni les promesses de fidélité, ni même les contingences matérielles. Je buvais l’air de rien ses paroles prononcées avec ce petit accent chuintant si sensuel et caractéristique des Néerlandais, et pour tout dire si familier tant les Hollandaises ont joué un rôle important dans mon éducation sexuelle.

Elle était venue à pied et ne se sentait pas de toute façon de transporter ses lourdes pastèques jusqu’à sa demeure estivale par une telle chaleur. Je me devais de lui proposer de la ramener.

nodding summer stems, originally uploaded by d.composed.


A peine installés dans ma Volkswagen, elle m’a proposé d’aller nager. « Do you want to swim for a little time with me? I feel so hot and moist » . « OK », lui ai-je répondu. Je n’avais de toute façon aucune intention de refuser tant j’avais chaud, alors qu’il était à peine dix heures du matin. A peine arrivés à la rivière, nous nous sommes jetés à l’eau. Pudique malgré tout, elle avait gardé son haut de maillot orange. Elle nageait divinement bien, mais je n’eus aucune peine à la rattraper au milieu de la rivière là où le courant est plus frais… Je l’ai chamaillé en l’attrapant par la cheville, faisant mine de la faire couler, puéril jeu d’adolescent mais si efficace. Elle a hurlé en riant, s’est débattue et libérée pour mieux me frapper les épaules en me criant dans les oreilles que je lui avais fait peur, qu’elle ne me connaissait pas, que j’étais peut-être l’un de ces psychopathes… Je l’ai fait taire en l’empoignant par la taille dans l’eau fraiche, en l’embrassant dans le cou pour me faire pardonner. Ces yeux se sont illuminés. Elle m’a rendu mon baiser sans hésiter une seconde à fourrer sa langue rafraichie dans ma bouche. Excités. Nous avons nagé encore un peu, comme des fous, jusqu’à l’épuisement, nous nous sommes frôlés encore, hanche contre hanche en faisant la planche, jambes enlacées en faisant du surplace. Jusqu’à ce que son désir, où le mien, ne puisse plus nous retenir. Nous nous sommes échoués enlacés contre un rocher de schiste poli encore un peu à l’ombre et à l’abri des regards. A quarante ans on peut finalement s’interroger sur ce qu’est vraiment l’amour, car le temps des certitudes imbéciles est passé. Ce que nous avons vécu finalement à ce moment précis sur la terre par 35°C y ressemblait fichtrement. Son corps était doux et frais, les aréoles et les tétons de ses seins étaient froid et durs comme des fruits sortis du réfrigérateur et je les mordais rageusement, désespérément, comme si ma vie en dépendait, mais tout le reste de son corps était chaud comme la braise, aidé en cela par la chaleur. Je me fis un plaisir de défaire la ficelle de son maillot orange pour le laisser aller au fil de l’eau, pour mieux goûter au suc de son ventre adossé à la roche et mieux glisser hors de l’eau pour l’embrasser encore tout en laissant mon sexe glisser entre ses cuisses pour qu’elle puisse le guider dans sa chatte ouverte et humide. Vous ne pouvez qu’imaginer le reste sous le soleil de la Cévenne. Je savais dès cet instant précis que je n’oublierai jamais ce mois de juillet 2010 où la Hollande perdit la finale de la coupe du monde de football.



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in: The closer I get

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