lundi 25 avril 2011

Rock social

Si toi aussi tu as la flamme, ce Gloomy Monday est pour toi.

Des rouleurs de décibels, des révolutionnaires, des militants. Des mecs qui ont vu la lumière au bout du tunnel du rock et qui ont décidé de refaire le monde derrière une guitare et un pied de micro. Et vu de leur repaire à Tarbes dont ils sont originaires, il peut avoir chaud aux fesses, le monde actuel, celui du grand capital, de l'unilatéralisme, de l'ultraprotectionnisme. Colporteurs d'une bonne nouvelle lardée de larsens saignants, de ville en ville, sur la route et sous les spots, ils organisent leur résistance au sein de la sarkozie.


Comme ils le disent si bien eux-mêmes, "au moment ou l’on assiste au retour d’une belle génération de bébé rockers, il manque encore aux textes de cette jeunesse souvent plus préoccupée par les flirts et la durée des soldes le goût acidulé de la provocation et le plaisir de cracher dans la soupe. Ca tombe bien, on a mis des assiettes creuses."

En allant faire un tour sur leur page Myspace, vous découvrirez la vidéo d'un discours de Hugo Chavez, une chanson dédiée à une charmante Edvige, des Saigneurs déguisés en grandes enseignes qui font la vie dure à nos agriculteurs, des tronches d'ouvriers de Liverpool qui rappellent un lourd héritage de peine et de misère et surtout qu'ils connaissent leurs classiques sur le bout des doigts. Non contents de vous faire réviser très socialement l'alphabet, à la suite de Paul Eluard, ils écrivent un nom qui chante, au hasard et dans le désordre, les retraites, les programmes télé devant lesquels s'embourber, les postes d'enseignants supprimés, les soldats si loin envoyés, les murs des cités karcherisés, les rafles de sans-papiers. C'est Xavier Bertrand qui doit avoir les oreilles qui tintent. Un rock gras et intelligent, frotté à l'ail de l'humour et assaisonné au sel du cynisme.

En attendant de repartir sur les routes, les Colporteurs participent à un album hommage à Joe Strummer, le leader du groupe The Clash, en reprenant English Civil war ( qu'ils déclineront en "Guerre civile en France"). Sortie prévue en janvier 2012.





J'écris ton nom UMP par j_ecris_ton_nom_UMP




Tout savoir sur les Colporteurs.



in: Gloomy monday

dimanche 24 avril 2011

Mon Maestro from Diane

 Parce que le sexe c'est aussi l'amour, voici un joli texte de Diane, administratrice et rédactrice du site communautaire L'actu à la loupe. Mais à quoi pensent les jeunes femmes sages quand elles sont au bureau. Vous ne regarderez plus votre collègue, dont le regard s'est absenté quelques instants, de la même façon. Un texte où sensualisme et érotisme le disputent à l'art et au sentiment amoureux.


Mon Maestro,

Des années que nous nous connaissons, et pourtant, tu me surprends très souvent. Tu t’immisces dans mes pensées quotidiennes et banales et réveilles par l’esprit mes instincts carnassiers. Tu l’as encore fait ce midi, entre la pause clope et le café, soudain j’ai imaginé ton regard sur moi et me voilà partie pour les terres imaginaires que nous créons tous les deux.

Je t’ai pensé conquérant et moi offerte, tes mains caressantes qui passent le long de mon cou, frôlent mon épaule. Tu serais l’aventurier et moi ta terre promise, tu tracerais la topographie de mon corps du bout des doigts et de la langue. Tu frémirais quand un vallonnement laisse place à un abîme qui respire le désir et l’inconnu.

Debout je ne suis pas grande, mais allongée je suis un continent entier qu’il t’appartient de découvrir. Sous chaque centimètre d’épiderme tu devines un réseau de nerfs, des cordes sensibles sur lesquelles tu deviens virtuose, compositeur de mon plaisir, orchestrateur de ma jouissance.

