lundi 29 mars 2010

Soft monday

Cinq ans après son dernier album, l'artiste congolais Lokua Kanza revient avec le magnifique Nkolo ("Dieu" en lingala, langue parlée au Congo). Album spirituel, inspiré et chaviré par le souffle chaud des mélopées vocales, par la douceur de la sanza, autrement appelée le "piano à pouces", par la voix habitée du chanteur qui s'exprime dans pas moins de cinq langues.

Plus qu'un Gloomy Monday, c'est plutôt un Soft Monday que je vous propose aujourd'hui.




Cliquez ici pour écouter l'album de Lokua Kanza.



Le myspace de Lokua Kanza.




in : Gloomy monday

jeudi 25 mars 2010

Effet fantôme

Et moi alors ? Personne ne me demande ce que j'ai pensé du dernier Polanski ?

Puisque personne n'insiste, je vous le dis.

Le dernier Polanski est fa-bu-leux !... à condition de n'avoir vu aucun de ses films avant.





"The Ghost Writer" (le nègre en français) joue avec les mots. Un écrivain est recruté pour réécrire les mémoires de l'ancien Premier Ministre britannique. Il prend ainsi la place du nègre officiel récemment trouvé mort sur une plage. C'est également de cet écrivain fantôme dont il s'agit. Un clin d'œil un peu grossier à l'une des thématiques préférées du réalisateur, le double. Ce double n'a en effet rien à voir avec la schizophrénie de Répulsion ou du Locataire.

Foin de délire paranoïaque. Loin de se voir hanté par ce fantôme qu'il doit remplacer, le personnage principal, incarné par Ewan Mc Gregor, se contente de mener une enquête, tout en échappant à des poursuivants qui essaient de le neutraliser.

Certes, l'intrigue tient la route, il y a du suspense, des rebondissements, de beaux effets scénaristiques. Certes les décors sont bien pensés, comme l'a si bien remarqué Serge Kaganski sur le site des Inrocks au point d'oublier de parler du film. Mais d'où viennent alors ce petit air de déjà-vu, ce sentiment de délavé ?

Pour moi, Roman Polanski est passé à côté de la seule bonne idée de son film : l'évocation de Tony Blair que l'on n'a aucune peine à reconnaître derrière cet Adam Lang arrogant et antipathique. Le personnage est totalement sous-traité alors qu'il aurait pu générer des sommets d'angoisse comme chez Hitchcock ou chez Chabrol, et Pierce Brosnan aurait pu être sublime. Les personnages secondaires sont, et c'est grand dommage, un peu bâclés (la secrétaire amoureuse, le père du militaire, l'habitant de l'île) au profit d'un Ewan McGregor qui jouerait le candide de service cher à Polanski, sans la brillance et la drôlerie d'Alfred dans Le Bal des Vampires et sans la maladresse angoissée de Trelkovsky dans Le Locataire.

Si le film se laisse voir, non sans procurer un bon moment de détente, n'espérez pas pour autant vous accrocher au fauteuil durant toute la séance ou sursauter si votre voisin à la mauvaise idée de se racler la gorge. Pour ma part, j'ai plutôt eu l'impression d'avoir assisté à un numéro de passe-passe déjà utilisé et réutilisé au cinéma et de sortir du film avec le sentiment que le réalisateur était plus content de son petit tour de farce et attrape que de la réelle saveur de son histoire.




in : Angelina's thrilling envy of cinema

mardi 23 mars 2010

Haine mémorisée from Minui

Toutes les histoires d'épouvante de Minui sont sur Mind of Concrete.



[mode fiction on]


Rapport de la mémoire du prisonnier 241611

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"Je suis innocent", je le crie depuis des heures, depuis que je me suis réveillé sous cette cagoule. Lorsqu'on me l'a retirée, le monde n'en a pas été moins noir. La différence ? C'est que maintenant je vois mes tortionnaires.

Ils veulent que je parle, mais je ne vois absolument pas de quoi. J'ai supplié de me dire de quoi j'étais accusé. Ils vont utiliser les chocs électriques et j'ai peur. J'ai peur car j'ignore ce qu'ils veulent. Toutes les questions tournent autour de la nuit du 5 novembre. Mais j'ignore même quel jour on est ! C'est à peine si je me souviens de mon nom. Depuis que je suis arrivé, lors des seuls moments où je peux m'exprimer, ils m'appellent Ibrahim, ou un nom en arabe, dont la traduction serait 'Le Juste'. Mais je ne parle même pas Arabe !

Dans la chambre d'interrogatoire, j'ai fermé les yeux. La lumière aveuglante me brûle à travers mes paupières. Mes vêtements me collent à la peau, ils sont trempés. Ça doit bien faire des heures que je suis attaché sur ma chaise sans pouvoir bouger.

Je sens à un moment que l'on se rapproche de ma droite. Un hurlement me tétanise : "TON NOM !" Ma tête se plie de douleur du côté opposé, je manque de me froisser les cervicales dans un geste de réflexe défensif. Mes tympans sifflent. Les larmes me montent au visage. Je leur répète qu'ils me l'ont déjà demandé, je leur dis à nouveau que je m'appelle Gerald, Matthew Gerald. Ils rétorquent que ce petit jeu commence à les fatiguer. Je sens alors des mains qui m'agrippent aux épaules. On me traîne de force, ils vont le faire ! Je me débat mais je suis bloqué, je hurle avant de me noyer la tête dans l'eau. Je sens l'eau qui tente de s'infiltrer dans mes poumons et ces derniers qui tentent de respirer de l'eau. Quand enfin on me relève, j'aspire l'air à plein poumons. Mais ils me replongent directement dans l'eau. Mon corps se débat. Le manque d'air devient douleur. Cette douleur devient insupportable à mesure que la panique s'empare de mon esprit...


