dimanche 24 juillet 2011

Régine Deforges ou le feu qui la dévore

Une sacrée bonne femme cette Régine Deforges, une nana avec un tempérament comme on les aime, qui a vécu le temps où une femme ne pouvait pas ouvrir un compte bancaire sans avoir l'accord de son mari, ne pouvait pas s'asseoir seule à la terrasse d'un café sans être traitée de prostituée et ne pouvait, bien sûr et surtout pas, avorter.


A l'heure où certains petits énervés dépavaient les rues de Paris en fredonnant une petite ritournelle "CRS-SS", cette jeune femme rousse fonde sa propre maison d'édition devenant la première éditrice française et publie Le con d'Irène (censuré en Irène), un livre attribué à Louis Aragon et saisi 48 heures après sa publication. 



















Est-ce son éducation chez les bonnes soeurs qui a libéré un furieux besoin de parler de sexe, d'érotisme, de sensualité mais surtout de ses soeurs, les femmes ? Des femmes qu'elle va même chercher aux tréfonds de l'Histoire, des reines du Moyen-Âge aux Résistantes à l'Allemagne nazie. 



















Contes pervers (1980) est un recueil qui, comme son nom l'indique, ne sacrifie rien à la paillardise et la crudité de la perversité. Pour l'amour de Marie Salat (1987), chante l'amour saphique à travers une correspondance authentique qui s'est déroulée entre 1903 et 1904 et sur laquelle elle est tombée par hasard dans une brocante. O m'a dit (1995) est un livre d'entretien avec l'auteure d'Histoire d'O, Pauline Réage. Mais aussi Les cent plus beaux cris de femmes (1980), Lola et quelques autres (1981), Troubles de femmes (1984), Entres femmes (1999), les titres de ses oeuvres ne laissent planer aucun doute sur ses intentions et ses centres d'intérêt.




















Personnellement, je n'ai lu qu'une nouvelle érotique de Régine Deforges en plus de quelques romans historiques. Il s'agissait d'un fist-fucking pratiqué dans un train entre deux inconnus.

Mais au-delà de ses écrits sulfureux, sulfureusement féministes dans un monde où les femmes ont encore du mal à se solidariser pour revendiquer leur droit à la jouissance, Régine Deforges ressemble à ses héroïnes. Ouvertement libertine en des temps à la limite du puritanisme, elle a été déchue de ses droits civiques pour avoir publié des textes contraires aux bonnes moeurs. Crinière rousse au vent, elle fricote à Cuba, chronique pour le quotidien L'Humanité et se laisse acheter au 421 par son futur époux, un authentique prince, Pierre Wiazemsky, par ailleurs petit-fils de François Mauriac. 

Une authentique héroïne, chevauchant deux siècles comme elle chevaucherait sa monture, d'abord pour son plaisir...  qui se raconte parfaitement en une seule phrase : 
"Je publie des livres qui donnent envie aux gens de faire l'amour".


in: The closer I get

2 commentaires:

Denis a dit…

shocking

Angelina a dit…

Subversif même