lundi 31 mai 2010

Diamant noir


Encore un vrai gloomy Monday, un lundi de chagrin où la vie s'arrête pour les gens comme vous et moi, le temps de soupirer, le temps d'être un peu triste, le temps d'avoir l'impression de perdre un peu de soi-même lorsque quelqu'un de célèbre meurt, quelqu'un qui vous a accompagné un petit bout de chemin. La nouvelle du week-end, c'est que Dennis Hopper a cassé sa pipe et qu'il s'est cassé au paradis ou en enfer, je l'imagine, avec son rire sardonique.

Je ne vais pas m'étendre sur le degré d'intimité que je partageais avec cette figure underground, lumineuse, déjantée, tutélaire, ambivalente, polyvalente, controversante du cinéma américain, ni ce qu'il représentait dans ma vie. D'ailleurs, je ne me souviens plus dans quel film ni à quel âge je l'ai vu la première fois. Tous simplement, Dennis Hopper est de ces acteurs dont il suffit qu'ils apparaissent au générique d'un film, peu importe lequel, pour que j'ai envie de le voir, avec Christopher Walken, Robert Duvall, Sean Penn, Harvey Keitel, John Savage, Tim Roth, mes icônes personnelles.

Je vois en Dennis Hopper un diamant noir. Beau, diaphane, presque transparent, inexistant à ses débuts, sa fascination pour James Dean me fascine. Pour moi, elle ne relève pas seulement de la simple admiration pour un acteur doué, elle ne relève pas seulement d'une certaine forme de gémellité. J'ai également l'impression que Dennis Hopper avait trouvé la fêlure intime, les reflets que le miroir de Dean lui renvoyait en éclats brisés. Et j'ai l'intime conviction, que lorsque James Dean est mort, Hopper s'est senti investi de cette fêlure et qu'elle l'a habité sans jamais réussir à le tuer.

Je n'ai pas envie de redire tout ce qui a déjà été dit et bien dit sur Dennis Hopper. Je l'aimais surtout pour ses rôles de méchants, je l'aimais pour tous ces seconds rôles, ces rôles de psychopathes, de brutes épaisses qu'il acceptait dès qu'on les lui proposait et sur lesquels s'affligent aujourd'hui les exégètes. Cela lui permettait de cultiver une présence, d'être accessible. J'avais aimé son passage dans la première saison de 24 heures chrono. Cela avait été une réelle délectation de le découvrir dans les derniers épisodes, sa présence en était toujours une, avec cette impression de me passer la langue sur les lèvres. C'est l'effet qu'il me fait.

C'est également l'effet que m'a fait l'émission Eclectik que j'ai réécoutée aujourd'hui en podscast durant laquelle il parlait de son bras de fer avec Henry Hathaway, de son quasi-dégoût pour John Wayne et tout ce qu'il représentait (« L'Actor' Studio, nous ne voulons pas de cette merde. »), de sa descente aux enfers de la drogue et de l'alcool (« J'ai l'impression d'être allé aussi loin que possible. Après il faut revenir. ») . Et l'entendre paraphraser Maria Rainer Rilke dans Lettres à un jeune poète : « On est un artiste que si, au point le plus bas, à la question : si on t'empêche de créer, en mourras-tu ? , on répond : oui et qu'il n'y a rien d'autre à faire. »

Il a eu la grâce d'embellir en vieillissant et de continuer à irradier de cette lumière devenue noire.

Easy Rider restera à coup sûr son coup de maître, son chef-d'œuvre personnel avant d'être une œuvre cinématographique majeure, à qui il avait réussi à faire dire l'essentiel de son urgence et de son inaltérable soif de s'imprimer dans un mouvement qui convertit la vie en art. Disséqué, expliqué, analysé, le film n'arrive toujours pas à vieillir et soulève chez les adolescents qui le découvrent encore aujourd'hui un vent de tempête, un nuage de révolte, comme le résument excellement les paroles de Born to be wild de Steppenwolf.