Mémoire d'un mort - Linda Blaschette
©
Cédric Monot




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Rapport du lieutenant Kenny Rogers des Informations Spéciales.

La thérapie fonctionne à merveille. Notre patient montre désormais une peur panique à l'approche d'étendues d'eau. Le conditionnement est efficace. Sa nouvelle phobie sera adéquate pour son prochain interrogatoire.

Le conditionnement permet le contrôle de la peur chez le patient. Le contournement des lois concernant les Droits de l'Homme et les Conventions de Genève ne sont qu'une formalité juridique. Il est tellement facile de convaincre des paranoïaques du bien-fondé d'une loi autorisant ce qu'on appelle joliment les méthodes d'interrogatoire coercitives. Il est vrai qu'il s'agit là des techniques non-physiques. Une idée reçue qui fait son chemin dans le public, indique que l'opinion publique approuve les techniques qui ne touche pas physiquement le prisonnier mais ils ignorent que rarement, on se remet des tortures psychologiques.

Pour faire voter ces lois, il est nécessaire de "préparer" la population. Les médias de masses sont une bénédiction. Le racisme organisé stigmatise et cible les parties visées de la population. Cristallisant la peur, leurs proximités augmentent la paranoïa dans la classe moyenne. Le besoin de sécurité entraîne une politique qui débouchera sur des lois sécuritaires et/ou totalitaires pour protéger le pays. Tout cela démocratiquement, Vive la Démocratie !

Les médias sont un réservoir de terreur inépuisable. L'homme a peur de tout et de rien. Grâce aux fictions, et à l'imagination (ou manque d'imagination) des scénaristes, on a par exemple réussi à faire croire à l'ensemble de l'audience, que des personnes ayant un degré de culture extrêmement poussé, ayant fait des études, ayant voyagé sont capables de se transformer en terroristes suicidaires au nom d'Allah et contre la promesse de 72 vierges au paradis. Et c'est nos téléspectateurs qui prétendent qu'ils sont superstitieux et que leur religion est arriérée. Nous n'avons pas fait mieux depuis Himmler.

Sur un coin de la table du lieutenant, une brochure :

Votre réalité est notre réalité :

Xavier Dumont vous présente l'agence Dreamfactory,

Au début, cette technologie avait été développée pour soigner de riches dépressifs et névrosés. Les traitements ont évolué hors de la sphère médicale pour devenir plus accessibles à un public de plus en plus demandeur.


Notre but ? Faire "vivre" votre rêve. Après une analyse complète de vos désirs, ils implémentent des souvenirs dans votre esprit et travaille lors de votre amnésie partielle à compléter votre environnement des détails, des réflexes, et des documents pour "réaliser" votre rêve.


Nos tarifs sont à l'image de la qualité de notre prestation. Notre éventail de choix est très varié :


Les époux qui veulent redonner un second souffle à leur mariage. Nous organisons des rencontres fortuites où ils se rencontreraient plus souvent. Ils construisent une vie de couple qu'ils n'ont pas réussi à vivre (souvent par manque de temps). Généralement offert par les enfants qui offrent ce cadeau pour réconcilier leurs parents, le prix bien que plus cher qu'une thérapie de couple ou un conseiller matrimonial offre un résultat largement plus satisfaisant et plus rapide.


Certains hauts cadres demandaient tout simplement l'ajout d'une compétence. Le traitement nécessite un suivi beaucoup plus attentionné. Mais cela permet au client d'acquérir à la fois des connaissances, mais aussi des réflexes en un temps record. Cela varie d'une personne à l'autre : nouveau sport, nouvelle langue, mais aussi connaissances particulières dans un domaine donné, ou tout simplement un vécu dans un autre pays.


Cette opération n'est pas sans risque, néanmoins notre agence est suivie par le comité de déontologie de la mémoire.

Aujourd'hui, nous travaillons de concert avec le ministère de la Défense qui a souhaité qu'on intervienne dans la lutte anti-terroriste. Notamment pour reconditionner certains agents trop longtemps sur le terrain pour effacer certains souvenirs gênants mais aussi sur leurs demandes pour oublier certaines expériences traumatisantes.

Nous avons en parallèle une nouvelle offre classée confidentielle : afin de faire parler les témoins / suspects sous le Patriot Act, nous implémentons des traumatismes. Et donnons aux interrogateurs des moyens de pression réellement efficaces.


Contactez notre agence au...


[mode fiction off]


Certains passages de cette nouvelle ne sont pas tout à fait des fictions... Et aujourd'hui ,on vend de la vérité, la réalité attend son heure. Pensez vous avoir le choix de refuser cette offre ?

lundi 22 mars 2010

Y a pas de mal à se faire du bien (2)

Après une campagne des régionales éprouvante saupoudrée de ses inévitables petites phrases, après un jeu de la mort supposé nous faire prendre conscience de la part de sadisme qui sommeille en chacun de nous sans que personne ne s'inquiète sur la part de voyeurisme qu'il titille, après une horde anti-IVG venue brandir d'émouvantes photos d'embryons assassinés chaque année par milliers pendant l'intronisation de Simone Veil à l'Académie Française, il n'y avait pas de mal à se faire du bien.

Et si la troublante Françoise Dorléac dit à Mario qu'elle a mal, je pense que c'est avant tout d'un grand manque d'amour dont il s'agit. Et je crois que comme elle, après toutes ces épreuves, nous avons tous besoin de nous faire dorloter, câliner, chouchouter, enlacer, bisouiller.

Cette vidéo de 1964 est extraite de Ni Figue Ni Raisin, une série d'émissions télévisées qui invitait les vedettes, surtout du cinéma, à venir pousser des chansonnettes originales (comprenez inédites) dans de mini-mises en scène aux allures de comédie musicale. Kitsch mais si bon !


vendredi 19 mars 2010

Encore Salah

Le compte-rendu du rassemblement du 13 mars 2010 pour Salah Hamouri a été publié sur Bakchich.

