samedi 6 novembre 2010

Femmes, toujours debout


Aujourd'hui plus que jamais, nous sommes bien obligés de constater que les luttes ne sont jamais tout à fait finies, que les combats continuent, que si l'on baisse les bras, les acquis se fragilisent, s'effritent. Comme le disait une ancienne combattante à un collègue à moi : « Je ne suis pas une ancienne combattante. Je suis une combattante. »



Manifestation unitaire du 14 novembre 2009 pour le maintien du centre IVG de Tenon.
Banderolle de tête. Militante chantant des slogans dans un micro devant le cortège.



Aujourd'hui 6 novembre, les femmes marchent comme elles marchaient dans les années 70 avant que la loi Veil ne soit votée et que l'avortement soit enfin légalisé en France.

Aujourd'hui, ce n'est plus la morale, la religion qui entravent les femmes dans l'accès à l'avortement. C'est la rentabilité. C'est la logique de la crise qui pousse toujours la logique de la réduction des effectifs un peu plus loin. Faut-il moins de personnel dans les hôpitaux ? Commençons par fermer les centres d'interruption de grossesse volontaire et inventons la pilule du surlendemain pour mettre tout le monde d'accord. Je schématise grossièrement, car ce ne sont pas que les centres IVG qui sont la cible de la rigueur.

Il n'empêche que, une société qui recule sur ses services publics, en bafouant d'abord le droit des femmes, est une société qui régresse.

Parmi les femmes qui défileront aujourd'hui derrière leur banderole, Roselyne Rollier. Une héritière du féminisme de la première heure. Cette militante est actuellement à la tête de l'association la Maison des Femmes à Montreuil qui s'est mobilisée pour l'action du 6 novembre. 

Voici ce qu'elle dit de la situation actuelle :


« Les centres IVG disparaissent insidieusement, sous couvert de restructuration, parce qu'on n'a pas une seule phrase d'un seul ministre qui dise « Il ne faut pas d'IVG ». Ce n'est jamais dit nulle part, de peur de réveiller de vieilles luttes. Là c'est juste "On réorganise". « Le vieux docteur qui faisait les IVG part à la retraite, y a plus personne qui veut le remplacer. » Mais il y a aussi que ce n'est pas prévu dans la formation, que ce n'est pas payé, que ce n'est pas rentable pour les médecins de faire ça et en plus c'est toujours dans le fond du sous-sol ou au bout du couloir. Ce n'est pas un lieu prestigieux de l'hôpital. Tout cela compte.

Depuis un an et demi environ, un certain nombre d'hôpitaux luttent pour le maintien de leur centre d'IVG qui disparaissent les uns après les autres. L'hôpital Tenon à Paris dans le XXème arrondissement... entre autres. C'est également le cas dans les provinces, où souvent, c'est l'hôpital entier qui ferme. Les gens sont renvoyés 50 km plus loin. Mais le fait de regrouper tout le monde augmente les délais d'attente et les femmes se retrouvent à dépasser les douze semaines limites pour avorter.

Le 6 novembre, la manif sera nationale. A Paris, elle partira de Place d'Italie à 14h00 pour  rejoindre la manif des retraites à Bastille et terminer tous ensemble à Nation. Car nous avons aussi fait toutes les manifs sur les retraites. Les femmes sont aussi visées par cette réforme. On sait bien que la plupart des retraités sont des femmes. Car 80 % des personnes âgées de 80 ans et plus sont des femmes.Donc ça n'intéresse pas le gouvernement. »




in: In the mood for anger

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