J’ai vu une femme déterminée
J’ai vu une femme soûle
J’ai vu un sans-papier qui faisait la quête et d’autres qui chantaient
J’ai vu un homme qui souriait
J’ai vu des gens qui dansaient
J’ai vu des gens qui chantaient
J’ai vu Julien Bayou
J’ai vu ce grand homme avec son drôle de bonnet jaune et noir et sa
pancarte aux slogans colorés
J’ai vu Najat Belkacem marcher
J’ai vu une petite fille qui dormait dans les bras de son père
J’ai vu du rouge et des cris
J’ai vu des trottoirs et des rues sur des kilomètres
J’ai vu Paris sous le soleil
J’ai vu le chiffon rouge de la liberté
J’ai vu un Schweppes jouer avec des glaçons et une demi-rondelle de
citron
J’ai vu des joueurs de djembé
J’ai vu des jeunes qui dansaient
J’ai vu des vieux qui dansaient
J’ai vu des femmes seules avec leurs enfants
J’ai vu des œillets
J’ai vu des filles qui sifflaient
J’ai vu Jean-Luc Mélenchon qui souriait
J’ai vu Jean-Luc Mélenchon qui me souriait
même que je me suis retournée pour voir si c’était bien à moi qu’il
souriait et j’ai vu des femmes qui lui souriaient
J’ai vu des gens qui ne se connaissaient pas, qui ne s’étaient jamais
parlé et qui se parlaient
J’ai vu Olivier Besancenot l’oreille collée au portable
Je n’ai pas vu Nathalie Artaud
Je n’ai pas vu Salah Hamouri mais on m’a dit qu’il était là.
Peuples de Paris
Hier, j’ai vu le peuple de Paris marcher dans la rue. Mais quand je
suis rentrée chez moi, j’ai allumé la télé et j’ai vu un autre peuple de Paris,
statique celui-là, pas moins beau, mais incroyablement nombreux... Une mer de
drapeaux dressés dans un ballet réglé, où l’on devait compter du drapeau au
millimètre carré près. En allant sur Twitter, j’ai appris que parce qu’elle
faisait son job de journaliste, c’est-à-dire rapporter ce qui se passe, parce
qu’elle était là et à cause du média pour lequel elle travaille, Marine Turchi
s’est fait molester.
En vérité, mes chers lecteurs chéris, ce paysage profondément clivé ne
l’est que par la force d’un homme aux abois qui entend la meute se rapprocher.
Et quand je dis la meute, je veux dire le cri du peuple. Ces voix qui lui
manquent pour ne pas tomber, il ira les chercher avec les dents, la Morano ne
croyait pas si bien dire. Au mépris de la raison, de la décence, de la dignité,
de la ligne que s’était tracée son propre parti, il a choisi de dévier pour
conquérir les voix qui lui manquent. A droite, à droite, très à droite. Pour se
faire entendre de ces électeurs et pour détourner les regards de son bilan
désastreux, il n’hésite plus à parler la langue du FN. Décomplexé, il y va à la
hache, il a sorti les avirons. Lui dont la principale tactique a été de créer
et de railler une esquive de son adversaire, n’aura fait tout au long de cette
campagne, que pratiquer l’art de l’esquive en permanence, utiliser la déviation
en appliquant la politique du bouc-émissaire. Le but étant surtout de faire oublier qu'il est avant tout un libéral me suggère Le Caméléon. Tant pis pour son prestige il
repeaufinera son image quand il sera temps, quand une fois réélu, croit-il, il
n’aura qu’à faire quelques pirouettes et puis, vous savez, les gens ont la
mémoire si courte. Car je n’insulterai pas l’intelligence de cet homme en
prétendant qu’il pense ce qu’il dit. Je m’offre le droit d’en douter.
Peut-être que, lecteurs aguerris, si vous êtes toujours là, le discours
du candidat de droite ne serait pas si décomplexé si le troisième homme n’était
pas une femme. Selon l’IFOP, 30 %
des électeurs de François
Hollande ont hésité à voter pour le Front de Gauche. Le
concept du vote utile aura fonctionné à près d’un tiers de son rendement
potentiel. Un vote qui aurait permis à Jean-Luc Mélenchon d’être devant la Pen.
Pas la peine d’incriminer les instituts de sondage qui auraient
artificiellement gonflé, surestimé, les scores du Front de Gauche. Les
instituts de sondage ne se sont pas trompés, sans le vote utile Jean-Luc
Mélenchon aurait certainement culminé autour de 18 %. Mais souvenons-nous
que nous avons voté un 22 avril, dix ans et un jour après ce terrible 21 avril
2002. De 2 % à 18 % supposés, la progression du Front de Gauche aura été
fulgurante au contraire. Mais « nous
courrons plus vite qu’elle », se plaît-il à marteler.