Plusieurs prises de paroles dont celles bien sûr de Jean-Claude Lefort, Président du Comité national de soutien à Salah Hamouri et plusieurs dizaines de personnes certainement très attristées de constater qu'elles n'étaient pas plus nombreuses. Néanmoins les bonnes volonté et le désir de mobilisation sont là, essentiels pour obliger le gouvernement à faire son devoir.



La photo de Salah Hamouri n'orne toujours pas l'entrée de l'Hôtel de Ville de Paris. Cependant une pancarte géante clame la solidarité de la Ville de Paris avec tous les otages du monde. Un brin ironique en la circonstance.
Photo © Angelina














Une banderole demandant la fin de l'occupation en Palestine a été déployée par les manifestants.
Photo © Angelina











Jean-Claude Lefort, Président du comité de soutien national à Salah Hamouri et Député honoraire de Val-de-Marne.
Photo © Angelina








Ian Brossat, Conseiller de Paris et Président du groupe communiste au Conseil de Paris et Alain Lhostis, Conseiller de Paris et Président du Comité de soutien parisien à Salah Hamouri.
Photo © Angelina













Ian Brossat, Alain Lhostis et Pierre Mansat, adjoint au Maire de Paris.
Photo © Angelina






jeudi 18 mars 2010

Leur voix à elles

Cet après-midi, Simone Veil intègrera l'Académie Française lors d'une cérémonie d'intronisation. Sixième femme à devenir '"immortelle" et monument vivant de l'histoire de France, elle incarne à elle seule la mémoire encore chaude des soixante dernière années du XXème siècle. Son destin force l'admiration. Des camps de concentration à la réconciliation franco-allemande, de la Guerre d'Algérie à la loi sur l'avortement et jusqu'au Parlement européen qu'elle a présidé, Simone Veil a su refléter quelques unes des évolutions les plus significatives de ce siècle.

Pour saluer la femme, à qui toutes les femmes sont redevables de s'être battue pour la loi sur l'IVG, avec pragmatisme mais aussi conviction et courage, voici un extrait de son discours pour le droit à l'avortement, prononcé le 26 novembre 1974 devant l'Assemblée Nationale.




« (...)

Je voudrais tout d'abord vous faire partager une conviction de femme _ je m'excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d'hommes: aucune femme ne recourt de gaieté de coeur à l'avortement. Il suffit d'écouter les femmes.

C'est toujours un drame et cela restera toujours un drame...

C'est pourquoi, si le projet qui vous est présenté tient compte de la situation de fait existante, s'il admet la possibilité d'une interruption de grossesse, c'est pour la contrôler et, autant que possible, en dissuader la femme.

Nous pensons ainsi répondre au désir conscient ou inconscient de toutes les femmes qu se trouvent dans cette situation d'angoisse, si bien décrite et analysée par certaines des personnalités que votre commission spéciale a entendues au cours de l'automne 1973.

Actuellement, celles qui se trouvent dans cette situation ce détresse, qui s'en préoccupe? La loi les rejette non seulement dans l'opprobre, la honte et la solitude, mais aussi dans l'anonymat et l'angoisse des poursuites. Contraintes de cacher leur état, trop souvent elles ne trouvent personne pour les écouter, les éclairer et leur apporter un appui et une protection.

Parmi ceux qui combattent aujourd'hui une éventuelle modification de la loi répressive, combien sont-ils ceux qui se sont préoccupés d'aider ces femmes dans leur détresse? Combien sont-ils ceux qui au-delà de ce qu'ils jugent comme une faute, ont su manifester aux jeunes mères célibataires la compréhension et l'appui moral dont elles avaient grand besoin ?

Je sais qu'il en existe et je me garderai de généraliser. Je n'ignore pas l'action de ceux qui, profondément conscients de leurs responsabilités, font tout ce qui est à leur portée pour permettre à ces femmes d'assumer leur maternité. Nous aiderons leur entreprise; nous ferons appel à eux pour nous aider à assurer les consultations sociales prévues par la loi.

Mais la sollicitude et l'aide, lorsqu'elles existent, ne suffisent pas toujours à dissuader. Certes, les difficultés auxquelles sont confrontées les femmes sont parfois moins grave qu'elles ne les perçoivent. Certaines peuvent être dédramatisées et surmontées; mais d'autres demeurent qui font que certaines femmes se sentent acculées à une situation sans autre issue que le suicide, la ruine de leur équilibre familial ou le malheur de leurs enfants.

C'est là, hélas!, la plus fréquente des réalités, bien davantage que l'avortement dit "de convenance".

S'il n'en était pas ainsi, croyez-vous que tous les pays, les uns après les autres, auraient été conduits à réformer leur législation en la matière et à admettre que ce qui était hier sévèrement réprimé soit désormais légal ?

Ainsi, conscient d'une situation intolérable pour l'Etat et injuste aux yeux de la plupart, le gouvernement a renoncé à la voie de la facilité, celle qui aurait consisté à ne pas intervenir. C'eût été cela le laxisme. Assumant ses responsabilités, il vous soumet un projet de loi propre à apporter à ce problème une solution à la fois réaliste, humaine et juste.