Derrière mon visage impassible que seul un sourire en coin vient troubler, les gens qui passent autour de moi ne peuvent pas savoir à quoi je pense. C’est assez jubilatoire : ils ne me voient pas nue et pantelante, au supplice de tes étreintes. Je suis en tailleur sage et strict, si sage en apparence…

Mais mes pensées continuent de vagabonder et tu t’y installes, seigneur de ce domaine. Souvenirs et désir se mélangent dans ma tête, j’y vois ton regard, fier de me faire supplier. Tu aimes prendre ton temps et tu te moques gentiment de la frénésie que tu fais naître en moi.

C’est inexplicable, ou peut-être chimique, tout en toi m’excite. Dès que ta main me touche, que ta langue darde au coin de mes lèvres, c’est mon corps tout entier qui se veut ton élève. Tu m’apprends les gammes et les partitions, les étreintes allegro ma non troppo, le sexe en jouis majeur…

Déjà l’heure de rejoindre la réalité, mais je sais que bientôt tu me feras trembler à nouveau, maestro de mon cœur, de mon corps et de mon cul…

Diane

Certains droits réservés par Lieven SOETE


in: The closer I get

Rassemblement de solidarité avec Salah Hamouri

Le 13 mars dernier, cela a fait six ans que Salah Hamouri est arbitrairement détenu dans une prison israélienne, à deux heures de route de là où vit sa famille. Condamné par un tribunal militaire en territoire occupé, sans aucune preuve, pour aucun fait avéré, il purge une peine de sept ans de prison accusé d'avoir eu l'intention de fomenter un attentat contre une personnalité israélienne et d'appartenir à une organisation de jeunesse militante. Autant dire que le jeune homme est un détenu politique parfait dont le seul crime est un délit d'opinion, celui de militer pour un Etat palestinien. Il ne serait qu'un parmi les 8 à 11 000 autres palestiniens également emprisonnés dans une prison israélienne, dont 300 enfants, s'il n'était en plus Français.

Parfaitement ignoré par la diplomatie française qui se dédouane en assurant qu'elle se démène en coulisse pour secourir le jeune homme, il incarne, avec un éclat aveuglant, l'ambigüité d'une politique française qui jongle entre la chèvre et le chou, qui promet à la Palestine mais refuse de laisser faiblir un indéfectible soutien à l'Etat d'Israël. En six ans, aucune prise de position publique de l'Elysée dont le locataire avait pourtant assuré qu'il irait chercher "n'importe quel Français quoi qu'il ait fiat, où qu'il soit". Six ans pour qu'enfin, après le silence assourdissant de Michel Barnier, Philippe Douste-Blazy, Bernard Kouchner, Michèle Alliot-Marie, l'actuel et récent Ministre des Affaires Etrangères reconnaisse que le jeune homme a été condamné sans preuve et que, de ce fait, son refus de ne pas solliciter de grâce (ce qui impliquerait exprimer des excuses) est une "attitude respectable".*

© Patrice Leclerc pour la Photothèque du mouvement social

Le vendredi 22 avril, Denise Hamouri, la mère de Salah était à Paris, devant l'Hôtel de Ville, pour à nouveau plaider la cause de son fils, alerter l'opinion publique, encore largement ignorante des faits, et solliciter les pouvoirs publics. Elle n'a pas été reçue par le Maire Bertrand Delanoë contrairement au voeu déposé par le groupe communiste au conseil de Paris et adopté le 29 mars dernier. Elle n'a pas non plus été reçue par le Président de la République. Une cérémonie a pourtant été organisée sur le parvis de l'Hôtel de Ville pour rappeler que six années se sont déjà écoulées depuis que Salah a été privé de sa liberté, de la jouissance de sa jeunesse, stoppé net dans ses études et dans le cours de sa jeune vie. Rappeler aussi que lundi prochain, le 25 avril, il aura vingt-six ans.

Je n'ai malheureusement pas pu me rendre à ce rendez-vous de soutien, mais je sais qu'il a réuni plus de monde que l'année dernière ce qui est déjà une belle victoire. Vous pouvez retrouver et lire le détail des interventions qui y ont eu lieu sur le site du Comité national de soutien à Salah Hamouri : Bernard Ravenel, président d'honneur de l'AFPS ; un message de l'Union Juive Française pour la Paix ; un message du Parti communiste français ; Françoise Diehlmann, Conseillère régionale Ile de France, Europe Ecologie - les Verts ; ainsi qu'un message de Salah Hamouri qui a été lu par sa mère.

