vendredi 30 avril 2010

La fête du travail

Demain 1er mai partira la Marche des Sans-Papiers de la Place de la Nation. Elle durera 30 jours et s'arrêtera à Nice où se réunissent plusieurs chefs d'Etats africains dans le cadre du cinquantième anniversaire des indépendances des pays africains. Ce sont eux que les Sans-Papiers vont aller interpeler les 31 mai et 1er juin 2010 pour qu'ils cessent de collaborer avec la politique de chasse au migrant du gouvernement français.

Les propositions du Ministère de Monsieur Eric Besson en matière de régularisation sont intenables et injustes. Le cas par cas ne peut fonctionner dans une situation qui requiert des critères précis, un cadre strict pour faire appliquer sereinement les droits de l'Homme. Or, ces 80 Sans-Papiers qui marcheront 659 km sur les 1040 qui séparent Paris de Nice, réclament d'être régularisés par le travail.

Le samedi 17 avril, la Compagnie Jolie Môme est venue chanter en soutien aux Sans-Papiers de l'Agence Manpower du boulevard Rouget-de-Lisle à Montreuil. Ils sont en grève depuis le 18 novembre 2009 et occupent l'Agence qui les emploie et les exploite.





Pour plus de précisions, lire l'interview des Sans-Papiers en grève à Montreuil.




in : In the mood for anger

jeudi 29 avril 2010

Grèce : Pourquoi je ne signe pas la pétition

Le journal L'Humanité est en train de pétitionner pour que le Banque Centrale Européenne (BCE) prête l'argent nécessaire à la Grèce pour rembourser sa faramineuse dette au taux de 1 %, comme elle l'a fait pour les banques. Cette dette qui dépasse l'entendement, est, rappelons-le due à la spéculation qui a fait s'envoler les taux d'intérêt des emprunts publics. De ce que j'en ai compris en tout cas.

De son côté, le Parti de Gauche (PG), parti de Jean-Luc Mélenchon, appelle à la solidarité avec le peuple grec et demande lui aussi que ce taux de 1 % soit appliqué par la BCE à l'emprunt consenti à la Grèce. Est-ce dans le but de la préserver du FMI, prêt à se jeter sur sa proie et la dépecer ? C'est-à-dire saigner à blanc les catégories moyennes en gelant les salaires, en privatisant à tour-de-bras, en supprimant les emplois dans la fonction publique. Dans le même esprit, le PG a appelé à un rassemblement aujourd'hui à 18h30 devant le siège de l'Association française des Banques, rassemblement durant lequel son chef de fil a déclaré : « Le tour de la France viendra. »

Depuis quelques jours, et particulièrement ces dernières heures, on entend tout et son contraire concernant la dette grecque. Mauvaise gestion, spéculation, si la Grèce sort de l'Europe elle est perdue, cela reviendrait à l'abandonner, il faut sauver la Grèce, les banques ont plus intérêt à ne pas être remboursées pour toucher les assurances plus alléchantes, les banques françaises détiendraient 75 % de la dette grecque et pour ces raisons la Grèce ne doit pas être en cessation de paiement...

Dans les conditions que vit actuellement le peuple grec, dans le contexte de la crise et de la spéculation, l'argent prêté doit l'être au même tarif que pour les banques, c'est-à-dire qu'il ne doit rien rapporter à ceux qui prêtent. Cette initiative doit être, sinon une démarche solidaire, au moins la moindre des choses. Or dans le contexte de la spéculation sauvage qui s'est jetée sur ce pays comme un chien affamé sur une proie, elle me semble ambivalente, ambigüe et même indécente.

Et si avant d'appeler, exiger, trépigner, se rassembler au nom de ce cher peuple ami, on lui demandait son avis. En mars dernier, les Islandais ont dit "non" aux conditions qu'on leur imposait pour rembourser les banques qui les ont spolié. Pourquoi ne demandons-nous pas au peuple grec pour commencer s'il est d'accord pour rembourser des emprunts dont, à cause de la spéculation, les intérêts s'envolent au gré des mauvaises notes distribuées ? Demandons-leur après avoir vu, pour la plupart, leurs salaires gelés, leurs pensions diminuées, leurs primes supprimées, leur pouvoir d'achat dégringoler, à quelle sauce ils veulent être mangés.

Dans un deuxième temps, l'idée de demander poliment que l'argent prêté qui doit servir à rembourser le fruit des plus basses spéculations ne soit pas frappé d'intérêts sensationnels me laisse tout simplement bouche bée. Depuis le temps qu'on parle d'assainir le monde financer, de moraliser le capital, voilà que l'occasion se présente et ni le journal L'Humanité, ni Monsieur Mélenchon ne la saisissent pour livre leur grand combat. Alors, c'est à nous de leur retrousser les manches ? Comment peut-on même supporter l'idée de devoir rembourser des spéculations odieuses qui méritent plus d'être dénoncées et frappées de poursuites plutôt que remboursées ?

