On aurait presque pas cru que c'était dimanche soir. Je frime un peu. En vrai, on le croyait carrément et on avait de bonnes raisons. Dix-neuf heures au carreau, des gouttes de pluies tellement molles qu'elles n'avaient plus la force de s'accrocher aux vitres : une bonne sale ambiance morose qui poisse et colle. Et d'un coup le téléphone a fait ce qu'il fait de mieux : sonner. Tachycarde de désœuvrement –car qui appelle le dimanche soir à part les êtres encore plus déprimés que soi ?– je me ruais sur l'engin et décrochais avec une voix que j'espérais sexy mais qui se résuma surtout à un halètement étouffé. C'est en entendant sa voix que j'ai commencé à regretter. En vrac : mon abonnement au club de gym aussi utile qu'un congelo à un esquimau, mon addiction au tabac, mes trois sucres dans chaque petit noir. Je n'ai saisi que le dernier mot "j'arrive". Alors j'ai dit oui. Benoîtement. Même si je m'appelle Bruno.
J'ai jeté un œil alentours (que j'ai bien vite repris, ça peut toujours servir). Le désordre était relatif. Je supposais que le baiser près de la machine à café allait revenir sur le tapis alors j'ai frotté du plat de la main les poils mi-longs et réajusté. Parfait.
Je finissais de me donner une contenance devant la glace quand la sonnette a retenti. Aiguë. On aurait cru qu'elle était bouleversée de phéromones -la sonnette, pas la fille. Moi en tous cas je n'en menais pas large: quand j'ai ouvert la porte et que la lumière est tombée en travers de ses cheveux roux et de son imper noir, ça m'a retourné le cerveau –la fille,pas la sonnette.
Elle n'a pas prononcé un mot. Ses yeux parlaient pour elle : exactement ils criaient comme on dit "braguette". C'est là qu'elle était forte : les yeux des autres nanas se contentent de regarder. Les siens hurlaient un tas de choses indécentes à ma fermeture éclair.
Elle ne s'est pas formalisée des boutons de mon Levi's : elle assurait en métaphore. D'une démarche que je ne m'explique pas, toute en courbes et ondulations elle m'a fait reculer. Dans l'échancrure de l'imper brillait sa peau. Ses lèvres griffées de rouge, ses chevilles déliées, les talons... L'image était parfaite. Que je croyais. C'est quand elle m'a poussé sur le canapé avant d'ouvrir avec un art consommé son imper que mes connexions nerveuses sont devenues un plat de nouilles.
Dieu du ciel ! À poil et sans fourrure. Des petits seins à vous rendre marteau, sa taille, le renflement de son pubis nu. Puis elle a écarté les jambes. Mon regard ne savait plus où s'accrocher. Le bombé de son ventre ? Ses épaules ? Ses tétons mordants et ses guibolles et là juste en remontant ses cuisses : les lèvres glabres, interdites, offertes pourtant à mes yeux –du moins dans un premier temps.
Cloué sur le skaï je crevais de désir mais aussi d'un peu de trouille. Comprenez une bombe rousse qui vient vous faire bosser l'anatomie un dimanche soir ça a de quoi éberluer. Elle pas hésitante pour deux sous, s'est dirigée vers mon entrejambe. Sa main d'abord, habile déboutonneuse-déshabilleuse. Mon sexe trop à l'étroit dans le boxer lui disait déjà merci. Avec un air entendu, elle m'a laissé profiter de ces quelques secondes.
Puis sa bouche a semé des baisers un peu au hasard sur mon ventre, mes hanches et mon membre gonflé. Une sorte de cailloux du Petit Poucet pour grands. Sa langue s'est mise à jouer une certaine partition. Tour à tour piano, fortissimo, andante puis ha... C'était bon. Je ne pouvais rien faire d'autre que tortiller mes doigts dans ses cheveux, dans toute cette masse rougeoyant entre mes cuisses. De sa bouche, de ses doigts, elle s'employait à me rendre dingue : suffisait que je pense à ce que j'aurais aimé –plus vite, plus lent, caresser mes couilles ou faire vibrer mon cul– et comme par transmission elle s'exécutait.
Y avait du vice dans l'air et des dents dans ma chair.
Je sentais mon sexe glisser dans sa bouche avec une volupté inouïe. Sa salive dont elle humidifiait ses paumes à intervalles réguliers pour me faire coulisser à la régulière, son index majeur de mon plaisir s'enfonçant un peu plus entre mes fesses à chaque fois qu'elle me suçait plus profondément. Sa langue maîtresse de la base de mon gland, de ma hampe, de mes bourses surexcitées.
Mon ventre brûlait comme si on m'avait tartiné les tripes de wasabi, la douleur en moins. Je voulais me déchirer en elle, et en même temps le plaisir de la montée était tel que j'aurais bien fait durer. Encore. Je crois qu'elle le savait pertinemment, la garce, modulant ses effets, trainant le long de ma veine, mordillant ... Son doigt me prenait toujours, je me sentais contracté. Autant envie de la prendre que de m'achever dans l'écrin de sa bouche. Sur sa peau éclatait du rouge : érythème. Surtout, marrant, sur le dessus de sa poitrine, en renforçant le galbe menu. Clairement elle était excitée : l'odeur de sa chatte me faisait friser les narines, et si elle n'avait pas eu à cet instant ma queue –autant dire ma vie– entre ses lèvres, je l'aurais volontiers léchée, goûtée, respirée, humectée, pénétrée, humiliée, attendrie, bouffée...
Cette louve retorse a délaissé ma verge –torture– et reculant d'un bon mètre, toujours sur ses talons hauts –ceux qui font les fesses des femmes comme des attrape-baisers– elle m'a défié.