Take the world in a love embrace
Fire all of your guns at once
And explode into space

Like a true nature's child
We were born, born to be wild
We can climb so high
I never wanna die


Pour s'en convaincre, il suffit juste de regarder les premières minutes du film.



jeudi 27 mai 2010

Tralalalala...

Devinez où j'étais hier.

















Vous donnez votre langue au chat ?.....




....






Allez, je vous aide, sinon ce n'est pas drôle.




(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)



Hier, j'étais à la soirée dédicaces d'Olivia organisée par Kookaï à l'occasion de la sortie de son livre : Lingerie Addict. Le (presque) guide, aux éditions [bao].

J'ai eu la chance de faire la bise à Olivia, de parler à ses copines, de faire la connaissance de son éditeur, de trinquer au champagne avec ses meilleurs copains et surtout...











... de me faire dédicacer mon exemplaire de Lingerie Addict. Le (presque) guide par Olivia (à Paris).




(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)



Petite légende qui a son importance. On ne voit pas très bien mais la jolie fille au premier plan, c'est Olivia et l'autre, c'est moi, croquée par Olivia. Je trouve qu'elle m'a donné un petit air de Carla.


Longue et belle route à Lingerie Addict. Le (presque) guide, Olivia (à Paris). Editions [bao], 9€.


Tchin !!!




in: Big event little summary

mardi 25 mai 2010

La longue marche des Sans Papiers

Il ne leur reste qu'une semaine à marcher avant d'atteindre le but qu'ils se sont fixés.

Le 1er mai 2010, ils sont partis de la Place de la Nation à Paris.

Au programme 30 jours de marche et 1 040 km dont 659 à pied.

Dimanche 30 mai, ils atteindront Nice où ils entendent interpeler les chefs d'Etat africains venus fêter le cinquantième anniversaire des indépendances des anciennes colonies françaises.

Sous l'égide de l'autoproclamé "Ministère de la régularisation de tous les sans papiers", 80 travailleurs sans papiers entourés d'une vingtaine de journalistes, infirmiers..., marchent.

Lorsqu'ils construisent nos immeubles, nettoient nos bureaux ou gardent nos parkings, nous ne les remarquons pas. Lorsqu'ils s'installent sur un bout de trottoir, avec tentes et bagages, nous ne les entendons pas. Lorsqu'ils se mettent en grève, nous tournons la tête.

Marcher pour devenir visible.

En souscrivant aux Accords de réadmission, qui visent à faciliter le retour dans leur pays des immigrés clandestins, de nombreux Etats africains collaborent, sans état d'âme, à la politique de la répression. Une politique d'autant plus absurde qu'elle s'applique en dépit des besoins et de la réalité du marché du travail en France.

Cette marche est une demande de régularisation par le travail. Comme le clame le film du collectif des cinéastes pour les sans-papiers : ils bossent ici, ils vivent ici, ils restent ici.

Des comités de soutien constitués dans chaque ville-étape accueillent les marcheurs. Autant de haltes qui sont prétextes à des débats, concerts et happenings en tous genres. Des collectes sont organisées pour la nourriture, les municipalités ont été sollicitées pour l'hébergement. Toutes n'ont pas répondu favorablement.

Le Ministère de la régularisation de tous les sans papiers publie régulièrement, sur son site, des carnets de marche. Voici celui ,à mi-voyage, qui a fait étape à Lyon.







in : In the mood for anger

lundi 24 mai 2010

Valse et tourbillon

Militant, offensif, vindicatif, ostentatoire, contre toute attente Nique la France, l'album de la Zone d'Expression Populaire, ZEP, emmenée par l'un des leader du Ministère des Affaires Populaires (MAP) est magnifique. Associé à son ami Alee, rappeur tout en douceur, contrastes, demi-teintes, émotions pleines de sourires, Saïdou certes nique la France, mais célèbre, en creux, sa double culture, maghrébine et française.