Personnellement, je suis pour l'annulation de la dette grecque, ou bien pour la moralisation de la dette grecque. Mais il parait que Madame Lagarde, notre Ministre de l'Economie, a dit qu'il fallait être solidaire mais pas complaisants. Mince alors !



in : In the mood for anger

mardi 27 avril 2010

ROUGE SANG ! from Christine Laure Morgan


Mon ami, mon amant !
Je marquerai ton prénom à l'encre rouge, avec ma chair,
et mon sang !
A tout jamais, tu seras mien ! Je serai tienne, comme les indiens le faisaient autrefois ! Le pacte du sang, rouge vif !
Tiens ! Prends cette lame, et entaille cette chair qui t'est offerte,
de notre sang bouillant, remplis d'amour, et de désir, marqués à jamais,
nous serons !
Mon aimé, mon doux ami, mon doux amant !
Que de nuits nous allons vivre, dans une douce débauche des sens,
de caresses en baisers, et de baisers en caresses !
Au fond de nos entrailles, nous allons puiser et repuiser, et y mêler
nos effluvent parfumées !.
Caresses du matin, ta main prend la mienne, mon doux ami, mon doux amant,
pour descendre si bas en mon intimité !
Là ! arrête-toi, un moment, un instant, entre le rêve et la réalité, amour et garde,
cette chose précieuse, que je te confie ! De cette intimité offerte à ton amour,
mon ami, mon amant !
Je regarde tes yeux ouverts sur ma nudité, que sans pudeur, je t'ai livrée tout
entière, comme une offrande, que l'on offre à l'être aimé !
Ah ! Qu'il est doux, de te voir me regarder ainsi nue devant toi ! Et de
m'habiller de ton seul regard qui a su m'envoûter, de m'envelopper de tes
douces paroles d'amour, dans un manteau de soie, et de sensualité, émanant un parfum
que je connais trop bien ! Celui du sexe, mon ami, mon amant !
Comme aimantée par toi, je fonds au creux de tes bras, prisonnière, des sens et de la douce musique de tes mots !
Ivresse de ton corps, de mon corps, volupté enivrante du fruit défendu !
Là ! mon ami, mon amant, viens abreuver ma soif de toi, étancher la tienne de moi, prends
et jouis de ce que je te donne, et que tu me rends si bien !
mon ami, mon amant !
Marquer de ton empreinte, de ton emprise, cette chair offerte à tes assauts répétés, et violents,
parfois ! Et doux à la fois !
Que nos sangs, ainsi mêlés, aux caresses extrêmes, soient le pacte du sang !
je suis contre toi, tes mains caressent, cette nudité que je te donne, en gage de cet
amour, de cet échange de regards, et de soupirs pour ne faire qu'un !
Le monde, peut s'effondrer devant nous, qu'importe, le temps, l'instant est a nous !
Si le toucher de ma peau, te procure mille plaisirs, mon ami, mon amant, que cela
dure pour la vie ! la tienne me procure mille et un délices !
La passion doit brûler nos coeurs, notre chair, pour que jamais, l'on oublie cet instant
marqué sur l'horloge de la vie ! l'amour est l'essence même de la vie !
Ah ! Jouir de toi, mon ami, mon amant !
Là ! Maintenant, je m'endors contre toi, pour un instant de répit à l'envi de toi !
Et, je ferme les yeux, pour m'endormir près de toi, mes pensés tournées vers toi !
Là, je m'endors, mon ami, mon amant, ma chose à moi, mon doux amour !
je suis tienne sans doute un moment, un instant, pour toujours !
Un dernier baiser volé, avant de partir pour ce voyage au coeur du sommeil !
Où baignés par nos odeurs, nous allons tomber dans ce puy, où nous allons puiser
nos forces, pour encore, et toujours nous aimer, et jouir l'un de l'autre, sans pudeur et
sans honte, corps et âmes !

Mon ami, mon amant, mon amour !


Par Christine Laure Morgan.
Déposé à la Société des Gens de lettres.
Tous Droits Réservés .




in : La part du fabulateur

lundi 26 avril 2010

Qui a vu le Caribou ?

En hommage à mon ex-collègue affectueusement surnommé Caribou par sa maman et à la faveur de la sortie récente du dernier album de l'artiste éponyme, je vous propose un peu de techno pour commencer comme un lundi.