Denise Hamouri doit repartir lundi pour Jérusalem-Est. Ce qui laisse amplement le temps à Monsieur Alain Juppé de la recevoir au Quai d'Orsay, comme il en a émis le désir lors d'une conversation téléphonique avec Jean-Claude Lefort, président du Comité national de soutien à Salah Hamouri. Une chance inestimable pour lui de se démarquer de la politique démagogique de Sarkozy et de faire briller un peu de ces Lumières dont la France se targue souvent avec beaucoup de morgue, mais que quelqu'un a éteintes.

Tous droits réservés.


* Dans une lettre adressée à la Sénatrice-Maire de Saint-Pierre-des-Corps, Marie-France Beaufils, le 31 mars 2011.



in: The world is crying out loud

mercredi 20 avril 2011

Même pas mort !


Robert Mitchum est mort. Ce n’est ni un pléonasme, ni un oxymore. Lorsque j’ai posté ce simple statut sur Twitter, il a été retweetté comme si c’était la nouvelle du jour. Preuve que dans l’imaginaire des gens, Robert Mitchum est bien vivant.


Souvenez-vous, l’année dernière le réalisateur Stéphane Arnoux nous en parlait déjà. C’était pendant le festival de Cannes et Robert Mitchum était déjà mort. Le film faisait partie de la sélection de l’ACID, l’Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion. Stéphane voyait dans ce « road-movie à la Jim Jarmush première période mais en couleur », « un film tout à fait américain fait par un metteur en scène tout à fait français ».

Moi, c’est plutôt Aki Kaurismäki que je me suis prise en pleine tronche. Cette façon de jouer sur l’étrangeté des êtres, des regards, des corps, sur la poésie, la sublime irruption de l’amour, aussi improbable qu’incongrue. La folie d’un Olivier Gourmet azimutée multipliée par la composition humaniste, spirituelle et... déjantée (ô combien de fois utilisé ce mot dans les critiques pléthoriques que vous pourrez lire sur le film... Mais je n’en ai pas trouvé d’autre.) de Bakary Sangaré, additionnées à la trogne d’amour de Pablo Nicomedes, car franchement je suis tombée amoureuse, même si je me suis aperçue à la première du film à Paris qu’il dansait très mal*, décuplées par la sensualité et la fraîcheur des deux rôles féminins. On pourrait aligner les opérations ainsi jusqu’à la fin du casting.

 
L’histoire cahote entre rebondissements loufoques et contemplation. Et une idée géniale : un acteur qui ne joue bien qu’en play-back sur les dialogues d’un vieux film de série B. (Un peu comme moi sur les chansons de VV Brown.) Des scènes qui mettent son manager au bord des larmes, et nous offrent quelques moments mémorables et hilarants. Evidemment, quand on part d’un tel postulat, tout devient possible. De vols à main armée en kidnapping, de petites pilules rouges et blanches aux rêves et aux cauchemars éveillés. Là, le cercle polaire devient un lieu-dit quand j’aurais béatement pensé le cercle polaire comme un tropique, du Capricorne ou du Cancer, faisant le tour de la terre. Quelque chose que j’aurais rêvé plein de neige. « En découvrant que le cercle polaire n’était qu’une ligne blanche tracée au milieu d’un parking d’aire d’autoroute, nous avons définitivement arrêté de croie au Père Noël... », disent les deux réalisateurs, Olivier Babinet et Fred Kihn. Nos héros partent dans une folle cavalcade, une épopée de Pieds Nickelés, rejoindre un festival qui se déroule au cercle polaire donc, y retrouver leur metteur en scène fétiche.

 
Hollywood de pacotille, hallucinée, touchée du bout des yeux et des oreilles, mythe trop cher, trop loin dont le scintillement de quelques paillettes usées n’égale pas un sourire de femme mélancolique. Lorsqu’on demande aux réalisateurs pourquoi "Robert Mitchum est mort", ce titre qui provoque mystère et confusion, ils citent la phrase qu’ils ont mise en exergue de leur film. « Un jour j'ai vu les Aventures du chien Rintintin à Télévision. Et je me suis dit, si lui peut le faire, je peux le faire. » La mort de Mitchum, c’est déjà la mort d’un cinéma rendu impossible par le temps, la distance, l’incapacité à vivre dans le présent. Olivier Babinet, Fred Kihn et leurs compères nous prouvent que le cinéma français, lui, se porte comme un charme.

