lundi 29 octobre 2007

"This is England"

« This is England ! » et dès le générique, nous sommes propulsés dans l’Angleterre des années 80, celle de Thatcher, de l’aérobic, de Space invaders… Mais aussi la guerre des Malouines, absurde, incompréhensible, le chômage qui monte...

Shaun est un gamin de 12 ans, orphelin d’un père officier mort pendant la guerre des Malouines. Un peu bagarreur, il joue seul, est en but aux moqueries de camarades d’école. Une bande de skinheads glandeurs, pas très malins, prend cet ado en manque de repères sous son aile… Shaun découvre les joies de la vie en bande, les délires et les plans à la loose. Jusqu’au jour où Combo débarque. Après 3 ans de prison, le chef de la bande vient rallier ses troupes au National Front. Certains partent, d’autres restent. Shaun reste…


Ce film est le récit d'un violent passage de l’enfance à l’adolescence mais aussi un portrait quasi-documentaire et sans concession de l’Angleterre sous Thatcher. Et c’est bien là tout le probléme du film qui oscille entre tendresse, rires, et une violence qui provoque l'effarement, un racisme crasse. A la vitesse de l’enfance, nous passons du rire au larmes, de la nostalgie au dégoût…

Les personnages sont décrits avec intelligence et l'ont sent que le réalisateur, Shane Meadows, ne veut pas les juger. Cependant, il est dérangeant, parfois insupportable de voir cet enfant manipulé par des adultes. Et le rire devient grinçant...

Un merveilleux petit acteur que ce Thomas Turgoose, si impeccablement anglais, merveilleusement serait le mot juste. L'air buté et tellement enfantin, l'accent et la gouaille des gens du Nord.

Un très beau film sur l'Angleterre toujours hantée par le spectre du Thatchérisme.


in : Angelina's amazing envy of cinema

lundi 22 octobre 2007

Je pense à toi comme ça




in : My life

Un peu de moi

Geee… déjà quatre de mes lecteurs passionnés qui réclament un peu plus de my life sur mes petites fables. Comment répondre à leur attente sans me fourvoyer dans l’indiscrétion, sans finir dans le voyeurisme, sans sombrer dans le ridicule, sans tomber dans l’écueil du gnan-gnan, du je-vous-avais-pas-dit, du vous-savez-quoi-?, sans attérir dans le banal et l’anecdotique ?

Ce blog est parti d’une envie de dire tout et n’importe quoi, comme un grand patchwork ou une gigantesque salade russe. Il n’est assurément pas le pendant de mon journal intime en ligne. D’ailleurs, je ne sais pas si c’est juste une impression, et peut-être pourrez-vous me donner la vôtre dans les commentaires, mais il me semble que les journaux intimes on line n’ont plus trop la côte. En crapahutant sur la toile, je découvre plutôt des blogs créatifs, militants, inventifs.

Quelques indications anodines pour en savoir plus sur moi : j’ai un collègue qui s’appelle Caribou et qui met 5 sucres dans son thé (sic), j’ai une copine qui vit en Floride et qui est trop belle depuis qu’elle s’est laissé pousser les sourcils. J’ai un humour bizzare et je rigole toute seule de mes blagues, au propre comme au figuré, et parfois mon humour m’épate tellement que je repasse mes blagues en revue le soir avant de m’endormir (bien qu’elles n’aient fait rire que moi), et parfois même je n’arrive pas à m’endormir et je souris ou je pouffe toute seule entre mes draps…. Bon c’est n’importe quoi…

J’adore le magazine Elle, même si je le trouve parfois à la limite du vide intersidéral et d’un m’as-tu-vuisme arrogant, mais c’est agréable un peu de futilité et d’arrogance. C’est surtout agréable de regarder toutes ces choses hideuses et outrageusement chères que je ne pourrais jamais me payer mais tellement modes et tellement classes. Le chic du chic, c’est décortiquer les pages mode de Elle, les apprendre par cœur même et faire tout le contraire, c’est-à-dire ne jamais faire ce que Elle préconise. Les fiches-recettes de Elle sont un monument à elles seules. Si vous êtes novices et en quête d’idées pour cuisiner, ne les utilisez pas. En général, c’est pas bon. D’ailleurs, je signale à celui de mes lecteurs passionnés (et je sais qui sait…) qui a pris le risque de réclamer des recettes de cuisine, que j’adore faire des expériences, des mélanges, créer de nouvelles saveurs. Mais c’est souvent immangeable. Enfin, pour te faire plaisir, W. , j’en mettrai bien une ou deux par-ci par-là.