Ainsi, la chanson Zaf-Zafi, reprise du chanteur algérien des années 30 Mohamed El Kamal, est la juxtaposition d'une chronique moderne et douloureuse sur l'exil, sur la souffrance économique et la nostalgie pour un passé perdu, blessure qui saigne à jamais. Tout cela sur un refrain de valse, de ronde pour s'enivrer, de tourbillon de la vie.










in : Gloomy Monday

vendredi 14 mai 2010

Game over


Lecteurs passionnés, lecteurs amoureux, lecteurs affriolés, lecteurs emballés par Mes petites fables et le cinéma, Angelina vous propose le pack Angelina/stars/cinéma pendant toute la durée du festival de Cannes.

En effet, comment se démarquer, comment se renouveler, comment ajouter sa valeur ajoutée dans une bulle cinémédiatique qui n'aura que "marches", "festival", "Croisette", "palmarès", "Tim Burton" à la bouche pendant une dizaine de jours ? Pour Angelina, pas de problème.

Pour ce 63ème festival de Cannes, j'ai organisé une petite série de courts entretiens. Chacune et chacun a accepté de parler de son film préféré en quelques minutes dans un film totalement concept, 100 % bricolé main.

Un invité par jour et la vidéo est diffusée chaque jour sur Bakchich. Ça ne sert à rien, juste à ne pas être obligée de parler de la même chose que les autres en même temps qu'eux tout en parlant de cinéma... avec des gens sympas (ou théoriquement). Plus que le fond du sujet, le but était de capturer un instant, une essence, une personnalité, et j'ai beaucoup compté sur les gens que j'ai rencontrés. D'ailleurs, je les remercie tous chaleureusement.

C'est ambitieux voire prétentieux, c'est surtout Angelina. Et c'est tout de suite sur la page d'accueil de Bakchich.


Dimanche 23 mai avec Caroline-Christa Bernard
Samedi 22 mai avec Olivia (à Paris)
Vendredi 21 mai avec Stéphane Arnoux
Jeudi 20 mai avec Catnatt de Voldemag
Mercredi 19 mai avec David Abiker
Mardi 18 mais avec Laurent Simoni
Lundi 17 mai avec Garance Clavel
Samedi 15 mai avec Didier Porte
Vendredi 14 mai avec Denis Parent

Jeudi 13 mai avec Bruno Putzulu




in : Angelina's festivalistic envy of Cannes (2)

mardi 11 mai 2010

Après la Relève, from Minui

Petit hommage à un de mes héros favoris... Non pas que j'ai la flemme de bosser sur l'originalité d'une œuvre entièrement nouvelle, mais parfois je pense qu'il est important de savoir que l'on peut s'approprier l'œuvre. Sinon Marcel Duchamp n'aurait pas exposé ses toilettes.


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"Nous nous leurrons dans une société qui s'enferme chaque jour dans sa prison dorée. Chaque jour, elle se prive de plus en plus de sa Liberté qu'elle revendique dans une folie pourtant dans une folie sécuritaire..."

Le message passe sur Internet et les chaînes nationales. Le syndicat des milices unies et les lobbies médiatiques sont sur le pied de guerre. La dernière fois que ces entités se sont éprises à ce point sur un sujet remontent à l'attentat du métro de Shanghai plus de 300 morts dont tout un groupe d'étudiants américains en voyage d'étude. S'en suivit une traque du terroriste 'Hong HE' jusqu'en Corée du Nord qui entra en conflit avec la Chine et la Corée du Sud, jusqu'à la capture du terroriste en mer.

Il faut savoir qu'à l'heure actuelle la notion du terrorisme a quelque peu divergé au cours de ces dernières années. Depuis que le groupe WConsort a pris le contrôle de A-Securities leader sur le marché de la Sécurité intérieure, les lobbies ont bataillés dur pour faire restreindre les libertés d'expression et de cultes. Ainsi, le premier amendement de la constitution a été rendu caduque mettant à l'index et devenant les principaux actes de violence jusqu'aux conflits armés. La sécurité devenant une priorité internationale au même titre que l'écologie ou la mondialisation. La Sécurité est alors devenue une idéologie et un mouvement économique. Résultant de l'individualisme exacerbé par les réseaux sociaux, réduisant la sphère de la vie privée à une expression des plus encadrée et légiférée. La modération quant à elle est devenue un besoin de plus en plus radical. 'La sécurité le besoin de tous' le slogan lancé par Donald Grayson, petit-fils de Dick Grayson qui a repris en main le consortium WConsort reprenant le flambeau dans la tradition de la famille Wayne. Reprenant en main le symbolisme de la légende de Batman pour servir cette nouvelle économie, il a fondé les B-SQUAD et son antenne de surveillance WSA pour Wayne Security Agency que n'aurait pas renié Batman lui-même. Une agence de surveillance privée capable de surveiller les moindres faits et gestes de toutes la population de Gotham mais aussi de bien d'autres personnalités. Cela dépassant les espérances de nombreuses agences gouvernementales qui ne disposaient pas du même budget, ni même de la base de données.