Sorti le 19 avril, l'album Swim n'a pour moi rien à voir avec le rayon electro-pop où on veut absolument le ranger. Et le fait que Dan Snaith, l'homme qui se cache derrière le pseudonyme de Caribou, ait d'abord été mathématicien éclaire plutôt la néophyte caribouïenne que je suis. Ce n'est pas froid (le comble pour un caribou), c'est même plutôt cosy, mais cela reste très architecturé derrière les samples habilement agencés.

La première vidéo a un titre qui me parle, Odessa. Un brin Laurent Boutonnat, un rien romantico-mélodramatique, le clip reste assez évocateur pour vous emmener au pays des caribous. Parce que, euh, à Odessa, il fait chaud, non ?

En tout cas, j'espère que Caribou appréciera.




Bonne semaine !




in : Gloomy monday

dimanche 25 avril 2010

Le chiffre du jour : 25

Se doutait-il à 20 ans, en franchissant le seuil de sa prison, qu'il en prendrait au moins pour le quart de sa vie ? Sûr du bien-fondé de ses convictions, fier de son combat, se serait-il deviné, cinq ans plus tard, abandonné par un gouvernement qui verse des larmes de crocodile sur les 17 ans de Guy Môquet tout en piétinant ses 25 printemps à lui ?

Aujourd'hui, 25 avril 2010, Salah Hamouri a 25 ans. Ce jeune Franco-Palestinien a déjà passé cinq ans derrière les barreaux d'une geôle israélienne. Accusé sans preuvede fomenter un attentat, il a été condamné par un tribunal militaire en Cisjordanie, un tribunal de fait illégitime au regard du droit international. Paradoxalement, ce très jeune homme est "le plus vieux prisonnier politique Français dans le monde" comme le clame Jean-Claude Lefort, Président de son comité de soutien. Actuellement reclus du monde, Salah n'a plus droit aux livres ni aux journaux. Depuis deux mois, il est également privé de son courrier qui était un précieux réconfort, sous le prétexte qu'il n'y a plus de traducteur disponible pour que l'administration pénitentiaire en prenne connaissance.

Quel est le champ d'action d'un citoyen qui n'est pas d'accord avec ceux qui le gouvernent ? Comment dire "non" et se faire entendre ? Monsieur Sarkozy, nous ne sommes pas d'accord avec la façon dont vous traitez la famille de Salah Hamouri en refusant de la recevoir. Nous ne sommes pas d'accord avec votre diplomatie timorée qui n'appuie pas la demande de remise de peine pour Salah Hamouri.

Une action sur Facebook prévoit de changer sa photo de profil pour celle de Salah Hamouri le 25 avril. Le 25 avril, nous serons tous des Salah Hamouri. Dérisoire protestation.

Pour les 25 ans de Salah, submergeons la prison de courrier, écrivons-lui par milliers à :

Salah Hamouri
Doar nah Guilboa
10900-Beit shean
Israël



Nb : suite à mon papier paru dans Bakchich Hebdo hier, j'ai créé un groupe Facebook qui consiste à témoigner de ses 25 ans, heureux ou malheureux, en soutien à Salah Hamouri qui passera les siens en prison pour délit d'opinion.

Racontez vos 25 ans en soutien à Salah Hamouri




in : The world is crying out loud

vendredi 23 avril 2010

Un ange from Maxime



Donnez-moi une princesse citadine
Aux caresses si câlines
A la voix cristalline
Et aux vannes un rien taquines
Une qui m' donne la pêche comme la pile alcaline
Et quand j' la vois, que ma vie s'anime
Bref j' veux l' papillon qui sort d' sa chrysalide
Et en plus avant ma mort faudrait qu'elle s' radine
Car je sais qu'avec l'amour jamais on n' badine
J' veux qu'elle pense que j' suis trop fort, et pas qu'elle s' rhabille
J' veux pas d'une meuf qui ait autant de classe qu'un jour du mois d'Août
C' est clair que toutes les pétasses pour faire court sont Out
J' veux qu'elle croit qu'elle a de la chance
Qu'elle trouve que j' suis trop gentil
Que j'illumine sa vie
Et quand j' l'encense
J' veux qu'elle irradie
J' veux dans son coeur prendre toute la place
Quand j' me réveille le matin qu' ses cheveux chatouillent ma face
Qu'on s' lève, qu'on s' love, et p'tit déj' sur la terrasse
J' veux du fabuleux, du divin tous les jours
Moi j' veux d' la magie mais sans faire de tour
J' veux qu'elle rayonne de joie quand j' lui fais la cour
J' veux la prendre dans mes bras, qu'elle trouve que j'ai d' la classe
Quand elle est près de moi, qu'elle se sente à sa place.

