vendredi 18 février 2011

Antidote à l'identité nationale

Frehel, Brel, Mano Solo peuvent dormir tranquille. Le flambeau est entre de bonnes mains. Deux CD pour un premier album, deux pour le prix d'un mais surtout pour un coup de maître. Véritable antidote à l'identité nationale, ce Citoyen du Monde inocule la joie de vivre, revendique le multiculturalisme et transmet une furieuse envie de danser. Au menu, des voyages, du soleil, des étrangers, des vagabonds, de l'amour et surtout de la fraternité.

D'identité, il sera beaucoup question dans l'album de nos Saltimbanks, surtout si elle est internationale, surtout si elle unit les peuples d'en bas autour de la lutte des classes et les fait clamer le poing fermé
"El pueblo unido jamàs sera vencido" 
dans La Unidad. Le poing fermé, non de rage mais plein de fierté. Ils nous emportent avec leur musique dorée, une explosion de sons et de saveurs, comme un vent du désert qui veut vous habiller. Des rythmes enivrants qui font tourner, qui changent le gris en coloré. Jusqu'à guider nos pas vers une multinationale Jerusalem.


Pochette rouge et or, flamboyante. Des initiales : HK et des Saltimbanks qui jonglent de l'accordéon, de l'orgue, de l'harmonica, de toutes sortes de guitares, de la mandole, de la trompette et du violon. Rejeton de MAP, petit frère de Zebda, cousin de Mouss et Hakim, HK conjugue les rêves et les utopies, décline une douce folie et récite ses fabulettes urbaines sur une poésie habillée de slam et de vieille chanson française. Il se revendique Citoyen du Monde. Il se veut Enfant d'une Epoque, loup, Beatle d'occas, Troubadour. Il est surtout enchanteur et allumeur de braises. Sa chanson On lâche rien est devenue, en une après-midi pluvieuse et une vidéo, l'hymne des manifs contre la réforme des retraites.

HK et ses Saltimbanks étaient à la Flèche d'Or hier à la rencontre d'un public toujours plus nombreux qui mélange indifféremment les genres, les couleurs et les âges. Cette musique parle d'abord au corps et au coeur. Généreuse et lumineuse, elle joue la gamme du partage.                        

L'album s'ouvre sur de mystérieux Airs Nomades pour finir sur l'amère conclusion que L'Homme est un Loup. Un Salam Alaykoum qui serait une Chanson pour l'Auvergnat à l'envers. Certes, ils ont le regard qui portent loin ces saltimbanques, égrenant un rock mâtiné de reggae, haché de hip-hop, trempé de musette et ébouriffé de techno sur l'étonnant Un Air d'Accordéon samplé sur une chanson de Lucienne Delyle








Sous des dehors souriants, légers et pleins d'humour, l'album se fait aussi constat accablant de notre société. Des sans-papiers de Ta Récompense aux étrangers de Citoyen du Monde (partisan d'un monde sans frontières) 
"Il y a le bon étranger, celui que tu accueilles les bras grands ouverts / et il a le mauvais, celui que tu pourchasses dès qu'il a franchi ta frontière"
les chansons se font tableaux d'un aujourd'hui sombre frôlant le désespoir,
"Passer ma vie à crier à l'injustice et au mensonge / Passer ma vie à passer pour un fou, un parano, un étrange / Passer ma vie à m'indigner pour tout et pour n'importe quoi / Passer ma vie à radoter les mêmes mots pensés mille fois" (Passer Ma Vie)
jusqu'aux élans d'espoir proclamés par L'Homme Est Un Loup,
"Combien de Jean Moulin tombés aux mains de l'ennemi / Pour un seul Nelson Mandela, triomphant de l'infamie / RAres sont les victoires. Courts instants de répit / Mais tant qu'elles existent, on peut croireque tout n'est pas déjà écrit"
en passant par le cri d'un brûlant Tout Va Bien,
"A c'qui parait la France, c'est le pays des Lumières / Moi la lumière ils m'l'ont coupée depuis qu'j'avais plus d'quoi payer" 
pour finir sur un prophétique et hilare Niquons La Planète
"Faisons péter la couche d'ozone, rasons tout, faisons place netter. / Ne laissons surtout pas à nos mômes le plaisir de payer nos dettes"

HK à la Flèche d'Or © Martial Denais
Photo publiée avec son aimable autorisation


Et dans son show drôle et parfaitement rôdé qui nous offre une imitation de Sarkozy devant lequel il faut se baisser, une maman pleine de tendresse qui fait rire et qui fait pleurer, le public joue le jeu, danse, fraternise, rit et valse pour rire, cette danse de l'amour,
"Ma chérie que tu es belle, belle comme le jour / J'aimerai vivre avec toi la plus belle des plus belles histoires d'amour / Je t'offrirai une bague avec le plus gros des diamants / Devant les caméras on se fera un week-end à Disney Land" (Ma Parole)
et se laisse habiter par l'ambigu Air d'Accordéon qui joue sur la dualité air d'accordéon/présence masculine
"Tant pis si c'est moi qui cause / Je veux bien qu'tu m'offres que des silences (...) Et si tu sais lire sur mes lèvres / Tu m'entendras ptête dire je t'aime".


Désormais citoyen de mon coeur pour longtemps, parfait remède contre la morosité, ce Citoyen du Monde devrait être remboursé par la sécurité sociale, moi j'dis.



in: Angelina's musical fantasy

6 commentaires:

Dida a dit…

"rfait remède contre la morosité, ce Citoyen du Monde devrait être remboursé par la sécurité sociale, moi j'dis."

Bien d'accord, un véritable médoc.....

Martius a dit…

tres bien ton article.

Anonyme a dit…

Conseils tres interessants. A quand la suite?

Ferdinand a dit…

on peut aimer la culture française ET les autres cultures, et donc ne pas avoir besoin d'antidotes aux cultures (et identités) nationales. c'est parce que l'on sait où l'on habite que l'on sait apprécier les voyages (par définition) ; à l'inverse si l'on est de nulle part on est alors toujours en transit (ce qui n'est pas un voyage, au contraire). "antidote" est apparemment inapproprié... sinon, la musique a l'air très chouette, merci ^^

Angelina a dit…

Merci Ferdinand. Il n'était pas question d'opposer les cultures. Le titre de l'article est une référence au débat lancé par Sarkozy qui a tenté de diviser pour mieux régner.

Ferdinand a dit…

au niveau politique, ce n'est pas le seul à diviser, cela dit ^^
pour ma part j'estime que c'est parce que l'on aime son identité, parce que la personnalité est forte et importante, que l'on est le plus à même d'apprécier celle des autres. e...n se stigmatisant soi-même, en se rejetant soi-même, on ne peut pas il me semble sentir les nuances de ce que l'autre apporte. en bref, on intègre pas l'autre (en soi, et avec soi) si l'on est désintégré. easy ^^ (et sarko là-dedans ? tout ça lui échappe, il fait de la politique facile, ras les pâquerettes, mais personne n'est dupe t'inquiète) @++