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Il venait de terminer son allocution. Il n'avait pas beaucoup de temps pour préparer comme à chaque fois que les messages étaient lancés sur le réseau. La WSA mettait en moyenne 16 minutes à établir une zone de quadrillage pour capturer les auteurs et les diffuseurs des messages. Aujourd'hui autour d'une récente usine désaffectée. Il leur réservait une surprise de taille. Jusque-là les médias, avec l'aval des autorités, s'arrangeaient toujours pour étouffer ou réduire ses actions à de simples faits divers, d'un escroc minable, beau parleur, gigolo, ou même gourou d'une secte de l'Amérique profonde. Les journalistes excellaient les uns et les autres dans l'exercice de la désinformation. Il faut avouer qu'il s'agit là d'un exercice commun dans le domaine de l'information-divertissement tellement plus digeste pour le consommateur. Mais ce soir il passera du statut d'un vulgaire criminel à celui d'une icône. Il se préparait à recevoir ses invités et peaufinait les derniers détails.

Soudain, la porte des atelier de l'usine désaffectée explosa. Une unité B-SQUAD pénétrait dans la salle. Une équipe d'intervention avec un Molossus, une masse noire, un géant de métal, une armure vivante à la fois silencieuse et imposante composée de mini servomoteurs silencieux et d'un exosquelette sur lesquels reposaient de multitudes de micro-mécanismes dernier cri ainsi qu'une immense épaisseur de renforts blindés, le tout surmonté avec un casque noir, intégral, et allongé, doté de deux petites antennes. Cela donnait un aspect que n'aurait sûrement pas dénigré Batman lui-même.

Une partie de l'équipe d'intervention partit en reconnaissance dans l'usine tandis que le colosse métallique se dirigea vers un ordinateur portable émetteur, posé sur une caisse. Après avoir observé et scanné l'appareil, il débrancha ce qui le reliait au réseau. L'ordinateur se bloqua et une vidéo s'activa.

La vidéo en noir et blanc, tournée dans l'usine montrait à contre jour, un homme svelte semble-t-il habillé chemise, gilet, et pantalon élégants accompagnés d'un haut de forme et d'une canne à pommeau doré qu'il manipulait avec dextérité. Il dansait sur un vieux classique de jazz dont il semblait maîtriser parfaitement les codes. "Bonsoir mesdames et messieurs !" dans une voix déformée. Puis il s'assit sur une caisse en métal, le visage dans la pénombre, maquillage accentuant certaines rides. Mais le visage n'était pas reconnaissable.

Le Molossus tenta de manipuler pour désactiver l'ordinateur. Mais la vidéo continuait de tourner :

"Je te déconseille de chercher à arrêter cet enregistrement. Mais on sait tous que tu es un rabat-joie. C'est dommage que tout le monde ne profite pas du spectacle mais on va arranger ça." Il claqua des doigts et soudain l'usine se mis sous tension et les lumières comme les machines s'allumèrent de partout comme si le travail avait repris dans l'usine.

L'équipe Bravo partie en reconnaissance dans toute l'usine, prise de court étant encore équipés pour certains de vision nocturne s'immobilisa et demanda les directives au Molossus :

- Que se passe-t-il ? L'usine devait être désaffectée ! A vous.

Une voix électronique masquant l'identité de l'homme sous l'armure répondit :

- Il l'a remis en route. Terminé.

- Il est encore dans l'usine ? A vous.

