lundi 19 décembre 2011

De quoi Salah Hamouri est-il le nom ?

DR

"Il fait beau sur Jérusalem et pourtant il pleut des larmes de joie..." indiquait hier Jean-Claude Lefort sur Facebook. Depuis hier dans la soirée, Salah Hamouri est enfin libre et le Président du comité de soutien oeuvrant depuis les premiers jours de sa condamnation pour la libération de Salah Hamouri, savoure.

Cela aura fait presque sept ans que ce jeune Franco-Palestinien a été arrêté et condamné par un tribunal militaire israélien sur la base d'un soupçon, celui de fomenter un attentat terroriste, sans qu'aucune preuve ne vienne étayer cette accusation, sans qu'aucun document relié à cet hypothétique attentat ne corrobore. Salah Hamouri était également un prisonnier d'opinion puisqu'il a aussi été condamné pour son appartenance au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), appartenance qu'il a revendiquée comme un honneur au soir de sa libération. Tous ceux qui ont été alertés à un moment donné au cours de ces sept années, de près ou de loin sur son cas, n'ont pu que se réjouir de voir enfin l'unique portrait souriant que l'on avait de lui  s'animer, brandir le drapeau palestinien, étreindre les siens. Le regard est du même bleu azur seulement barré par deux rides profondes et souligné par la fatigue.




De l'âge de 19 à 26 ans, ce jeune homme aura passé les plus belles années de sa jeunesse, celles où on se marre, où on aime, où on étudie, où on écoute de la musique, les années de l'insouciance, derrière des barreaux pour un motif qui défie les lois françaises, les lois internationales. Jugé par ailleurs par un tribunal militaire sans que cela n'émeuve le moins du monde la France dont il est pourtant un ressortissant.

Le combat pour la libération de Salah Hamouri a d'abord été un combat contre les ténèbres, l'oubli, le black-out médiatique. Sans doute, Salah Hamouri était-il un moins bon client que le jeune Gilad Shalit, prisonnier de guerre et non otage comme cela a été à tort dit et redit. Mais loin de moi l'idée d'émettre un jugement de valeur sur Gilad Shalit tant les destins de ces deux jeunes semblent liés, se superposer, surtout lorsqu'on connaît les conditions qui obligent les jeunes gens à effectuer le service militaire en Israël. L'existence de Gilad Shalit n'a été qu'une confirmation criante du déni dont a été l'objet le jeune Franco-Palestinien, tant au niveau politique que médiatique. Le lendemain de sa libération, cette impression ne fait que se confirmer. Alors que Salah est fêté, porté en héros jusque chez lui, le silence médiatique retentit. Facebook et Twitter bruissent de l'événement de sa libération annoncée pour 21 heures. Plus tard dans la soirée, les premières images de Salah libre circulent enfin sans que ni télé, ni radio, ni site internet ne s'en fasse l'écho... ou à peine. Sur BFM TV, Emilie Baujard raconte mais aucune image n'est diffusée. Le lendemain, même chansonnette. Une interview de Salah Hamouri sur Radio France après n'en avoir pratiquement jamais parlé jusque-là, ailleurs le silence...

Mais la société civile a su se mobiliser en dépit de la passivité des diffuseurs officiels de l'information. L'information a circulé, grâce au comité de soutien qui a inlassablement remué ciel et terre pour faire parler du cas de Salah Hamouri jusqu'à saisir la Halde pour discrimination touchant "à l'origine" et aux "opinions politiques". Grâce ensuite au coup de gueule de l'acteur François Cluzet en direct sur le plateau de France 2 qui a obligé la chaîne a tourner un reportage sur Salah. Vidéo que vous pouvez visionner sur la page d'accueil de ce blog, et que je pense je ne vais pas retirer de sitôt, tant cette mobilisation et ce cri symbolisent l'injustice médiatique. Grâce aussi aux élus qui, au Sénat, à l'Assemblée, dans les conseils municipaux, ont réussi à faire voter des voeux, des motions, à afficher le visage du jeune homme sur quelques frontons de bâtiments publics. Grâce enfin au journal L'Humanité, mobilisé lui aussi il y a longtemps, qui a fait le lugubre décompte des jours de la captivité injuste et arbitraire de Salah Hamouri.

Il aura fait sa peine. Sept ans qui auraient dû en être 14 s'il n'avait accepté de plaider coupable lors de son procès sur les conseils de son avocate. Il me semble qu'à un moment il aurait pu bénéficier d'une libération anticipée qui lui a été refusée au prétexte qu'il n'acceptait pas de s'excuser. Personne ne lui en aurait voulu de s'excuser, mais c'est une humiliation supplémentaire que le jeune homme n'a pas consentie. Du fond de sa prison, Salah n'avait droit qu'à deux lettres par mois. Il a à plusieurs reprises utilisé ce précieux droit pour dénoncer les conditions de détention des prisonniers palestiniens, pour s'émouvoir du sort des mineurs détenus, n'évoquant jamais son propre cas. Emprisonné pour un délit d'intention et un délit d'opinion, Salah Hamouri aura vécu ces longues et jeunes années dans un état de guerre. C'est pourtant en état de paix qu'il est sorti hier. Ses premières paroles ont été pour le combat qu'il déclare vouloir continuer de mener : une Palestine libre. Il a plié mais malgré son jeune âge, il n'a jamais cassé. Compagnon de cellule du célèbre opposant politique Marwan Barghouti, le jeune homme aura eu l'occasion d'affermir sa volonté de militer, d'aiguiser sa pensée, de compléter son éducation politique. Plus qu'un héros de l'ordinaire dans des territoires occupés, au sein d'un peuple en résistance, Salah Hamouri est un double, triple symbole de la jeunesse bafouée, de l'innocence piétinée, de la lutte pour la liberté. De quoi Salah Hamouri est-il le nom ?

De beaucoup de choses, cela commence par le courage...




Les autres articles sur Salah Hamouri :
Liberté
Rassemblement de solidarité avec Salah Hamouri
J'espère que vous lirez cette lettre...
Le chiffre du jour : 25
Encore Salah
Salah Hamouri : le silence est sa deuxième prison
Salah Hamouri : 5 ans ça suffit
Cliquez, cliquez, cliquez et faites cliquer
Still an eye on Palestine




in: The world is crying out loud

4 commentaires:

Martial a dit…

Est-ce el halal ou el haram , cette question ?...

Martial a dit…

C'est le nom d'une personne ! Au milieu d'une affaire sordide entre Palestine et Israël ...Encore !Publié le 20/12/2011 | 12:42 FR3
Le Franco-Palestinien Salah Hamouri libre

Anonyme a dit…

Salut, c est Martius (un autre Martial)

Tu peux retrouver une interview de salah sur le site de l huma.

http://www.humanite.fr/social-eco/«-votre-solidarite-ete-le-pont-de-l’espoir-pour-moi-»-486268

et toujours mon blog special indignés ici :

http://md-mdphotos.blogspot.com/

a plus

Anonyme a dit…

Et pendant ce temps-là, des salopards, il n'y a pas d'autres noms, déchaînent la haine et mentent éhontément à propos de Salah, lequel n'a jamais commis le moindre acte répréhensible.
Merci Angelina pour ta constance.