Autre chose. Depuis quelques temps, j’ai découvert Facebook. C’est très à la mode, surtout depuis que Le Monde a débusqué les profils pas privés des VIP. À mon humble avis de ronchonneuse, c’est rigolo cinq mn chrono.

Quoi d’autre ? ça va, c’est bon là pour un peu de moi. J’ai assez dit d’inepties pour aujourd’hui…

PS : Merci aux personnes qui ont dit que ce blog était très bien comme ça.


*Photo de Barbara Steele


in : My life

dimanche 14 octobre 2007

Petit diaporama à la bourre

Je n'en ai pas parlé par manque de temps, mais cette année, je suis allée faire un petit tour à la Fête de l'Huma. Voici une récap en images.

Olivia Ruiz a fait danser le Parc de la Courneuve avec son rock suave et son flamenco rauque.


Olivia Ruiz sur l'écran géant.


Petite vue d'ensemble après le concert d'Olivia Ruiz.


No comment.


Concert rock et pogo.


Ambiance dès le vendredi soir.


Musique cubaine.





Le village du livre.


Danses folkloriques du Vénézuela.


Concert énergique du collectif Origines Contrôlées.


Iggy Pop sur scène et près de 80 000 personnes à ses pieds reprenant "I wanna be your dog".


"Iggy Pop and the Fucking Stooges" sur l'écran géant. Toujours aussi sexy, Iggy, toujours aussi fou. Pas de stage diving mais une tentative d'immersion dans les premiers rangs réfrénée à grand peine par les services d'ordre. Pas d'invasion de la scène par le public mais quelques chanceux parviennent jusqu'à lui au moment où il scande "No fun... to be alone" juste avant d'inviter une petite jeunette à le rejoindre et se jetter à quatre pattes devant elle sur un "I wanna be your dog" bis repetita...


Derniers discours.


Renaud a clôturé le week-end.


in : Big event little summary

lundi 8 octobre 2007

Il y a un an... Anna

Il y a un an la journaliste russe Anna Politkovskaïa était assassinée dans la cage d’escalier de son immeuble. Consternation en Occident, trop peu de réactions en Russie. Un an après, ses amis se souviennent, des militants des droits de l’homme et des sympathisants se rassemblent, quelques hommages sont rendus, même sous la forme d’entrefilets dans le journal de 20h. Peut-être est-ce la petite flamme Anna Politkovskaïa qui continue de grandir.

On ne peut qu’être abasourdi par le bruit des balles tirées dans le corps d’Anna Politkovskaïa, morte d’avoir été journaliste, d’en avoir fait une valeur morale et d’avoir porté cette valeur jusqu’à l’épuisement, jusqu’à mettre sa vie en danger.

Cependant, sa mort n’aura provoqué aucune révolution orange, ni même rouge sang. Le meurtre d'Anna Politkovskaïa ne sera que le meurtre d'une journaliste de plus, qui a risqué sa vie pour faire son métier. La mini-vague d'indignation qui s'est soulevée en Russie est vite retombée dans l'indifférence. Aujourd’hui, un an plus tard, entre « quelques centaines de personnes » selon l’AFP et « près de deux mille personnes » selon Reuters, se sont réunies à Moscou en sa mémoire. Gary Kasparov, l’un des leader de l’opposition, s’est recueilli devant son immeuble, sur les lieux de son assassinat. Aujourd’hui encore, il a raison lorsqu’il affirmait « Pour des Européens, 5 000 personnes dans la rue, cela ne signifie pas grand-chose. Mais dans un pays où la participation peut avoir des conséquences sérieuses, même un millier de manifestants représentent un exploit » (Lefigaro.fr). Ironiquement, quelques heures plus tard, près de 5 000 personnes, principalement militants de Nachi, le parti fondé par Vladimir Poutine, se sont retrouvés pour célébrer les 55 ans du Président russe. « Aujourd'hui, c'est la célébration officielle de l'anniversaire de Poutine mais dans quelques années, les gens se souviendront surtout de cette date pour la mort d'Anna », a déclaré Kasparov à l’agence Reuters. (lemonde.fr)