- Au vue de la mise en scène, ce ne serait guère étonnant. Soyez sur vos gardes ! Terminé.

Soudain un cri fit sursauter le chef de l'équipe d'intervention, puis une série de cris étouffés.

- Équipe Bravo, répondez !

Pas de réponses.

"Il est là." Dans une intonation qui ne cachaient pas le ton de la colère malgré la déformation vocale.

- Équipe Delta, allez porter secours à l'équipe Bravo soyez prudents ! A vous.

- Reçu !

Le Molossus restait seul avec l'ordinateur tandis que l'équipe Delta partit récupérer l'équipe Bravo. Après quelques minutes de recherche, l'équipe Delta trouvait l'équipe Bravo, tous étendus au sol, des fléchettes hypodermiques plantés dans chacun d'entre eux.

- Équipe Delta à Molossus, l'équipe Bravo est à terre. Elle a besoin d'assistance médicale. On va l'évacuer.

- Reçu, équipe Delta, sécurisez la sortie.

- Reçu.

Alors que l'équipe Delta évacuait les blessés, Molossus tentait de remonter la source de l'émission vidéo. Mais l'ordinateur était parfaitement verrouillé. Un bijou que les entreprises A-Securities n'auraient pas renié. La connexion vidéo était toujours en marche. Mais changement de plans, il filmait désormais la sortie par laquelle, l'équipe Delta était en train d'évacuer.

- Équipe Delta! Vous êtes à découverts ! Molossus hurlait dans sa voix métallique. Le piège se mettait en place sans qu'il puisse intervenir.

Une chaîne de production qui fonctionnait depuis la mise en marche de l'usine entraînait une chaîne d'actions physiques entre objets anodins qui se succédaient. Des pièces en équilibre qui basculaient, des allumages contrôlés qui se déclenchaient dans une symphonie d'un rythme qui montait crescendo. L'équipe Delta se dépêchait d'évacuer les blessés. Tandis que Molossus scannait l'usine pour repérer des traces d'explosifs ou des présences humaines. Puis le mécanisme s'acheva en actionnant des pistons cachés qui dégagèrent des blocs de sécurité retenant un container monté sur des troncs. Le container pivotait dans un mouvement rapide , irréel mais dangereux vers la sortie qu'empruntait l'équipe Delta. Les membres de l'équipe Delta qui n'avaient pas réussi à s'abriter voyaient foncer vers eux un container qui semblait signer leurs épitaphes. Molossus fonça et bloqua le container avec un chariot lancé sur le container avant que ce dernier n'ait pu écraser ses victimes. Le choc violent plia le chariot laissant malgré tout un espace vital entre la sortie et le container. Le Molossus commençait à libérer les équipiers coincés entre le container et le mur.

- Équipe Delta, rapport de la situation !

- Deux officiers manquants ! Ils sont coincés par le container, blessés mais vivants.

- Je vais essayer de les dégager. Préparez l'évacuation des blessés.

- Reçu !

Alors que ses mains d'acier commençaient à déplacer la carcasse de métal, l'acier hurlait sous la pression du Molossus. Dans un réflexe quasi-instantané, il se retourna, ses senseurs avaient localisé une présence derrière lui. Il se tenait là, dans le rond d'un projecteur. A contre-jour, le visage n'était toujours pas visible. Une tenue visiblement taillée sur mesure tirant dans une combinaison mauve-violet pas très discret et toujours avec sa canne.

"Bonsoir !" dans une voix mielleuse.

Le Molossus décida de ne plus faire de quartier. D'un bond, il vola littéralement vers sa cible. La canne frappa le sol, une trappe fit se dérober sous le sol le dandy. Molossus se retourna dans une vitesse de félin malgré sa masse. Il voulut regarder dans la trappe et passa sa tête. Une corde d'acier s'enroula immédiatement autour de son cou. Avant qu'il n'ait eu le temps de se délivrer. La corde tractée par un puissant mécanisme baladait le corps du Molossus sur différents longueurs des ponts de l'usine, percutant divers obstacles assez massifs pour endommager l'exosquelette des quelques fonctions motrices. Il finit suspendu à une poutre au milieu du plafond. Dans une ascension signant sa fin de course, il rencontra son adversaire qui posa un charge explosive sur son casque tandis qu'il descendait sur une espèce de contrepoids.