Un film en forme de grande aspiration d’air frais, des paysages, des voitures, des poissons, de bible cachée dans une valise, de ‘tiags et de Stetsons. Du psychobilly à fond les ballons et d’innombrables clins d’oeil et citations cinématographiques à reconnaître. Un régal.


* Un fait que l'acteur dément énergiquement (Mise à jour publiée le 14 mai 2011)


in: Angelina's mad envy of cinema

mardi 19 avril 2011

ils étaient là from Patrick


ils étaient là...
debout entre tes hanches comme des lilas...
miracles blonds
fragiles
funambules
dans le temps des fugues...
ma nuit parade
à la terrasse des jeux interdits
nos mains complices
dans cette caresse sur tes seins
tes lèvres comme une figue
croquée
dans le désir de l'été
ils étaient là...
tranquille et sauvage
cheveux défait par la nuit embaumée
d'étoiles

ils étaient là...
debout entre tes hanches comme des lilas...


Patrick Aspe



in: La part du fabulateur

dimanche 17 avril 2011

La séduction avec des tongs

Toute en chair et en sensualité, la belle Vanessa Ferlito se donne sans compter, dans Boulevard de la mort, pour le petit caprice de Ken Russel. Chez Quentin Tarantino, la séduction passe décidément par la danse, comme nous avions déjà pu nous en rendre compte lors d'un précédent numéro. Ici, sans apprêts ni faux détours, juste munie d'un mini-mini-short et d'un micro t-shirt, la brune Vanessa joue du bassin, du cuissot et de sa magnifique chevelure avec volupté dans une lap dance torride. Danse érotique par excellence, la lap dance est faite de frôlements et de gestes suggestifs dans laquelle le partenaire reste passif. Mais comment résister à tant de charme ?











in: The closer I get

jeudi 14 avril 2011

Soyons indignés !


Témoin et acteur de notre histoire, Stéphane Hessel fédère par son engagement politique et citoyen, mais aussi par son sens du slogan et son admirable rhétorique. Les critiques engendrées par un succès phénoménal, les tentatives de censure et les polémiques dont il a fait l’objet n’entravent en rien son enthousiasme et son envie de s’engager pour les jeunes générations.


La rock star de ce début d’année 2011 a 93 ans. Fort d’un succès médiatique aussi inattendu que réconfortant, Stéphane Hessel croule sous les demandes et ne sait plus où donner de la tête. Tout le monde se l’arrache ! Le secret de sa réussite réside dans deux mots et un impératif : « Indignez-vous ! ». « Nous vivons dans un monde [qui a causé] la dégradation de la planète (...) [et] les écarts insupportables entre les immenses pauvretés et les immenses richesses. (…) mon indignation se présente comme un appel à l'autre à s'indigner », explique Stéphane Hessel lors d'une rencontre à la librairie Tropiques[1]. Déjà vendu à 1,6 million d’exemplaires dans 17 pays, ce "petit livre", comme il se plaît à le nommer, a trouvé écho auprès d'une opinion publique déroutée par la politique anti-sociale, ultra-sécuritaire et xénophobe de son gouvernement. Résistant de la première heure, rescapé des camps de la mort puis diplomate à l’ONU, Stéphane Hessel a assisté à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948. Militant de la première heure, il continue aujourd'hui à s'engager pour les mal-logés, pour les sans-papiers, pour le peuple palestinien dont il dénonce les conditions de vie en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. « (...) la violence n'est pas efficace. (…) la non-violence est à mon avis historiquement la preuve que l'on peut changer les choses sans se battre violemment.[2].