(...) »


Vous pouvez retrouver l'intégralité de ce texte dans un fascicule intitulé Les grands discours. "Elles sont 300.000 chaque année " : discours de la ministre Simone Veil pour le droit à l'avortement devant l'Assemblée nationale, 26 novembre 1974. publié aux éditions Points au prix de 3€.



in : Big event little summary

mardi 16 mars 2010

Salah Hamouri : le silence est sa deuxième prison




Samedi 13 mars 2010, un rassemblement silencieux a eu lieu Place de l'Hôtel de Ville à Paris, à l'appel du Comité de soutien parisien à Salah Hamouri, jeune franco-palestinien emprisonné depuis cinq ans en Israël, pour des faits qu'il n'a pas commis, dans l'indifférence la plus totale de la part des autorités françaises. Jean-Claude Lefort, député honoraire du Val-de-Marne, était présent. Voici la retranscription de son discours, sans papier, sans notes, à l'adresse des personnes présentes.




Je suis coordinateur du comité national de soutien à Salah Hamouri, constitué depuis deux ans. Le comité de parrainage pour la libération de Salah comporte quelque chose d'assez exceptionnel puisque de la droite jusqu'à l'extrême gauche, l'ensemble des forces politiques françaises y sont représentées d'une façon ou d'une autre.


J'ai eu la maman de Salah ce matin. Evidement vous imaginez bien combien la situation est difficile. Cela fait cinq ans jour pour jour que Salah est en prison. Il commence aujourd'hui sa sixième année de prison, lui qui a été condamné à sept ans au terme, non pas d'un plaider coupable, mais comme on dit là-bas, d'un "arrangement" : c'était ou sept ans ou quatorze ans, pour des faits improuvés et improuvables puisqu'ils n'ont pas eu lieu. Simplement, comme le dit le tribunal militaire, "parce qu'il aurait eu l'intention de". C'est donc uniquement sur des intentions supposées de Salah Hamouri que celui-ci est en prison.

Salah vit à Jérusalem-Est. Autrement dit, comme Jérusalem est occupé, tous les Palestiniens qui vivent à Jérusalem-Est n'ont pas de nationalité. Ils ne sont ni Palestiniens ni Israéliens. En l'espèce, Salah est de naissance franco-palestinien mais en droit, il n'est que français du fait de l'occupation israélienne, voulu par elle, et de manière durable et incompressible. Donc nous avons des responsabilités supplémentaires du fait qu'il ne soit QUE français. Et c'est incroyable que Que français, il soit aujourd'hui dans le monde le seul prisonnier politique, clairement politique depuis cinq ans, pour lequel les autorités françaises ne font rien, strictement rien. Comme le dit Rony Brauman dans L'Humanité de ce matin, il a un défaut. C'est que dans "franco-palestinien", il y a un mot de trop. C'est "palestinien". Voilà pourquoi Salah est en prison. Parce qu'il est PALESTINIEN. Et parce qu'il refuse, c'est vrai, l'occupation. Et ce n'est pas un délit. C'est un honneur.

Ce n'est pas ici, devant cet endroit qui a reçu le Général de Gaulle à la Libération parlant de "Paris libéré..."etc... qu'on va nous faire le coup de dire qu'un tribunal militaire peut avoir la moindre légitimité que ce soit. C'est en effet un tribunal militaire qui avait condamné le Général de Gaulle en 1940. En 1940, parce qu'il avait choisi la Résistance, de Gaulle a été condamné par un tribunal de collabos à la peine de mort par contumace et à la déchéance de sa nationalité française. Et cet homme, qui est venu ici parler de Paris martyrisé, cet homme-là est devenu un héros comme des milliers d'autres, des héros. Salah ne demande pas le statut de héros. Salah est l'expression de tout un peuple sous l'occupation. Salah est l'expression ultime de l'injustice que vit ce peuple. Il est l'expression que si on ne veut pas résoudre ce problème, on ira vers des difficultés de plus en plus grandes dans cette région du monde qui nous toucheront directement. Aider Salah c'est bien sûr l'aider parce que, à la différence des animaux, nous sommes des êtres humains et donc des êtres sociaux, et donc des êtres capables de solidarité. Nous pensons à lui comme ça. Mais aider Salah, c'est aussi nous aider nous-mêmes.


J'irai au mois d'avril rencontrer Salah, j'ai l'autorisation. Aujourd'hui en France dans différents endroits, des initiatives petites ou grandes ont lieu et ça continuera. Il faut savoir que nous avons édité une carte T qui a été publiée dans trois journaux. Aujourd'hui en France, ce ne sont pas moins de trois cent mille personnes, alors que c'est le mur du silence le plus total qui existe à propos de Salah Hamouri, un silence voulu qui constitue sa deuxième prison en vérité, et bien malgré cela trois cent mille personnes dans ce pays à coup d'internet, à coup de bonne volonté, à coup de coeur, à coup de passion, à coup de raison ont les capacités de s'exprimer en direction du Président de la République, avec une double exigence fondamentale, simple, conforme au droit et à la justice, lui qui avait dit qu'il irait au secours de tous les Français à travers le monde quoiqu'ils aient fait.

La double exigence est claire. Monsieur le Président de la République française, vous êtes une honte pour notre pays à ne pas recevoir la maman de Salah Hamouri comme vous avez reçu toutes les autres familles. Toutes les autres familles, vous les avez reçues et vous refusez expressément de la recevoir. Vous êtes une honte, Monsieur le Président, une honte pour la France. La France défigurée, c'est vous. Et la deuxième exigence que nous formulons est tout aussi claire. Il faut agir parce que c'est possible, parce que vous en avez les moyens. Agir au lieu de recevoir en grande pompe l'ensemble des dirigeants israéliens ici, au lieu d'inaugurer prochainement quelque stèle ou quelque promenade. Vous avez les moyens ici d'exiger une chose simple : Salah Hamouri à la maison, c'est-à-dire à Jérusalem, dans sa famille avec son papa Hassan, avec sa maman Denise, avec son frère et sa soeur.

