jeudi 21 juin 2012

"Ҫa va pas les gens ?" (4)


Malgré la pluie, le froid et même la grêle, ne sentez-vous pas comme moi ce délicieux parfum estival qui persiste à flotter ? Le temps a beau faire grise mine, les collègues toujours plus la gueule en s'acharnant à être encore plus de mauvaise foi et le boss continuer à mettre la pression en s'acharnant à être encore plus de mauvaise foi, rien n'y fait, l'été sera bientôt là. Et pour ne pas vous désespérer en plus de cette météo pourrie, lecteurs délicieux, je viens égayer (ou exaspérer) votre quotidien au bureau avec ma petite série folledingue sur la vie au bureau (la vôtre, la mienne, la nôtre...)

Oui ! Ne boudons pas notre plaisir de retrouver, après les avoir abandonnés à leurs mornes activités, nos héros de l'ordinaire qui ont beau jeu de se débattre telles des fourmis emprisonnées dans des tubes à essai, métaphore de leur triste existence. Après le patron cocaïnomane et le DRH zélé, nous nous étions arrêtés en plein suspense dans un échange très hiérarchisé entre un super manager si averti qu'il en vaut deux et son assistante, corvéable et flexible à souhait. Voici la suite de l'email très acidulé que nous avions entamé . (Et là, je vous conseille de cliquer afin de vous rafraîchir la mémoire).


« (...)
Laisse-moi t'expliquer comment progresser afin que mon travail puisse devenir encore plus efficace. Si tu fais beaucoup de choses de façon satisfaisante, tout n'est cependant pas parfait, loin de là. Je dois pouvoir compter sur toi pour tout ce qui concerne le bien-vivre de cette société, pour ne rien oublier et ne jamais me tromper. Pour se faire, j'ai donc besoin que tu me prêtes ta plus grande rigueur, toute la minutie dont tu es capable pour valider tous les enjeux administratifs qui t'échoient.

Par exemple, nous vivons au milieu d'échéances dont tu dois automatiquement détecter l'urgence, l'importance et la confidentialité. A toi d'en gérer la bonne marche, le bon suivi et le bon retour.

-  Sois consciente du niveau d'urgence de n'importe quel enjeu : à toi d' en déduire un niveau de priorité. Le café de ton supérieur hiérarchique, quel qu'il soit, est important. Le café pour un visiteur est urgent et important. Je te laisse deviner le niveau d'urgence et d'importance du café que tu te tapes entre deux et six fois par jour, devant la machine, en bavassant avec tes collègues. (ça te fera un bon exercice !)

- Ne compte jamais sur moi pour te donner les bonnes réponses aux questions que tu peux te poser. Si je t'ai recrutée, c'est au contraire pour que TOI tu répondes aux questions que je pourrais me poser. Je dois donc compter sur toi pour : me faire penser à ce que j'ai pu oublier, vérifier que je ne l'ai pas oublié, me relancer afin que je ne l'oublie pas quand bien même tu t'es assurée que j'y pensais encore lorsque tu me l'avais demandé. Je reconnais que cela demande du tact, du doigté, de la perspicacité, de la réactivité. Autant de qualités que je dois retrouver dans une bonne assistante, attentionnée et méritante. (Ce dernier point n'est pas évident, je sais)

Est-ce tu comprends ce que je veux dire ?
Je pense que oui car je m'exprime très clairement et je sais que tu vas consciencieusement exécuter les futures tâches que je te délèguerai afin de mettre en oeuvre au plus tôt les quelques très bons conseils que je viens de te donner. 

Mais pour progresser encore, il va maintenant falloir devenir "infaillible". Car le mal est d'autant plus grand si tu te trompes que lorsque tout se passe bien je suis en confiance, je m'appuie sur toi, je me laisse endormir. Dès lors qu'il y a une erreur, ça devient critique, et même électrique.

L'avantage c'est que si tu réussis à franchir ce cap, tu sentiras que tu pourras prendre plus de responsabilités. C'est plus stressant mais c'est aussi plus gratifiant. Sur le plan de l'expérience mais aussi en rémunération. C'est pour ça que je te pousse dans ce sens.

Note bien que mon intransigeance envers toi est le seul moyen dont je dispose pour t'aider à progresser. Maintenant que tu es bien prévenue, ne lève pas des sourcils pointeurs vers moi la prochaine que je te solliciterai sur telle ou telle mission. J'attends que tu t'acquittes du rangement de mon bureau et du relevé des heures supplémentaires des collaborateurs avec la même diligence. Ne ménage pas tes efforts pour satisfaire mes attentes. Sache en sus que je ne doute pas de tes capacités.

Le chieur »


(à suivre)


Photo tirée du film Austin Powers



Pour relire le premier épisode.
Pour relire le deuxième épisode.
Pour relire le troisième épisode. 




in: The importance of being crazy

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