Gideon Levy est, comme on aime à le dire en France, le "poil à gratter" (1) d'Israël ou bien "son épine dans le flanc" (2). L'une des rares voix, courageuses, à s'élever en Israël pour protester contre la politique des territoires occupés. L'un des rares, avec sa consoeur Amira Haas du journal Haaretz, à décrire, rapporter, dénoncer par le menu les exactions commises à Gaza et en Cisjordanie par l'armée israélienne. Quand je dis "par le menu", je veux dire qu'il évoque des vies, des gens, en leur donnant des noms, des visages, en racontant les détails qui font de tous les jours un calvaire.
Ce journaliste internationalement reconnu, grâce à la version anglaise online de Haaretz, était récemment à Paris pour promouvoir la publication d'un recueil de ses articles, Gaza, articles pour Haaretz, 2006-2009. Et ce n'est pas un hasard si la maison d'éditions française qui a eu cette idée brillante n'est autre que la Fabrique. Une enseigne militante qui a publié de nombreux essais sur la question palestinienne.
L'événement, à la librairie de l'Atelier à Paris, ce vendredi 15 janvier 2010, en plus de rencontrer un grand journaliste, aura été d'entendre un homme parler avec sa raison et son coeur. Il n'a pas de haine, ni de mépris, mais une grande colère envers les dirigeants d'Israël qui, dit-il, commettent chaque crime dans les territoires occupés en son nom. Et ce n'est pas sans humour (mais noir) que Gideon Levy raconte une société tombée dans le coma, des citoyens indifférents au sort des populations palestiniennes, une opposition politique en berne, un camp de la paix minoritaire et muselé.
Vous pouvez lire le compte-rendu de cette soirée sur Bakchich.
gideon levy plomb durci
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"Quand je regarde en arrière, je suis encore plus fier que je ne l'étais alors. Parce que un an plus tard, tout ce que j'ai dit alors est devenu encore plus clair, et plus de gens pensent comme moi. (...) Et je peux regarder ce que j'ai fait avec fierté. Dès le premier jour de cette guerre, que je n'appelle pas une guerre, le premier jour de cette attaque brutale sur une population sans défense, dès ce premier jour, j'ai vu ce que Richard Goldstone a vu un an après."
Gideon Levy et l'utilité du journalisme
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"L'influence (que je epux avoir) est très difficile pour moi à juger. Je suis très sceptique à propos de l'influence de n'importe quel journaliste, en tant qu'individu. La plupart du temps, je pense que ce que je fais est destiné aux archives qu'un jour quelqu'un ouvrira. Et il se rendra compte qu'il y avait aussi une autre voix en Israël. La plupart du temps, je pense que peut-être que les Israéliens diront : "Nous ne savions pas". Et les gens diront : "C'était dans Haaretz. Vous ne pouvez pas dire que vous ne saviez pas. Peut-être que vous ne vouliez pas savoir." C'est très difficile d'en juger. De temps en temps, je reçois des signaux encourageants que peut-être les choses sont en train de pénétrer, d'influencer, de changer les consciences. mais c'est très difficile à mesurer."
Vous pouvez retrouver la transcription de cette soirée dans sa presque totalité ici.
(1) in Mediapart, 15 janvier 2010
(2) in Le Monde, 5 septembre 2006
2 commentaires:
Certainement Gideon Levy écrit-il une histoire dont il ne connaît pas la fin. Mais sa voix dans le désert n’est pas prête de se taire, car comme il dit : « Au Moyen-Orient, comme partout, il faut être assez réaliste pour croire aux miracles. »
Gaza : Articles pour Haaretz, 2006-2009. 220 pages, 14euros, La Fabrique Éditions.
Hello. And Bye.
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