mercredi 2 mai 2012

Après le 1er mai, karchérisons l'abstention



J’ai vu un homme aux yeux fragiles
J’ai vu une femme déterminée
J’ai vu une femme soûle
J’ai vu un sans-papier qui faisait la quête et d’autres qui chantaient
J’ai vu un homme qui souriait
J’ai vu des gens qui dansaient
J’ai vu des gens qui chantaient
J’ai vu Julien Bayou
J’ai vu ce grand homme avec son drôle de bonnet jaune et noir et sa pancarte aux slogans colorés
J’ai vu Najat Belkacem marcher
J’ai vu une petite fille qui dormait dans les bras de son père
J’ai vu du rouge et des cris
J’ai vu des trottoirs et des rues sur des kilomètres
J’ai vu Paris sous le soleil
J’ai vu le chiffon rouge de la liberté
J’ai vu un Schweppes jouer avec des glaçons et une demi-rondelle de citron
J’ai vu des joueurs de djembé
J’ai vu des jeunes qui dansaient
J’ai vu des vieux qui dansaient
J’ai vu des femmes seules avec leurs enfants
J’ai vu des œillets
J’ai vu des filles qui sifflaient
J’ai vu Jean-Luc Mélenchon qui souriait
J’ai vu Jean-Luc Mélenchon qui me souriait
même que je me suis retournée pour voir si c’était bien à moi qu’il souriait et j’ai vu des femmes qui lui souriaient
J’ai vu des gens qui ne se connaissaient pas, qui ne s’étaient jamais parlé et qui se parlaient
J’ai vu Olivier Besancenot l’oreille collée au portable
Je n’ai pas vu Nathalie Artaud
Je n’ai pas vu Salah Hamouri mais on m’a dit qu’il était là.


Peuples de Paris

Hier, j’ai vu le peuple de Paris marcher dans la rue. Mais quand je suis rentrée chez moi, j’ai allumé la télé et j’ai vu un autre peuple de Paris, statique celui-là, pas moins beau, mais incroyablement nombreux... Une mer de drapeaux dressés dans un ballet réglé, où l’on devait compter du drapeau au millimètre carré près. En allant sur Twitter, j’ai appris que parce qu’elle faisait son job de journaliste, c’est-à-dire rapporter ce qui se passe, parce qu’elle était là et à cause du média pour lequel elle travaille, Marine Turchi s’est fait molester.



En vérité, mes chers lecteurs chéris, ce paysage profondément clivé ne l’est que par la force d’un homme aux abois qui entend la meute se rapprocher. Et quand je dis la meute, je veux dire le cri du peuple. Ces voix qui lui manquent pour ne pas tomber, il ira les chercher avec les dents, la Morano ne croyait pas si bien dire. Au mépris de la raison, de la décence, de la dignité, de la ligne que s’était tracée son propre parti, il a choisi de dévier pour conquérir les voix qui lui manquent. A droite, à droite, très à droite. Pour se faire entendre de ces électeurs et pour détourner les regards de son bilan désastreux, il n’hésite plus à parler la langue du FN. Décomplexé, il y va à la hache, il a sorti les avirons. Lui dont la principale tactique a été de créer et de railler une esquive de son adversaire, n’aura fait tout au long de cette campagne, que pratiquer l’art de l’esquive en permanence, utiliser la déviation en appliquant la politique du bouc-émissaire. Le but étant surtout de faire oublier qu'il est avant tout un libéral me suggère Le Caméléon. Tant pis pour son prestige il repeaufinera son image quand il sera temps, quand une fois réélu, croit-il, il n’aura qu’à faire quelques pirouettes et puis, vous savez, les gens ont la mémoire si courte. Car je n’insulterai pas l’intelligence de cet homme en prétendant qu’il pense ce qu’il dit. Je m’offre le droit d’en douter.

Peut-être que, lecteurs aguerris, si vous êtes toujours là, le discours du candidat de droite ne serait pas si décomplexé si le troisième homme n’était pas une femme. Selon l’IFOP, 30 % des électeurs de François Hollande ont hésité à voter pour le Front de Gauche. Le concept du vote utile aura fonctionné à près d’un tiers de son rendement potentiel. Un vote qui aurait permis à Jean-Luc Mélenchon d’être devant la Pen. Pas la peine d’incriminer les instituts de sondage qui auraient artificiellement gonflé, surestimé, les scores du Front de Gauche. Les instituts de sondage ne se sont pas trompés, sans le vote utile Jean-Luc Mélenchon aurait certainement culminé autour de 18 %. Mais souvenons-nous que nous avons voté un 22 avril, dix ans et un jour après ce terrible 21 avril 2002. De 2 % à 18 % supposés, la progression du Front de Gauche aura été fulgurante au contraire. Mais « nous courrons plus vite qu’elle », se plaît-il à marteler.