Salah, on pense à toi. Je lui dirai dans un mois dans sa prison. Il faut que, comme le dit Le Chant des Partisans, nous brisions les barreaux des prisons qui enferment Salah. Ce qui sera important pour Salah, mais c'est aussi, en faisant sortir Salah de la prison, faire sortir la paix tout simplement dans cette région du monde de la prison. Car nous voulons la paix et ça suffit les prisonniers politiques.

Discours de Jean-Claude Lefort
13 mars 2010
Place de l'Hôtel de Ville
Paris



in : In the mood for anger

lundi 15 mars 2010

J'ai pas fini mon rêve



C'est un joli nom Camarade, c'est le nom que nous lui avions donné depuis qu'il était entré dans nos vies, qu'il avait rangé dans nos maisons les mots d'Aragon, chanté l'amour qui fait perdre la raison, qui donne aux filles des regards de Sainte Vierge.

J'ai ce privilège, de me souvenir de la première fois où j'ai vu son visage aussi grand que mon écran de télé, de la première fois où j'ai entendu sa voix grave qui chantait vingt et cent, qui chantait des milliers dans des wagons plombés. Cette chanson résonnait dans mon programme d'histoire, j'ai fermé mes cahiers et j'ai écouté. Je l'ai regardé, comme si je buvais son visage.

D'autres ont le privilège de ne pas se souvenir, car de première fois il n'y a jamais eu. Car Jean Ferrat avait toujours été là.

C'est un joli nom Camarade. C'est le nom qu'il s'était donné en marchant aux côtés du PCF, en chantant les luttes sociales, en rythmant les manifs et les fêtes populaires.

Ses chansons étaient faites pour dire un monde où l'on n'est pas toujours du côté du plus fort. Mais être compagnon de route, fidèle à ses convictions, ne voulait pas dire applaudir des injures, approuver des massacres. En 1979, il a refusé d'avaler une nouvelle couleuvre et a fait son propre bilan de ce qu'aura coûté le stalinisme à l'histoire de ce monde. Il a dénoncé une caricature de socialisme tout en gardant chevillé au coeur cet idéal qui le faisait combattre et qui nous pousse encore à nous battre aujourd'hui.

Chanteur engagé, poète militant, il se tenait sur le front de toutes les injustices, écrivait comme on manifeste, aimait avec la générosité des grandes idées. De Pablo Picasso à Pablo Neruda, de Fidel Castro aux yeux d'Elsa, des marins de Potemkine à Nuit et Brouillard. Ses chansons étaient des combats.

Combattre en chantant pour que le sang ne sèche pas en entrant dans l'histoire. A l'heure où il fallait twister les mots pour se faire entendre, il clamait les noms de Jean-Pierre, Natacha ou Samuel qui avaient déchiré la nuit de leurs ongles battants.

Combattre les guerres coloniales en se faisant la voix de ceux qui s'allongeaient sur les rails pour arrêter les trains.

Combattre aux côtés des Chiliens disloqués à coup d'interrogatoires, de carotte et de bâton, de plongeon dans la baignoire, de gégène et de tison dans une chanson encore vibrante d'actualité, "Le bruit des bottes".

Combattre aux côté des femmes dont les siècles d'infini servage pèsent encore lourd sur la terre.

Lui qui raillait les jeunes Républicains-Indépendants dont on avait perdu la filiation humaine à partir de l'homo sapiens de Saint-Trop', aurait tout aussi pu disséquer les jeunes populaires à la lippe daubique.

Mais le monde sera beau, il l'a affirmé, il a signé.

Il chantait sa France, celle qui avait laissé sur sa lèvre sèche un goût de bonheur. Celle où les mômes ne sont pas des starlettes mais travaillent en usine, où les vieux ont l'âme noueuse comme un pied de vigne, où l'air a des odeurs de thym et de bruyère.

Il a bouclé ses valises avant qu'il ne vienne vraiment, le temps des cerises. Mais c'est comme si nous étions tout près de le voir fleurir enfin. Il a bouclé ses valises, trop tôt.

Monsieur Ferrat, j'ai pas fini mon rêve.







in : Gloomy monday

vendredi 12 mars 2010

Salah Hamouri : 5 ans ça suffit

Le 13 mars 2010, cela fera cinq ans jour pour jour que le Franco-Palestinien Salah Hamouri est en prison en Israël, jugé par un tribunal militaire sur la base d'une suspicion d'attentat. Seul fait avéré, le jeune homme, âgé de 19 ans à l'époque, était passé devant le domicile d'un extrémiste israélien de droite. Aucune preuve. Pour charger le dossier, il a également été accusé d'appartenir au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), assimilé à une organisation terroriste. Dans un premier temps, Salah Hamouri a clamé son innocence.

Pour échapper à une peine de prison de 14 ans dont le menaçaient les juges militaires, et sur les conseils de son avocat, Salah Hamouri a plaidé coupable et a été condamné à 7 ans de prison. Un plaider coupable qui permet à la justice israélienne de refuser sa libération anticipée pour "bonne conduite".

Aujourd'hui, la diplomatie française se cache derrière ce plaider coupable pour en faire le minimum concernant notre compatriote. Alors que le Président de la République, Nicolas Sarkozy, s'était donné pour mission "d'aller chercher tous les Français condamnés à travers le monde", il semble qu'être Français ET Palestinien pose un sérieux problème à la diplomatie française soucieuse de ses bonnes relations avec l'Etat israélien. De même, le Président Sarkozy n'a toujours pas daigné recevoir la mère de Salah Hamouri, Denise Hamouri, ce qui aurait pourtant constitué un signal fort à l'attention de l'Etat israélien.

A l'appel du Comité national de soutien parisien à Salah Hamouri, un rassemblement silencieux est prévu
le samedi 13 mars 2010
place de l'Hôtel de Ville à Paris
de 15h00 à 16h00

afin d'adresser un message de solidarité à Salah Hamouri à qui nous reconnaissons le statut de prisonnier politique.

