dimanche 26 février 2012

Je déteste Madame

from Le Cri du Peuple



Pour l'apéritif coquin de ce soir, je vous propose un fantasme sorti tout droit de l'inconscient ou de l'imagination du Cri du Peuple. Le Cri du Peuple, qui s'est pris au jeu, nous propose de passer par la case executive woman et dominatrice sur son échiquier libertin. Deux en une, un portrait sans concession et un épisode fiévreux.

Bonne soirée !


Je déteste Madame.

Hier encore, à l'heure où je m'en vais habituellement, vers dix-huit heures trente, elle m'appelle par la ligne interne. Elle met le haut parleur pour me parler, je reconnais toujours cette résonance particulière, un brin métallique. Et je déteste cela, Elle le sait. Un mot : « Venez ». Madame me vouvoie. Pas par respect, bien sûr. Elle me fait juste remarquer que nous n'appartenons pas au même monde. Elle n'a pourtant nul besoin de me le signaler, cela se voit à l'œil nu. Je ne peux porter, comme Elle, des vêtements de marque, ces atours si ajustés qu'on les dirait cousus sur Elle. Regarder Madame, c'est comme regarder le soleil en face, sans lunettes foncées. Si bien que je baisse la tête à chaque fois que je La croise.

Je pénètre dans son bureau, mes dossiers sous le bras. Je me trouve empoté, maladroit. Elle est assise dans son profond fauteuil désaxé par rapport au plateau de travail. Ses jambes sont croisées, elle balance son escarpin gauche du bout de son orteil gaîné de soie noire. Personnellement, je préfère lorsqu'Elle porte des bottes. Nonobstant, ma glotte se meut convulsivement et j'ai le souffle court. Je baisse les yeux. Madame glousse. Elle me laisse debout, les bras chargés de mes dossiers pendant que les secondes s'égrènent longues comme des siècles sans Dieu. Sur le clavier de son téléphone intelligent, elle fait cliqueter ses longs ongles manucurés. A la dérobée, j'attrape son sourire narquois lorsqu'elle me regarde par en dessous. Qu'on en finisse ! Je me fonds dans le miroir de mes chaussures cirées. Je n'entends plus que le tic tac de ses ongles sur le plastique du clavier téléphonique, un vacarme qui me broie le crâne. Je me sens rougir.

« Posez donc ces dossiers stupides ! » Sa voix a claqué. Le brouhaha ambiant a disparu sous le tapis pure laine sur lequel je perçois quelques taches dont je peine à deviner l'origine. J'ai du mal à respirer. Des crampes jouent avec mes pieds, un léger vertige... Sa main claque sur ma joue. Je tressaute et laisse tomber ces fichus dossiers. Je me précipite. A quatre pattes sur le sol, je tente de ramasser les feuilles éparses. La pointe noire, cuir verni, de Son escarpin. Je m'immobilise. Un silence poisseux s'est installé dans toute la pièce, suant des tentures murales aux reflets soyeux, tons mordorés alternant avec des rouges cramoisi. Assorti à ce que je suppose être mes joues. Mes lèvres effleurent le cuir, son odeur m'emplit les narines, ma langue goûte leur saveur exquise. Ça m'a pris comme ça, une impulsion obscène, je m'en doute, une boule dans le ventre qui grossit à mesure que je lèche - oui, je lèche - Ses souliers délicats. 

Sa main, oui sa main ! agrippe mes cheveux, écrase mon visage sur le cuir ; elle le lustre avec la peau de ma face écarlate. Un chamois à 6 000 nets mensuels ! Tu parles d'une rentabilité. Tenant toujours ma chevelure dans Ses doigts pinces, Elle me fait me relever, j'en profite pour aspirer l'air. Ça va finir, je vais me réveiller. Sa poigne ferme, étonnamment puissante pour une personne aussi menue, me conduit au coin de la salle. Je me retrouve dans l'encoignure. Un gamin puni. J'ai les mains croisées dans le dos. Je sens la chaleur des rayons du jour mourant s'écraser contre l'immense paroi vitrée de Son bureau. Malgré cela, j'ai soudain froid aux fesses. D'un doigt méprisant, Elle fait claquer l'élastique du string sur ma peau. Je retiens un frisson. Sa main glisse, ongles en avant, agressifs, le long de la couture de mes bas noirs. Ça crisse et j'en frémis. 

Le silence à nouveau. Saleté de tapis. Qui étouffe le bruit de Ses talons, qu'Elle porte pourtant aiguilles, phallus adorés. Je perds la conscience du temps. J'ai envie de quelque chose. Je voudrais. J'ai envie de crier. Je me mords les lèvres. Je crie ! La cravache entaille ma chair. Un. Deux. Cinq. Huit. Onze. Je peine à reprendre ma respiration entre chaque décompte. Mon fessier, charnu pourtant, je le sens à vif. Mon sexe trahit mon émotion. Je vais... 

« Rhabillez-vous, monsieur de La Vergne. »

Il est dix-neuf heures quarante trois. Je déteste Madame. Mon téléphone reste muet.

Détail d'une photo de Karl Lagerfeld
Photo trouvée






in: The closer I get

6 commentaires:

Sand a dit…

Y a un truc que j'ai pas compris dedans. C'est qui l'auteur ?

Angelina a dit…

Ben c'est Nathanael

Sand a dit…

Ha. Et donc j'ai pas compris si le perso etait un homme ou une femme y a une histoire de strings /bas louche. Ou c'est moi ?

Angelina a dit…

Ah pcq dans ta jolie tête de Sand, y a que les femmes qui portent des strings ?!!!!

Sand a dit…

Des strings et des bas ? Han. Qd j'ai compris.

Sand a dit…

j'ai des fantasmes trop classiques pardon j'entre au carmel.