Les limites de l’engagement citoyen

Dans son engagement pour la Palestine, il soutient la campagne internationale BDS  (Boycott Désinvestissement Sanction). Les militants de BDS invitent les consommateurs et les citoyens à ne pas acheter les produits importés des territoires occupés par Israël. « Il s'agit, dans cette résistance pacifique, d'un problème politique auquel nos dirigeants ne peuvent se soustraire (…). Il est insupportable de voir criminaliser des militants de la paix. » Ses prises de position contre le gouvernement israélien et son soutien déclaré à la campagne BDS ont parfois valu à Stéphane Hessel d’être accusé d’antisémitisme. « Israël m’est très cher, pour des raisons que vous comprenez, je suis d’ascendance juive. J’ai vu la naissance de l’Etat d’Israël. Au moment-même où nous apprenions les horreurs de la Shoah, je voulais qu’Israël soit créé. J’étais là quand on l’a créé. Et je suis furieux qu’un certain nombre de dirigeants israéliens mettent en cause aujourd’hui le bon renom d’Israël.[3] En janvier un débat sur la Palestine auquel il devait participer et qui devait avoir lieu à l’Ecole Normale Supérieure a été annulé par la direction de l’établissement, posant la question des limites de l’engagement citoyen.

Après les rétractations du juge Goldstone dans une tribune du Washington Post, dont le rapport accusait l’armée israélienne ainsi que le Hamas de crimes de guerre voire de crimes contre l’humanité lors de l’opération Plomb Durci, Stéphane Hessel est même convié à "rectifier" son ouvrage. Il y invitait ses lecteurs à lire le rapport Goldstone pour prendre la mesure des souffrances du peuple palestinien. Le journaliste Ivan Rioufol se demande, quant à lui, sur son blog du Figaro, si Stéphane Hessel va s'excuser.

Un succès qui dérange

Indéniablement l’omniprésence et la "canonisation" médiatiques d'un Hessel "providentiel" commencent à faire grincer les dents de plus d'un. Après l'encensement unanime, la célébration déférente, les regards se sont faits soudain plus critiques. Un tel succès, ça éveille forcément la méfiance, la suspicion voire le doute et la remise en question systématique. En vrac, nous avons eu droit à une chronique de l'auto-proclamé philosophe Luc Ferry dans Le Figaro du jeudi 6 janvier 2011, qui ne voit dans l'indignation de Stéphane Hessel qu'un « ressentiment dont on se sert toujours pour, abaissant les autres, se rehausser soi-même et s'offrir sans effort des poses de moraliste ». Un J'y crois pas !, publié le 1er mars dans le même format, qui se veut une réponse à Indignez-vous !. Proche d'un obscur parti politique de droite (le parti de l'In-nocence), le jeune auteur, dissimulé sous le pseudonyme d'Orimont Bolacre, dénonce des « indignations suggérées par M. Hessel un peu prévisibles, et surtout nettement sélectives[4]. Dans le même esprit, le site du Monde publiait une lettre ouverte le 10 février 2011. Commençant par « Cher compagnon de combat », elle est rédigée par un ancien engagé volontaire des Forces françaises libres qui s’exclame : « M. Hessel, vous ne m'apparaissez pas fidèle à l'universalité de nos valeurs ».

Qu'un "opuscule", "fascicule", j'ai même lu "tract", d'une vingtaine de pages soit titré Indignez-vous !, qui plus est de la part d'un ancien Résistant, et c'est l'effervescence. Que ce monsieur vendent plus de 500 000 exemplaires en France, qu’il soit cité en exemple et pris pour référence, qu’il suscite un engouement populaire, et tout de suite, on se sent investi du devoir de dénoncer l'alignement de "lieux communs sans grand logique", "des slogans creux", un texte" construit sans pensée logique"[5], bref la supercherie. On reproche à l'ouvrage le manque de profondeur et d'ambition qu'il ne prétend pas avoir. Vendu au prix de 3€, ce qui a également contribué à sa large diffusion, (prix de vente sur lequel Stéphane Hessel ne touche pas un centime, il est quand même bon de le rappeler), cet Indignez-vous ! revigorant, lâché comme on éructe en pleine colère, est né à la suite d’une commémoration sur le plateau des Glières, d’un besoin de transmission. Urgent, impétueux. Qui n’avait d’autre vocation que dire pourquoi la révolte, pourquoi l’indignation en quelques pages ; rendre accessible le parcours d’une vie résumé à quelques étapes clés.

