mercredi 1 décembre 2010

Whisky et bas de soie from Grégory H



Trois étages les séparaient. Une trentaine d'années également. Le couple est locataire au troisième étage et a la trentaine. Le propriétaire, au sixième, avait la soixantaine. L'immeuble est sans histoires. Jusqu'au 10 mars 19... Ce jour-là, les époux Piéron ont monté les trois étages qui les séparent de Monsieur Tanvori. Pour fêter soit-disant le retour à l'emploi de Michèle et payer comme chaque mois le loyer. Depuis deux ans, le règlement se fait ainsi sans histoire malgré les ressources modestes de Jean-Paul et de sa femme. Mais cette fois-ci, ils sont venus pour l'apéritif avec deux bouteilles de whisky. De quoi alerter Donatien, mais celui-ci n'est pas méfiant. Pas plus qu'il ne l'a été quand Jean-Paul a accepté de l'accompagner à la banque et l'a vu retirer la somme rondelette de 40 000 francs, la veille. Il n'a pas fait le lien entre les deux événements, et pourtant c'est la véritable raison de la visite du couple.
 L'autopsie a révélé l'absorption d'un demi-litre de whisky. Ceux qui ont connu Donatien, et notamment sa fille présente au tribunal, ne peuvent croire qu'il ait bu de son propre chef cette quantité d'alcool. Jean-Paul a prétendu que Donatien souhaitait s'amuser ce soir-là. La cour a insisté sur la tenue vestimentaire de Michèle et sur le rôle de séduction qu'elle a joué. Il y aurait même eu selon certains témoins une relation ente la locataire et son bailleur. Les rencontres dans l'appartement de Donatien étaient régulières, et Jean-Paul l'aurait appris. L'enquête de police a permis de retrouver une partie de la somme dans des sous-vêtements féminins, qui après enquête sont ceux de Michèle. « Salope » a crié son mari au cours de l'audience.

La suite n'a été qu'un enchaînement de contradictions et d'injures entre les conjoints, chacun accusant l'autre d'avoir eu l'idée de la visite. Jean-Paul n'a pas su convaincre les membres du jury. Probablement à cause de son goût immodéré pour la boisson d'Outre-Manche, bien connu des voisins, et que n'affectionne pas Michèle. Verdict : quinze ans fermes pour Michèle et vingt pour Jean-Paul. L'usage de lingerie féminine comme bas-de-laine n'est jamais innocent.

Grégory H



in: La part du fabulateur

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