Odieux, monstrueux, lâche, minable à l’image de ceux qui l’ont commandité, exécuté, ce meurtre ne doit pas rester sans nous rappeler que, oui, les mots ont encore un pouvoir, que, oui, la vérité dérange, inquiète ceux qu’elle dénonce. Et que, non, le combat de cette journaliste intègre, jusqu'au-boutiste, n'était pas vain. Puisqu'ils ont eu peur d'elle au point de la tuer. Son courage, son refus de plier devant les menaces les plus sordides, nous rappellent qu’il faut faire résonner la vérité sans relâche.

Car Anna Politkovskaïa fut la seule journaliste à continuer à rendre compte inlassablement de la guerre en Tchétchénie, des exactions d’une armée qui se permet toutes les violences, de l’injustice, de la sauvagerie, souvent au péril de sa vie, Comme en témoigne le Guardian en octobre 2004 :

« Politkovskaïa s'est retrouvée seule, la nuit, dans les collines tchétchènes, se sauvant dans l'obscurité. Elle fuyait le FSB (Service Fédéral de Sécurité russe), qui voulait l'arrêter. Mais là, dans les montagnes d'une région sans loi, immergée dans le carnage, elle pouvait être victime de n'importe qui ou n'importe quoi ; des bandits tchétchènes, des milices de la mort des gouvernements russe ou Tchétchène, un cou cassé. C'était l'Europe, en 2002.

« J'ai marché toute la nuit, » raconte-elle. « Je voulais rester vivante ! C’était terrifiant. J'ai atteint le village (tchétchène) de Stary Atagi à l'aube. Je suis restée là un jour et une nuit, en gardant la tête basse... » Elle en parle un moment, puis semble soudain se ressaisir, sentant peut-être que le récit d’une des nombreuses fois dans sa carrière de journaliste où elle a été confrontée à une menace d'emprisonnement ou à un danger est déplacé par rapport à l’évocation de son métier. « Ce sont juste des détails, » dit-elle pour couper court.
»

Contrairement à ce qui s’est dit, elle ne mettait pas de pathos dans ses articles. Elle rapportait tout, au contraire, avec une minutie méthodique. Elle était précise, déterminée dans son écriture. Elle connaissait les gens dont elle parlait pour les avoir écouté, les avoir regardé dans les yeux. Sa patte a été de se mettre souvent en scène, ou du moins de parler à la première personne (comment aurait-il pu en être autrement dans de telles circonstances ? ), mais elle se donnait le rôle d'un témoin. Ses papiers faisaient preuve d’une grande humanité dans le sens où elle ne jugeait jamais d’avance. Elle rapportait aussi bien les souffrances des réfugiés tchétchènes que celle des jeunes appelés russes, jetés dans la guerre contre leur gré.

Elle a même dépassé ce statut de témoin le jour où elle a joué le rôle d’intermédiaire lors de la prise d'otages d’un théâtre à Moscou. Elle se proposait de le faire à nouveau à Beslan, pendant la prise d’otages dans une école, lorsqu’elle est tombée malade suite probablement à un empoisonnement. Dans le même article du Guardian publié en octobre 2004, elle estimait qu’il ne fallait pas y voir un faux pas de journaliste et qu’en franchissant ce pas, elle avait appris tant de choses qu’elle n’aurait jamais découvertes en restant dans la foule.