Trop politiquement correct pour la presse qui se complaît à emprunter les contre-courants pour avoir l’air d’exister intellectuellement. Trop fédérateur pour les tenants d’une critique qui se veut dans le déni automatique pour se sentir être quelque chose. Quoi ? On ne sait pas. Bref, pas assez subversif pour être à la mode de chez nous, les ceux-qui-pensent-pas-comme-la-plèbe. La fraîcheur et l’ingénuité de Monsieur Hessel font plaisir à voir face à ces déversements de fiel. Pour sa part, il prend la critique avec bonhommie tout en donnant une suite logique à cet appel à l’indignation. Comme pour couper court aux polémiques, il vient de publier Engagez-vous ! qui est la suite naturelle d’Indignez-vous !. Co-rédigé sous la forme d’une conversation avec Gilles Vanderpooten, militant écologiste, l’ouvrage « nous livre des pistes pour agir, et s’engager »[6].

Et personnellement, je ne vois pas en quoi un homme qui a toujours milité pour la paix ne serait pas en droit de postuler au Prix Nobel de la Paix.[7]








[2]Ce soir ou jamais
[3]ibid
[4] in fnac.com
[5]Citation tiré d'un article de Marianne du 9 janvier 2011
[6] in fnac.com
[7] Edgar Morin, Michel Rocard, entre autres, ont signé une tribune dans Le Monde du 6 avril 2011 appelant à décerner le Prix Nobel de la Paix à Stéphane Hessel.



in: L'ivre

lundi 11 avril 2011

Y a pas de mal à se faire du bien (8)

Comme les beaux jours reviennent, je me disais que c'était le moment d'en profiter. Une petite vague en surf, une citronnade avec une paille, une robe à fleur, une virée en moto et en maillot de bain. Bref, tout pour bien faire sous le soleil. Il en faudrait peu pour invoquer un chouïa de flower power dans notre lundi.

C'est pourquoi je vous propose de vous faire du bien et de commencer la semaine sur un air mitonné par un garage band du Kansas, the Dinks. Cela semble fait de brics et de brocs. Entre le Summertime Blues de Cochran et le Barbara Ann des Beach Boys, entre autres, ça escamote et falsifie, ça accole sans prétention et avec beaucoup d'autodérision un peu de l'air du temps d'alors.

Pour un lundi au soleil, répétez tous avec moi : "Kocka Kocka Mow Mow...!"






PS : Un grand merci à Eric, l'un des libraires les plus mélomanes du monde....



in: Gloomy monday

jeudi 7 avril 2011

Parabole d'un espionnage programmé

Ce n’est pas un scoop, notre société se big-brotherise de plus en plus et l’univers angoissant du 1984 de George Orwell se rapproche de nous à grands pas. Même si nous sommes déjà en 2011. Achetez sur internet, abonnez-vous à une newsletter ou pire, tapez une requête sur un célèbre moteur de recherche, et vous voilà fichés. Vos goûts, vos envies, vos besoins, vos habitudes, vos convictions. Tout est avalé par une, des milliers de bases de données qui brassent des noms, des adresses, des IP. Pour le marketing viral, l’adresse mail est une manne. Elle se marchandise.

Mais le petit plus de notre big-brotherisation moderne, c’est qu’elle est la plupart du temps volontaire. Les réseaux sociaux séduisent par leurs côtés pratique, ludique, connectif et virtuel. Ils représentent pourtant autant d’informations sur nous-mêmes, d’indices sur notre intimité qui tombent dans les escarcelles des détenteurs de ces sites et de leurs clients. Nous ne sommes pas toujours conscients de la somme et du degré d’informations privées que nous semons online. C’est un fait, le site internet Le Tigre en avait fait un terrifiant reportage en reconstituant la vie d’un certain Marc à partir des traces qu’il avait laissé sur le net.