Venez !





in : The world is crying out loud

jeudi 11 mars 2010

La révolte gronde

Un spectacle en train de s'écrire sur l'ère du temps. Ecrit et mis en scène par Stéphane Arnoux, "Les pieds dedans" nous parle d'ici et de maintenant.


Devant et derrière un drap blanc, trois jeunes gens d'aujourd'hui racontent le monde d'aujourd'hui, la violence du quotidien subie sans broncher, les dérives d'une société de plus en plus liberticide qui génère la peur de l'autre. "Il y a comme un dérangement formidable de vivre aujourd'hui." Un gars et deux filles mettent leur vie en situation pour dénoncer la politique du profit, mettent leurs rêves en scène pour démasquer l'exploitation des rêves humains, incarnent leurs peurs pour dire la peur de l'avenir, en appellent à Rimbaud et Antigone pour appeler à la révolte.

Nous avons "tous les choix, sauf celui d'éteindre la télé". Oppressés par la société dans laquelle on ne vit que par écran interposé, écran de télé, d'ordinateur, fenêtre du train de banlieue ou du métro derrière laquelle défilent les noms des stations, ils partent. Ils partent se mettre au vert, à la montagne, à la ferme, recréer une société humaine où il sera permis de lire, d'écrire, de réfléchir. "Je ne savais pas que lire, ça pouvait faire de nous des terroristes." Arrêtés, menottés, ramenés à Paris, accusés et emprisonnés, ils se mettent à réfléchir sur leur histoire, avec l'idée que l'histoire en marche, c'est tout de suite et qu'on a tous les pieds dedans.

Cette mise en abyme du théâtre dans le théâtre, mouvement de création et de réflexion, offre une vertigineuse impression d'écriture automatique. Les pieds dedans nous convoque à un cabaret de l'intime, de l'instant. Un spectacle qui brasse le vivant avec le numérique, la chair avec les ombres, qui utilise toutes les ressources technologiques et invoque la polyphonie au risque de provoquer la dissonance. Poésie, vidéo et rock'n'roll pour dire les maux de cette génération post-X qui a déjà fait de Tarnac son emblème. Un théâtre de l'after-réalisme qui lance, à la façon de Twitter ou Facebook, des bribes d'intimité à étaler sur un drap blanc. Un néant à remplir de couleur, de cinématographies, des hommages à peine dissimulés à Godard qui sait si bien faire parler les images quand elles se télescopent.

Mis à part un début un peu laborieux, la rage monte et l'exaltation gagne l'assistance. Mais de la saison en enfer au chant de la Commune, le discours demeure un peu consensuel. C'est lorsque l'actualité percute la narration que le spectacle devient une véritable et passionnante chronique vivante. L'affaire de Tarnac, neuf jeunes arrêtés en Corrèze, soupçonnés d'avoir saboté des lignes de TGV sur la base d'écrits ou de lectures "subversives", mais aussi Montreuil et le tir de flashball dans l'oeil du réalisateur Joachim Gatti, permettent de dénoncer "le désordre en guise de maintien de l'ordre".

Né à Montreuil, à la Parole Errante, ce spectacle en constante expérimentation continue de s'écrire et de s'affiner. Après un passage au festival La Belle Rouge à Saint-Amant-Roche-Savine l'été dernier ainsi qu'un séjour à La Belle Etoile, le théâtre de la Compagnie Jolie Môme à Saint-Denis, les représentations devraient reprendre à Montreuil au printemps. Un spectacle vivant, lardé de poésie et de fébrilité qui en font une oeuvre toujours en devenir attachante.


Les Pieds dedans, cabaret intime, de Stéphane Arnoux
Texte, mise en scène, musique, vidéo : Stéphane Arnoux
Avec : Julie Le Rossignol, Lydia Sevette et Stéphane Arnoux
Musique : Tom Honnoré




in : In the mood for anger

mardi 9 mars 2010

Par tes baisers avides from Christian Peysson

Un texte érotico-sensuel tiré du recueil poétique et musical de Christian Peysson Comme Dans Un Cri D'Amour.



Quand je cueille en ta bouche Par mes lèvres timides,
Le doux fruit peu farouche
De tes baisers avides;



Que ta langue fougueuse

Qui se donne et m’explore,

Se faisant délicieuse,

Réveille mes ardeurs;



Qu’elle embrase les feux

De mes sens en éveil,

Me rendant désireux

D’un élan passionnel,

Et d’aller plus encore

Pour goûter à ton corps;



Quand elle s’offre en invite

Sans la moindre limite,

Salivant d’un plaisir

Qui ne veut pas faillir,

Qui coule en ton visage

Tout autant qu’en tes yeux

Aux éclats merveilleux,

C’est alors que peu sage,

Titillé par l’envie,

En des gestes peu sûrs

Mais qui moi me rassurent,



Je tente timoré

De te faire céder

Pour que je cède aussi,

Réveillant plus encore

Dans des ébats plus forts,

Ce qui moi me soulage

Quand tu m’en fais l’hommage

Sous le feu des caresses :



L’élixir passionnel

De tes sens charnels,

Que tu ressens en toi
Comme une délivrance,

Et me livre en jouissance

Dans une folle ivresse,

Quand à mon tour j’explose,

Et que dans tes émois

Tu nommes apothéose.




Crédit photo :

lundi 8 mars 2010

Le Gloomy Monday d'Olivia

Olivia, c'est l'épatante illustratrice qui nous régale trois fois par semaine de ses sémillants dessins urbains, féminins et plein d'humour. Quoi de mieux, en cette journée du 8 mars, que de demander à cette adorable caricaturiste de nos humeurs, envies, délires, bouderies, taquineries et petites tracasseries de tous les jours de choisir l'un de ses morceaux préférés afin de le partager avec nous ?