"Ne panique pas ! On se reverra..."

La charge explosa.

Molossus essaya tant bien que mal de reprendre ses esprits et de communiquer avec les équipes extérieurs pour coincer le terroriste. La peinture magnétique brouillait l'ensemble des capteurs aussi perfectionnés soient-ils. Molossus était aveugle. Il était recouvert d'une peinture violette signant d'une couleur fétiche l'œuvre réalisée. Une caméra immortalisait la performance.

"Souris tu vas passer aux 20h."

C'est ainsi qu'un Joker renaquît de ses cendres. Menace légendaire, pour une paix et une sécurité qui régnaient depuis la fin du XXe siècle jusqu'à aujourd'hui. La folie, l'extravagance défendant une liberté disparue depuis l'avènement de la WSA refaisait désormais surface. Des décennies avaient changé le monde. La justice avait changé. Le crime avait changé. Mais les héros demeuraient.



Retrouvez les petites nouvelles d'anticipation de Minui sur Mind of Concrete.



in : La part du fabulateur

lundi 10 mai 2010

J'trouve plus ma brosse à dents

Ça ne vous énerve pas, vous, quand vous avez l'impression de connaître quelque chose de très rare, de très précieux, quand vous avez l'impression de faire partie des initiés, et qu'un jour, un quelconque ou une quelque une un peu connu vous sort le joyau des cartons et le jette aux radios mainstream, aux télés trop à la mode, au public des multiplex, aux djeun's qui bien souvent n'y comprennent que dalle parce qu'on ne leur a rien expliqué ? Tout d'un coup vous vous sentez trahi, vous sentez votre secret éventé.

C'est justement ce qu'il m'est arrivé il y a peu en tombant sur ça.





Je ne sais trop si je dois me réjouir pour Jacqueline Taïeb de cette propulsion médiatique, de ce retour vers le futur programmé. Certainement que oui, d'autant que la pub est plutôt jolie même si elle n'a pas grand chose à voir avec l'esprit de la chanson. Je sais que Mareva Galanter avait également repris la chanson. Mais c'était tellement fait sans esprit que cela n'avait déclenché chez moi qu'un haussement d'épaules un peu énervé.

Bref, pour passer un bon lundi, je vous conseille plutôt de cliquer ici :




... et de vous initier à Jacqueline Taïeb .



in : Gloomy monday

jeudi 6 mai 2010

Florence Aubenas fait sa "Tête de Turc" (1/2)



Florence Aubenas donne une leçon d'humilité à sa profession. (En deux parties)



Leçon d'humilité adressée à sa profession ? Exercice de style ? Coup médiatique ? Véritable et courageuse immersion dans la France d'en bas ? Le livre de Florence Aubenas, récit d'une expérience qui se veut témoignage, ne laisse pas de questionner notre appréhension de notre quotidien et des médias qui nous le renvoient jour après jour à la face et au cerveau.

De passage à la librairie Folies d'Encre à Montreuil (93), Florence Aubenas a engagé la conversation avec le public venu la rencontrer, avec beaucoup de chaleur et de simplicité. Il n'en demeure pas moins que l'ouvrage Le quai de Ouistreham, aussi intéressant, profond et sincère soit-il, ne peut se constituer à lui seul porte-voix des sans-voix. La façon dont l'"enquête" a été réalisée (Florence Aubenas admet qu'elle n'a pas tenté l'immersion totale puisqu'elle ne vivait pas de ses revenus) la disqualifie déjà à ce titre. Cependant, ce livre est indéniablement une porte qui s'ouvre, ce qui n'est pas négligeable.