Avec l’avènement des smart phones, les applications qui exploitent ce filon prolifèrent. Les extensions des possibilités sur ce qu’il y a dire sur soi donnent le vertige. Il existe même des applications pour clamer où vous êtes, soit-disant pour garder le contact avec vos amis. Comme si un simple coup de fil ne suffisait plus. Ces modes de fonctionnement relèvent pour moi de l’auto-délation. C’est ainsi que certains utilisateurs se géolocalisent volontairement chez eux, et parfois même dans leurs toilettes. Jusqu’où ira l’indécence ?


in: Funny mind

mardi 5 avril 2011

Ta parole ! from Christine

Depuis qu'elle apprend le russe, il faut l'appeler Katioucha. On n'entend qu'elle et son rire énorme et perçant, on ne voit qu'elle. Ecrivain, poète, dessins. Cartes postales à publier. Voyages au Vietnam, pays de lumière et de douceur, berceau déchiré. Sensualité. Elle pourrait se taire, mais elle parle encore ? Adieu havre de lumière, il aut encore écouter. Elle secoue la tête et fait voler ses cheveux noirs à la Amélie Poulain. Elle parle plus fort. Il faut qu'on entende ce qu'elle pense, il faut qu'on soit au courant de ce qu'elle sait. 

Paternité Certains droits réservés par fjludo

" Laisse parler les autres Catherine !" Rien n'y fait. 

Son appartement est envahi par la littérature, ça déborde, ça se chevauche, ça s'entasse et ça dégringole. Dans le couloir, sous le lit. Il faut se frayer un chemin, elle les retrouve, elle les relit, les replonge dans l'oubli. Elle est insatiable. Un roman publié, un recueil en chantier. Et des milliards de mots à faire tourner encore et à utiliser. 

Une ronde folle qui n'a pas fini de faire tourner sa jolie bouche, une valse de mots qui ne tarit jamais. Il s'enchaînent sans faiblir. Et plus vite et plus vite, on ne la coupera pas, on ne peut pas, elle dira tout et on saura à quel point elle est brillante. Ses gros yeux bleu clair roulent sous la lourde frange à la Amélie Poulain. Du calm Katia...



in: La part du fabulateur

lundi 4 avril 2011

Le Gloomy Monday d'Aurélien

Premier lundi du mois, autrement dit invité du Gloomy Monday. Ce mois-ci, c'est Aurélien.

Et toi, c'est quand ?

Pour ce gloomy monday je vous propose The wanderer de Jil is lucky. Sûrement aviez-vous déjà entendu ce refrain, il a été utilisé pour la campagne de pub KENZO. C'est beau, entêtant, envoûtant même, sympa pour bien commencer la semaine.

Jil is lucky de son vrai nom Jil BENSENIOR est un auteur-compositeur-interprète francais. Né à Nice en 1984 et issu d'une famille de musiciens, il fait ses débuts à l'âge de douze ans avec son frère Bensé. Trés inspiré par le jazz manouche il sort son premier album en 2008 chez ROYMUSIC. Il est accompagné par des musiciens rencontrés aux quatre coins du monde qui deviendront "The Memphis deputies".

Quant à ce magnifique clip il est signé Benoît Toulemonde. Mais ne vous méprenez pas il ne s'agit pas des "power rangers" en mission dans les Alpes. Chaque personnage représente une religion. Alors prenez ça comme un message de paix et bonne écoute.







in: Gloomy monday

dimanche 3 avril 2011

Le courrier - IV (dernière partie) from Zoé Cyrano

Enfin, la fin ! Ce soir, vous allez tous savoir. Qui se cache derrière l'inconnue qui envoie de mystérieux courriers à notre narratrice avant de la soumettre à ses moindres désirs érotiques, de la plier au jeu du sexe et du hasard, de s'amuser de son excitation, de ses extases, de ses atermoiements. Ce soir, la révélation est faite. Ce soir, Zoé Cyrano vous dit tout et comment et pourquoi... après avoir exacerbé nos sens, titillé notre curiosité, inspiré notre libido et enjolivé nos dimanche soirs.

Lire la première partie de cet épisode.



Je rêvassais ainsi depuis un long moment déjà, lorsque retentirent sur la porte d'entrée quelques petits coups brefs, mais distincts. Je pensai aussitôt à l'inconnue mais me repris aussi vite, quelqu'un avait oublié ses clefs, son mobile, une écharpe, que sais-je...

DR


Ce texte a été dépublié afin de ne pas choquer les âmes prudes. Si vous voulez lire la suite de la nouvelle de Zoé Cyrano et que vous avez 18 ans et plus, visitez son blog.



in: The closer I get