Il est emblématique, qu’à l’heure où la Russie s’enfonce dans l'apathie, ce soit une femme, frêle presque fragile, qui ait pris tous les risques pour dénoncer sans jamais se défiler les exactions, les injustices, les crimes contre l’humanité, l’intoxication des mentalités. Il est emblématique que ce soit une femme, encore, une femme en colère, qui semblait être comme un dernier rempart face à la sauvagerie. Mais que la sauvagerie n'aura pas épargnée.

Car enfin, il faut bien avouer qu'Anna Politkovskaïa était aussi la bonne conscience de l'Occident, qui déléguait à ses associations et autres institutions le rôle de lui décerner prix et récompenses pour son action tout en ne soutenant jamais son combat. Sa mort ne doit jamais cesser de nous interroger sur notre commerce avec le monde. « Il est impossible de parler d’un côté du nombre monstrueux de victimes en Tchétchénie et du terrorisme qu’il engendre pour ensuite dérouler le tapis rouge, embrasser Poutine et lui dire « Nous sommes avec vous, vous êtes le meilleur. » Cela ne devrait pas se produire. Je comprends, notre pays est un grand marché, très attractif. Je le comprends très bien. Mais nous ne sommes pas des gens de seconde classe, nous sommes des gens comme vous, et nous voulons vivre », affirmait-elle encore au Guardian en 2004.


in : The world is crying out loud

mardi 2 octobre 2007

Till love tears us apart again

When the routine bites hard...

En quelques mots, Ian Curtis savait toucher les consciences, pulvériser le quotidien. Sa noire poésie alliée à une musique quasi-hypnotique, violente comme le rock, mais enfiévrée, répétitive et obsédante, cette voix rauque et caverneuse enfantée par un corps malingre, c’était Joy Division.

De Joy Division, je ne savais que peu de choses avant le film Control. Le concert des Bains Douches en 79 entendu un soir à la radio, l’histoire du chanteur qui s’était pendu, parce qu’il était malheureux... à 23 ans. Et ces chansons, fortes, envoûtantes et morbides. Groupe mythique de Manchester, mythique parce que la ville porte encore ses stigmates. Un chanteur dépressif, beau comme un jeune homme trop jeune et trop fragile. Mais pas l’épilepsie. Alors, tout s’explique.

Car ce film est aussi l’exposition brillante d’un équilibre ténu, l’histoire d’un homme dépassé par son talent, qui perd le contrôle de son existence lorsqu’il devient célèbre, le contrôle de sa vie privée lorsqu’il se retrouve tiraillé entre sa femme et sa maîtresse, le contrôle de son corps et de son esprit lors de ses crises d’épilepsie. Judicieuse la scène qui illustre la façon dont Ian Curtis a écrit She’s Lost Control.

Définitivement, pour moi, Joy Division était un groupe en noir en blanc, et Anton Corbijn, le réalisateur de Control, était certainement le mieux placé pour mettre leur fulgurante existence en images, noires et blanches. Après les pochettes léchées de U2, les clips au bord de l’overdose esthétique de Depeche Mode, Anton Corbijn a trouvé le noir et blanc crade comme il faut pour restituer la noirceur, le délabrement, le misérabilisme du Nord de l’Angleterre. Première et dernière images du film se répondent, toutes les deux sublimes. Et entre les deux, un film, une histoire portés par un acteur habité. Sam Riley est plus qu’un acteur incarnant un chanteur de rock défunt, il est chanteur de rock lui-même et il est originaire de Leeds. Qui mieux qu’un chanteur de rock pouvait jouer, mimer à la perfection la fièvre d’un concert. Ce choix nous épargne le ridicule d’un Val Kilmer dans le rôle de Jim Morisson, entre autres...

Control est un film sur le rock, quasi-documentaire mais toujours lyrique, hautement photogénique. Un hommage à la hauteur de son sujet. Gageons qu’après Ian Curtis, le prochain sur la liste est Kurt Cobain. La cicatrice Cobain étant encore vive dans le cœur du public, cela nous laisse quelques années de répit.


in : Angelina's musical fantasy