Les poings sur les hanches elle attendait que je prenne les choses en main.
Et quels arguments j'avais sous la paume !
De la peau tendre ! Des seins fermes ! Une bouche, un sexe mouillé que mes doigts exploraient !
Son cul son con et encore son cul croyant n'en avoir jamais assez. Je bandais toujours furieusement. Ballet chorégraphié à l'instinct et muet : overdose d'excitation comme jamais. Elle souriait en gémissant ou gémissait en souriant. À un certain moment l'ordre vous savez... On peut bien se prendre dans n'importe quel sens.
Mes doigts toujours la suppliciaient, je n'ai pas fait le compte –combien peu importe– mais je sais que des spasmes resserraient son sexe tandis qu'elle jouissait comme si elle avait voulu me garder prisonnier. Un peu de son jus recouvrait mes digitaux, fallait que je les porte à ma bouche : sur ma langue sa mouille amère acido-sucrée asséchait mes muqueuses autant qu'elle me donnait envie de plonger à la source. Je la faisais claquer contre mon palais, pour savourer. Je voulais porter mes lèvres aux siennes.
Elle ne l'entendait pas comme ça. Quand j'ai voulu lui attraper les hanches elle s'est dérobée, se réfugiant sur l'accoudoir me faisant languir le temps pour elle de redescendre. Ses tremblements se sont calmés, elle s'est rapprochée, m'a porté les derniers assauts, ses coups de langues mes banderilles, y avait plus qu'à m'achever. Ses yeux se sont fermés : j'ai explosé.
Une coulée de foutre entre ses lèvres baisées de rouge filé.
Je la regardais, parfaite lascive en costume d'Eve, en sentant mon sexe débander doucement. J'aurais bien eu envie de ses lèvres –les supérieures cette fois– mais décidément elle n'allait me laisser aucune latitude pour décider par moi même. Elle d'autorité s'était déjà installée sur mes cuisses, son sexe mouillé contre le mien à qui ça a donné un coup de fouet, prenant ma tête entre ses mains et nichant mon visage entre ses deux fabuleuses pommes. Mes joues contre la chair tendre. Mon nez dans leur vallée. Ma queue revigorée s'enfonçant dans sa chair. Et le téléphone, cet empaffé, a fait ce qu'il fait de mieux : sonner.
Ҫa m'a comme qui dirait secoué et rendu au monde réel. La rousse incendiaire entre mes mains évanouie ! Bye bye. Il n'y avait qu'une châtain pâlotte dont le coup de reins n'avait rien d'animal : bigre ! Ma femme n'a jamais beaucoup aimé baiser. La corvée conjugale du dimanche soir : parfait pour fantasmer.
in: The closer I get
40 commentaires:
Spéciale cacedédi à Massikito :p
Je suis sûr que vous attendez avec impatience un avis aussi éclairé que péremptoire...
là on sent bien les années d'études à Sciences Peau ;-)
Si tu savais, Nathalie, comme ça n'a rien à voir...
(je fais genre je gère mais j'attends avec un peu d'angoisse le jugement du sexpert :P ) (ou pas )
Première ligne : une faute.
Voilà ! Du cul, bordel ! Compris, Angelina ?
*cherche la faute*
"On N' aurait presque pas cru que c'était dimanche soir."
Maintenant j'attends le billet Q de Massikito :p
Hum. On a pas le droit d'escamoter ce n moche ? (oui je récidive)
Ca dépend quelles libertés on prend avec le français.
Et je ne sais pas écrire sur le cul; ou alors à base de foutre dans des culs de putes et autres fignoleries tout à fait distinguées.
Pour l'amour du tac au tac je t'aurais bien répondu un truc du style "le français moi je l'attache plutôt" mais non. Cela dit le francais est une langue tellement compliquée qu'on peut bien un peu le malmener parfois (surtout quand ce n'est pas complètement sa langue natale).
Une langue à moitié natale ? :p
Voilà. (la Belgique et ses turpitudes linguistiques)
C'est les flamands qui sont nuls; le reste ça va.
Je ne suis donc qu'à 50% nulle. Je te remercie de tant de mansuétude pour les autres cinquante.
Oui, je suis très magnanime.
Turpitude, mansuétude... Compet' de mots compliqués ?
Ah non, vous n'allez pas me faire un cours de langue ! Ou alors vous la réservez pour un billet du dimanche soir sur mon blog.
Nan c'est mon niveau de vocabulaire usuel. Deal with it (parfois j'anglicise aussi)
(angie ou l'art de récupérer les bonnes idées. Huhu)
Les flamands ne mettent pas de majuscules, non plus ?
Je suis un artiste contemporain je fais bien ce que je veux. (ou alors c'est mon téléphone qui prend des initiatives. Choisis)
Bizarrement, l'article le plus lu hier
C'est à cause de la phrase "l'odeur de sa chatte me faisait friser les narines".
C'est pas possible de lire aussi vite. Vous le connaissez par coeur ?!
Oh, oui, mieux qu'une coulée de foutre entre ses lèvres baisées de rouge filé.
La photo d'Yvette Horner est retouchée non ?
(je glousse pardonnez moi)
Superbe plume
Merci. C'est l'oie qui fait tout
ça chatouille.
Moi, je suis fan parce que ça m'a permis de faire tweetconnaissance avec Sand LAblonde et maintenant j'ai "JE VAIS TOUS MOURIR" gravé au laser dans le crâne)
Passe des plombes à te construire une réputation et on te fait passer pour une fille drôle. Tsé :p
Vous échauffez pas, dimanche prochain c'est Nathanael qui fait son billet sexuel !
Mais ouais !
Contenu exclusif pour Angelina.
Bon, après, vous vous arrangez entre copines :)
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