BULLE POLITICO-MEDIATIQUE



Florence Aubenas explique son sentiment de déphasement par rapport à la réalité de ses lecteurs. « Entre cette profession qui est la mienne et ces gens, il y a un océan. Et je reconnais que je fais partie de cette bulle politico-médiatique. » Pour imager cet océan, elle prend l'exemple de la crise qui a commencé à l'automne 2008. « La crise : le mot est jeté sur la table. Mais les gens le ressentent comme une fabrication des médias. A Caen, les gens que je côtoyais se demandaient à quoi correspondait cette crise exactement : "On mange des nouilles depuis tellement longtemps". On peut presque toucher du doigt la paroi de verre qui sépare la réalité médiatique de leur quotidien. » Après avoir rédigé son ouvrage, la journaliste est retournée à Caen. « "Depuis quand les médias s'intéressent à la vie des gens ?", se sont-ils étonnés lorsqu’ils ont appris sa véritable identité. Ils ont tellement peu l'habitude d'entendre parler de leur situation dans les médias. »

Florence Aubenas reconnaît que cette expérience a profondément questionné sa pratique du journalisme, « Il y a toujours une crise de quelque chose, il y a toujours des sujets sociaux à traiter. On veut faire, on fait, mais on fait mal, on fait du désincarné. Combien d'articles ai-je rédigé en commençant par des statistiques ? Les journalistes ont du mal à parler du quotidien. On traque l’extraordinaire. Et quand il n'y en a pas, on le fabrique. Le train qui arrive à l'heure, on ne sait pas le traiter. » Or, elle admet que c’est ce quotidien qu’il est important de maintenir au faîte des préoccupations de l’opinion. « C'est sont les choses qui sont si proches qu'on a de plus en plus de mal à attraper. On n'arrive pas à les raconter autrement qu'en avalant notre carte de presse. L'époque a du mal à faire avec le réel. Qu'est-ce qui est réel ? Pour moi, les films de Cantet traitent du réel. » Mais aborder cette réalité d’une façon obstinément directe demeure problématique dans la surenchère au sensationnel, dans la quête du buzz perpétuel. Tout en suggérant cette situation, la journaliste ne tire aucune conclusion à charge. Au contraire, si sa position de grand reporter fait rêver, c'est un rêve dont elle tente de se détacher doucement mais résolument. « Les gens me parlent de mon enlèvement presque avec envie. Il m'est arrivé quelque chose d'extraordinaire et je le comprends très bien. Je sens presque de la nostalgie pour ces rendez-vous avec l'histoire, or il n'y a pas à en avoir car ce à quoi nous sommes confrontés en bas de chez nous est suffisamment dur. »



ҪA GRIGNOTE


Le journalisme d’infiltration n’est pas une nouvelle pratique à la mode mise en avant par une émission de télévision légèrement racoleuse. Florence Aubenas dit l’avoir déjà pratiqué en vingt ans de métier. Mais l’exemple le plus célèbre en Europe est celui du journaliste allemand Günter Wallraff. Pendant plus d’un an, il a pris l’identité d’un travailleur turc afin de raconter le quotidien d’une population brimée, méprisée dans l’Allemagne de 1985-1986. Il en a tiré un best-seller intitulé Tête de Turc. « A la différence de Günter Wallraff, je n'ai pas pris le ton de la colère pour une question d'époque. J'avais le souci de ne pas me mettre au milieu, de ne pas interférer. Dans les années 80, je pensais qu'on allait forcément vers le mieux. Force est de constater que l'avenir a changé de signe. Ҫa grignote doucement. »



(A suivre)


Lire la suite
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in : In the mood for anger

mardi 4 mai 2010

From Gala

Briser les liens du sang
Savoir le silence
Nier le pouvoir des larmes
Chercher Die Engel


ERER






in : La part du fabulateur

lundi 3 mai 2010

Le Gloomy Monday d'Yves

J'aime cette chanson parce que c'est une chanson que l'on partage avec son enfant, avec son bébé pour l'endormir. C'est le partage d'un moment privilégié, le bercement, l'endormissement. C'est un moment d'échange, d'amour intense et d'affection C'est le moment où l'enfant s'endort dans les bras, s'abandonne au sommeil en toute sécurité. C'est un moment flatteur pour le père qui protège son enfant et veille sur son sommeil.








in : Gloomy monday