Une invitation qu'Olivia a accepté avec beaucoup de gentillesse, ce dont je la remercie.

Dessin © Olivia (à Paris), publié avec son aimable autorisation.



Ça me touche beaucoup que tu me demandes de faire le Gloomy Monday. J'ai choisi un extrait d'opéra, que j'aime particulièrement. Il parle d'espoir, d'amour malgré toutes les épreuves de la vie. Une leçon importante, qu'il faut garder en tête quoiqu'il arrive, même dans les moments les plus sombres. La première fois que je l'ai entendu, moi qui n'aimais pas plus que ça l'opéra, ça a été une révélation, un choc musical, quelque chose qui te prend au ventre et qui te porte. J'espère que cet extrait t'apportera autant d'émotion qu'à moi.



vendredi 5 mars 2010

Singulier Tom Ford

© Mars Distribution

Difficile d'avoir un avis tranché sur le premier film de l'Américain Tom Ford. Styliste pour Gucci puis pour Yves Saint-Laurent, inventeur du porno chic, ce réalisateur n'échappe pas à sa condition de créateur de mode passé des podiums au cinéma. Mêmes projecteurs diffusant des sunlights artificiels, mêmes objectifs devant lesquels il prend la pose, ce n'est jamais que cet univers érotico-chic, sentimental'eau-choc qui nous est à nouveau proposé mais en vingt-quatre images secondes, comme si l'on tournait les pages de Vogue Homme trop vite et qu'elles s'animaient soudain.

Colin Firth, qui ne décroche pas de l'écran une seconde, est George Falconer, prof de littérature à la dérive depuis le décès de son amant dans un accident de voiture quelques mois plus tôt. Son existence lui est devenue insupportable et il décide d'en finir.


© Mars Distribution

A Single Man possède tous les défauts d'un premier film, celui de trop ressembler à son auteur, celui de vouloir trop en dire de lui-même, comme s'il n'était pas certain d'en faire un second. Force est de reconnaître cependant que ce maniérisme léché, cette affectation de papier glacé, font du film un objet curieux, différent, singulier. Pour autant, il n'est pas interdit de s'ennuyer au bout d'une demi-heure. Car ce parti pris esthétique finit vite par se mordre la queue, par ne mener nulle part et par ne rien dire de vraiment original par rapport à l'histoire de ce compte à rebours.

Créateur d'une mode vintage, resucée en puissance des années cinquante et soixante, Tom Ford est définitivement et malheureusement l'homme du passé, quand Saint-Laurent incarnait la modernité et l'intemporalité. D'ailleurs, le couturier français n'a jamais adoubé son successeur. Pour preuve, aucun cliché n'échappe à sa mise en scène : un Colin Firth au physique décalqué sur Yves Saint-Laurent, une Brigitte Bardot, un James Dean, l'affiche de Psychose pour la référence cinématographique, l'utilisation paresseuse de la bi-chromie entre les images grises du présent et les images en technicolor du passé, la femme sans homme, nymphomane, alcoolique et instable, la femme mariée, soumise, proprette, gentille et douce. Tellement so much sixties que Tom Ford aimerait nous faire croire qu'en 1962 en Californie, on écoutait déjà Serge Gainsbourg. Un anachronisme mal venu qui renforce ce sentiment de factice envahissant la pellicule, paralysant l'émotion. Lorgnant jusqu'à loucher sur la plastique d'A l'Est d'Eden, A Single Man s'enlise dans une mise en scène léthargique, stéréotypée alors que les films d'Elia Kazan respiraient la vie.

© Mars Distribution

Pour autant ce n'est pas raté. C'est juste ennuyeux, peu profond alors que tout est mis en oeuvre pour nous convaincre du contraire. Deux petites résurgences philosophiques pour la caution intellectuelle : le thème de la transparence, illustré par une maison aux murs de verre, en rapport avec l'"invisibilité" de l'homosexualité à cette époque et la conclusion révolutionnaire que vivre dans le passé empêche définitivement d'apprécier le présent.

Inutile de préciser que le principal intérêt du film, si l'on excepte la curiosité de sa forme, réside dans le choix et le jeu des acteurs. Indéniablement, l'émotion parvient à surnager grâce à la composition de Colin Firth, tout en intériorité, en sobriété. Julianne Moore explose de sensualité. Quant à Nicolas Hoult, qui incarne l'élève aguicheur de Falconer, il capte l'oeil énamouré de Tom Ford.

© Mars Distribution

Un film hédoniste sans le plaisir qui devrait aller avec.



in : Angelina's hedonistic envy of cinema

jeudi 4 mars 2010

Comment saga ?

Ce soir M6 diffuse le dernier (troisième) épisode de Star Wars. Un événement que je ne pouvais pas ne pas saluer sur Mes petites fables.


C'est la première fois que tous les épisodes de la saga de George Lucas sont diffusés à la télévision française "dans l'ordre", c'est-à-dire dans l'ordre de l'histoire. Apparemment les conditions sont critiquables (rezoomage du film), mais l'aspect HD me passe un peu au-dessus de la tête, donc cela ne me dérange pas.

Le grand manitou de la SF avait au départ prévu neuf épisodes, et je ne sais pourquoi, il a renoncé aux trois derniers. Ma conviction intime c'est que cette saga ne lui appartient plus vraiment. Le public s'en est emparé, l'en a dépouillé (enfin tout est relatif puisque chaque exploitation de la marque Star Wars est sujette à caution de la part du réalisateur), des centaines de fanfics (suites) ont déjà été publiées et effectivement, peut-être que le coeur n'y était plus. Toujours est-il, dit-on, que c'est pour des raisons techniques que les épisodes 4, 5 et 6 ont été tournés en premier (mais à l'époque on ne le savait pas) car les trucages requis par les épisodes 1, 2 et 3 n'avaient pas encore été mis au point à cette époque.