Mobiliser les quartiers
Par contre, s’il fallait véritablement chercher un "échec" dans les objectifs que s'était fixé
le Front de Gauche, selon moi, ce serait de ne pas avoir réussi à vaincre l'abstention qui,
quoi qu'on en dise, reste stable par rapport aux précédentes élections
présidentielles. Certainement le Front de Gauche, porteur de rêves et d'espoirs
à gauche, ne pouvait pas tout faire avec ses petits bras musclés : combattre le
Front National, convaincre, exister et s'émanciper à gauche, défendre l'humain
d'abord et prêcher la VIème république. Il a peut-être raté son rendez-vous avec
les habitants des quartiers populaires qui ne se sont pas reconnus dans un
projet de société globalisant, malgré une mobilisation massive pour la gauche quand mobilisation il y a eu. Peut-être que la stratégie de ne vouloir
différencier et donc stigmatiser personne en s'adressant directement aux gens
par classe, catégorie, est la bonne et qu'elle portera ses fruits sur le long
terme. Toujours est-il que ces citoyens "sensibles", puisque la
République aujourd'hui se reconnaît des territoires sensibles, n'ont peut-être pas senti
que l'on s'adressait également à eux. Et le meeting de Grigny dont le thème
était les quartiers populaires n'aura pas suffi à inverser la tendance. Cette parole se sera additionnée à la somme
des bonnes intentions d'une campagne électorale.
A partir de demain, la
problématique de cette nouvelle force vive politique va être de savoir
concrétiser toutes les volontés qui se sont rassemblées autour d'elle, ne pas
les laisser se dissoudre dans le quinquennat.
A part cela, peut-on rire de tout ? Oui dit l'adage, mais pas avec
n'importe qui. Un autre adage dit également que « les meilleures plaisanteries
sont les plus courtes ». Voilà en tout cas une devise que Le Petit Journal
de Canal + ne risque pas de faire sienne, lui dont la principale devise est de
rire de tout, tout le temps et avec tout le monde… Au risque même de ne plus
être drôle.
Être le Petit Journal le 1er mai
On se souvient de l’antagonisme qui a fait rage entre la rédaction de
l’émission et le Front de Gauche aux meilleures heures de la campagne.
Rappelez-vous, attaqué pour un supposé trucage de reportage, ce qu'il a démenti
énergiquement, ou plutôt un mensonge par omission, Le Petit Journal avait fait
du Front de Gauche et de son candidat, Jean-Luc Mélenchon, une cible personnelle,
l’érigeant au rang de souffre-douleur préféré. Entre les attaques des uns, les
réponses des autres, les ripostes des autres et les réponses des uns, et à y
regarder de loin (personnellement, je ne regarde pas l'émission), la polémique,
qui a régalé les commentateurs sur Twitter et les chroniqueurs des médias,
entre une émission de télé et un parti politique qui a pris le parti de
répondre, a pris les allures d’un différend de cour de récréation.
Si je vous rappelle cela, lecteurs attendris, c’est pour vous expliquer
que si au rassemblement du 1er mai de l’UMP les militants molestent
les journalistes, au rassemblement du 1er mai des syndicats ce sont
les journalistes qui molestent les militants. Je me suis proprement fait
piétiner par le journaliste du Petit Journal de Canal + qui avait décidé qu’il
mettrait son micro sous le nez de Jean-Luc Mélenchon, dès fois qu’il ferait un
lapsus ou dirait un mot pour un autre. C’était incroyable, j’ai eu beau lui
assurer que non, il n’y avait pas d’espace vital entre moi et la tribune pour
le laisser passer mais je ne sais s’il ne m’a pas entendue ou s’il n’en avait cure
(personnellement je penche pour la seconde hypothèse car tout le monde m’a bien
entendue) toujours est-il qu’il est passé sans problème après m’avoir poussée, marché
dessus et écrabouillé un enfant qui vociférait au passage. Plus d’indignation
que de mal cela dit. Mais tout de même, ce malotru n’avait qu’à atteindre dix
minutes que la foule s’espace un peu et même son caméraman aurait pu passer.
Sauf que, si vous ne le savez pas je vais vous l’expliquer, les journalistes,
tous concurrents, fonctionnent en troupeau, de peur qu’un confrère récolte une
parole qu’il n’aurait pas eue. C’est le consensus du formatage, on fait tous
pareil comme ça on est sûr que personne ne sera mieux que les autres.
in: Big event little summary
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11 commentaires:
touchant et juste, pour ce que j'en ai vécu.
Merci
Tu es mon lecteur number one !
Formatage du "système" journalistique.
Sauf le tien Angelina, pour ce qu'il en est
C'est trop mignon :)
Je me permets, hein, en tant que "lecteur nomber one", de rajouter mon adresse aux abstentionistes éventuels
http://lecridupeuple.wordpress.com/2012/05/04/a-mes-amis-du-front-de-gauche-qui-ne-veulent-pas-voter-hollande/
@lecridupeuple : tu as bien fait, la preuve !
Et après le 6... Continuons dans la rue !
C'est vraiment mauvais
Quel succès
Merluchon le Front Machon... Vous en êtes là ? Seigneur !
Apparemment vous aussi vous êtes là :)
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