Mobiliser les quartiers

Par contre, s’il fallait véritablement chercher un "échec" dans les objectifs que s'était fixé le Front de Gauche, selon moi, ce serait de ne pas avoir réussi à vaincre l'abstention qui, quoi qu'on en dise, reste stable par rapport aux précédentes élections présidentielles. Certainement le Front de Gauche, porteur de rêves et d'espoirs à gauche, ne pouvait pas tout faire avec ses petits bras musclés : combattre le Front National, convaincre, exister et s'émanciper à gauche, défendre l'humain d'abord et prêcher la VIème république. Il a peut-être raté son rendez-vous avec les habitants des quartiers populaires qui ne se sont pas reconnus dans un projet de société globalisant, malgré une mobilisation massive pour la gauche quand mobilisation il y a eu. Peut-être que la stratégie de ne vouloir différencier et donc stigmatiser personne en s'adressant directement aux gens par classe, catégorie, est la bonne et qu'elle portera ses fruits sur le long terme. Toujours est-il que ces citoyens "sensibles", puisque la République aujourd'hui se reconnaît des territoires sensibles, n'ont peut-être pas senti que l'on s'adressait également à eux. Et le meeting de Grigny dont le thème était les quartiers populaires n'aura pas suffi à inverser la tendance. Cette parole se sera additionnée à la somme des bonnes intentions d'une campagne électorale.

A partir de demain, la problématique de cette nouvelle force vive politique va être de savoir concrétiser toutes les volontés qui se sont rassemblées autour d'elle, ne pas les laisser se dissoudre dans le quinquennat.

A part cela, peut-on rire de tout ? Oui dit l'adage, mais pas avec n'importe qui. Un autre adage dit également que « les meilleures plaisanteries sont les plus courtes ». Voilà en tout cas une devise que Le Petit Journal de Canal + ne risque pas de faire sienne, lui dont la principale devise est de rire de tout, tout le temps et avec tout le monde… Au risque même de ne plus être drôle.

Être le Petit Journal le 1er mai

On se souvient de l’antagonisme qui a fait rage entre la rédaction de l’émission et le Front de Gauche aux meilleures heures de la campagne. Rappelez-vous, attaqué pour un supposé trucage de reportage, ce qu'il a démenti énergiquement, ou plutôt un mensonge par omission, Le Petit Journal avait fait du Front de Gauche et de son candidat, Jean-Luc Mélenchon, une cible personnelle, l’érigeant au rang de souffre-douleur préféré. Entre les attaques des uns, les réponses des autres, les ripostes des autres et les réponses des uns, et à y regarder de loin (personnellement, je ne regarde pas l'émission), la polémique, qui a régalé les commentateurs sur Twitter et les chroniqueurs des médias, entre une émission de télé et un parti politique qui a pris le parti de répondre, a pris les allures d’un différend de cour de récréation.

Si je vous rappelle cela, lecteurs attendris, c’est pour vous expliquer que si au rassemblement du 1er mai de l’UMP les militants molestent les journalistes, au rassemblement du 1er mai des syndicats ce sont les journalistes qui molestent les militants. Je me suis proprement fait piétiner par le journaliste du Petit Journal de Canal + qui avait décidé qu’il mettrait son micro sous le nez de Jean-Luc Mélenchon, dès fois qu’il ferait un lapsus ou dirait un mot pour un autre. C’était incroyable, j’ai eu beau lui assurer que non, il n’y avait pas d’espace vital entre moi et la tribune pour le laisser passer mais je ne sais s’il ne m’a pas entendue ou s’il n’en avait cure (personnellement je penche pour la seconde hypothèse car tout le monde m’a bien entendue) toujours est-il qu’il est passé sans problème après m’avoir poussée, marché dessus et écrabouillé un enfant qui vociférait au passage. Plus d’indignation que de mal cela dit. Mais tout de même, ce malotru n’avait qu’à atteindre dix minutes que la foule s’espace un peu et même son caméraman aurait pu passer. Sauf que, si vous ne le savez pas je vais vous l’expliquer, les journalistes, tous concurrents, fonctionnent en troupeau, de peur qu’un confrère récolte une parole qu’il n’aurait pas eue. C’est le consensus du formatage, on fait tous pareil comme ça on est sûr que personne ne sera mieux que les autres.




in: Big event little summary

11 commentaires:

Anonyme a dit…

touchant et juste, pour ce que j'en ai vécu.
Merci

Angelina a dit…

Tu es mon lecteur number one !

Anonyme a dit…

Formatage du "système" journalistique.
Sauf le tien Angelina, pour ce qu'il en est

Angelina a dit…

C'est trop mignon :)

Anonyme a dit…

Je me permets, hein, en tant que "lecteur nomber one", de rajouter mon adresse aux abstentionistes éventuels

http://lecridupeuple.wordpress.com/2012/05/04/a-mes-amis-du-front-de-gauche-qui-ne-veulent-pas-voter-hollande/

Angelina a dit…

@lecridupeuple : tu as bien fait, la preuve !

Michel a dit…

Et après le 6... Continuons dans la rue !

Anonyme a dit…

C'est vraiment mauvais

Angelina a dit…

Quel succès

Le Gall : Décrypter Le Système Pyramidall a dit…

Merluchon le Front Machon... Vous en êtes là ? Seigneur !

Angelina a dit…

Apparemment vous aussi vous êtes là :)