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OH L'AUTRE !

Ça c'est ce que la légende voudrait bien nous faire croire. Le fait est que la "trilogie" originelle qui se concentrait sur l'histoire de Luke Skywalker et de sa soeur jumelle, la princesse Leia, est restée par la force des choses, mais certainement aussi pour des raisons sentimentalement marketing la "trilogie", et que les trois derniers épisodes de la saga, qui sont en fait les trois premiers, sont devenus la "prélogie". Joli nom. Très joli, vraiment. La prélogie, j'adore.




Dans Le Retour du Jedi, le dernier épisode chronologique donc, Luke va apprendre que la princesse Leia est sa soeur et ce sera également la fin de Dark Vador, le Jedi du titre, et de l'Empire. Pardon si vous ne connaissiez pas la fin. Cependant, comme vous le remarquerez si ce n'est déjà fait, une erreur s'est glissée dans le script. Non pas de cet épisode, puisqu'il a été tourné avant mais dans l'épisode numéro 3, La Revanche des Sith qui explique comment Anakin est devenu Dark Vador. En effet, dans ce qui devait constituer le dernier épisode de la saga, Luke questionne Leia sur sa "vraie" mère et Leia lui dit se souvenir d'elle, qu'elle était très belle mais triste. Or, si vous vous en souvenez bien, Padmé, la mère des jumeaux est morte en couches.

Comment George Lucas a-t-il pu commettre une erreur aussi grossière et surtout ne jamais la rectifier ? Voilà qui me laisse perplexe. De leur côté, les fans dans leur délire ne manquent pas d'explications toutes plus plausibles et improbables les unes que les autres. J'en ai recensé quelques unes en manière de florilège.

- Leia est inspirée par la Force (!)

- George Lucas l'a fait exprès pour qu'on en parle (!)

- Leia a des souvenirs in utero (!!!!)

- Leia a des souvenirs de sa naissance, car des deux bébés c'est celle qui avait les yeux ouverts.



- Leia croit se souvenir de sa mère (mais elle se trompe !?)

- Leia parle de sa mère adoptive.

- George Lucas a merdé.

- Padmé est toujours vivante et cachée. Son enterrement était une mascarade pour tromper l'Empire (!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!)

- Ses parents adoptifs l'ont élevée dans le culte de sa mère.

- George Lucas a prévu de faire la rectification un de ces jours.

- George Lucas compte sur les fans pour expliquer cette incohérence.



Il y aurait encore des milliers de choses à dire sur Star Wars qui seront peut-être l'occasion d'autres billets. Une chose est cependant certaine pour moi après cette diffusion "chronologique" des six épisodes, c'est qu'il est fortement conseillé de découvrir, d'approcher l'univers Star Wars en commençant par la trilogie. Tout l'intérêt de la saga réside davantage dans le comment Anakin Skywalker s'est laissé séduire par le côté obscur de la Force plutôt que le va-t-il revenir du bon côté.

En attendant la diffusion du numéro 6, si vous vous demandiez quand, comment et pourquoi George Lucas a inventé Star Wars, tout est raconté dans ce petit film. Comme quoi parfois, il suffit simplement d'ouvrir les yeux et de regarder autour de soi pour entrer dans la légende.







in : Angelina's violent envy of cinema

mardi 2 mars 2010

lundi 5 août 2002... from Grégory H

...sauf erreur tu es en Guinée... Bissau, Equatoriale, Conakry, j’ai rien compris mais c’est l’Afrique sans l’fric. Marisabel a déjà demandé quand c’est la fête pour ton retour, les femmes du Venezuela perdent pas le Nord. Ici c’est tout pourri, temps pourri, tant pourri, tant pis. Rien à faire, rien à foutre, j’dispense mon foutre, j’te dispense de te foutre de moi. Le ciel est gris, le temps m’aigrit, l’orage gronde et le temps s’écrie, j’écris de temps en temps, tuer le temps plutôt que l’inverse.. tiens voilà l’averse, l’aversion de la pluie au mois... doute... enfin c’est ma version. Un temps pourri, un temps périt. A gauche le car Air-France, en face l’hôtel Splendide, mais le bar est tout verre. J’prendrais bien du champagne, j’prends un café. It’s au verre, komm les meufs. J’vais essayer de partir, lastminuspointcom. Si je trouve la méthode pour apprendre le tugais en trois semaines, ce sera le Portugal.. sinon port lointain, port n’importe où, pour n’importe où, mais pas ce port France por favor. Reste la musique, Tindersticks et Pina (quel nom !) en ce moment. Bon, la prochaine dès que l’inspiration passe par là. Bisous et bonjour à Arlette (LaGuinée..c’est pas bénin), Grèg (et je te joins mon adresse, car tu n’as que mon mail).


Et bien Flo, il va t’en falloir du courage... s’il te manque, dis-le moi, je prendrais le mien à deux mains... à demain ? Et je te fais une procuration pour imiter ma signature, en pièce-jointe. Bises à toi, Grèg.



lundi 1 mars 2010

Oran

Je vous le suggérais vendredi, aujourd'hui je vous y invite, à écouter Oran, la chanson qui ouvre le dernier album d'Alain Chamfort.

Ce petit écrin de douceur, de volupté est sensé évoquer l'enfance du couturier Yves Saint-Laurent. Avec le piano aquatique et les cordes tristes et fatiguées de l'orchestre de Budapest. La voix de Chamfort se pose sur cette valse au ralenti avec la mélancolie, la tristesse, la solitude et l'exaltation qui semblait habiter l'homme aux trois initiales. Quand les larmes font du bien, il faut les laisser couler.





Exceptionnellement, l'invité du mois fera son Gloomy Monday la semaine prochaine.