Maxime Jacquet
Retrouvez ses oeuvres et .



in : La part du fabulateur

jeudi 22 avril 2010

En dansant sur un volcan (Ajami)

© Ad Vitam


Ajami est un film qu’on reçoit comme un coup de poing. On passe deux heures à rechercher son souffle. Les deux réalisateurs manient le public comme ils manient le scénario : ils ont l’art de retenir le récit, de le prêter puis de le reprendre. Ils savent bousculer le spectateur, le faire sourire et le laisser interdit la séquence suivante.

C'est comme si tout se passait dans un pays "normal", où il n'y aurait pas de "conflit" israélo-palestinien. C'est comme si les trois communautés, juive, arabe et chrétienne, cohabitaient dans un temps étiré à l'infini, qui n'aurait eu ni commencement et pour lequel il n'y aurait d'issue souhaitable. Les personnages semblent danser sur un volcan, mais la multiplication des points de vue, des angles de vue ne nous laissent à aucun moment nous installer dans nos certitudes.

Dans le quartier d'Ajami, à Jaffa, la guerre des clans, les flirts à la sauvette, les trafics de drogue, les émigrés clandestins, les disputes de voisinage qui tournent à drame rythment un quotidien violent, souvent sanglant. Pourtant le film n'est pas à charge. Il scrute ses personnages avec une curiosité sociologique presque scientifique.

Serge Kaganski (Les Inrocks) voit dans Ajami le salut du film de gangster. Pourquoi pas ? Jean Roy (L'Humanité) y lit le reflet d'une réalité que les habitants d'Ajami se coltinent jour après jour. Peut-être. Le contexte politique n'est en effet jamais évacué, il n'est pourtant pas caution, et bien souvent les personnages ont le choix avant de sombrer. Evidemment le fait qu'Ajami soit réalisé par un Israélien et un Palestinien vivant en Israël est assez emblématique pour être souligné. Plus qu'un symbole, un signe d'impatience, un passage à l'acte.

Comme je me refuse à raconter l'histoire pour vous en préserver toute la saveur de la découverte, vous allez être obligés,lecteurs cinéphiliquement amourachés, d'aller voir ce film. Et je vous souhaite de découvrir Ajami sans rien en savoir à l'avance, ou le moins possible, comme je l'ai fait.



in : Angelina's intense envy of cinema

mardi 20 avril 2010

Lapsus

« C’est sans doute parce que je me préoccupe très peu de mon corps que j’écris à travers lui. Comment regarder une femme dont le corps même est une écriture ? Où est mon corps quand j’écris ? Est-il posé ? Où se pose t-il ? J’écris assise. Laura pose t-elle son corps quand elle danse ? Où le pose t-elle ? »
Emmanuelle Pagano


Il en faut du courage pour se rappeler que son corps existe, pour le regarder sans filtre, vraiment en face et sans fard. Il en faut du courage pour le laisser parler, l'écouter vraiment, jusque dans les moindres borborygmes, les craquements, les gaz. Il en faut du courage pour le toucher et sentir sa tessiture réelle, la peau plus molle à certains endroits qu'à d'autres, la peau morte et dure, qui ne vit plus mais toujours accrochée à ce corps.

Ce courage Emmanuelle Pagano l'embrasse chaque fois qu'elle prend la plume. Cette écrivaine ne conçoit que des livres "physiques", qui ont une existence bien avant d'être couchés sur la papier. Ses livres, elle les sent grandir au-dedans d'elle comme des enfants. Elle les porte, les nourrit de ce que ses yeux voient, de ce que sa bouche mange, boit et aspire, de ce que ses mains touchent, de ce que lui donne la vie. Secrète alchimiste, elle transforme chacune de ces expériences sensorielles, quotidiennes, d'une banalité qui les rend presque invisibles, en une matière solide de mots, en un entrechoc de composites vivants, en une concordance entre l'intérieur et le dicible.

La concordance est justement ce qui a fait se rencontrer Emmanuelle Pagano et la chorégraphe Laura de Nercy. Associées le temps du bien nommé festival concordan(s)e, elle se sont trouvées et ont trouvé moyen de faire fructifier leur regard riche sur ce magma indépendant et pourtant tellement interconnecté.

Dans le mini-spectacle Flanquées qui est un prolongement du solo de Laura de Nercy Toucher terre créé à Saint-Ouen en mars 2010 et qui questionne déjà le féminin et l'intime, Emmanuelle Panago interroge son écriture si physique en mots tandis que la chorégraphe en danse les vibrations. Pas de complaisance, mais pas d'apitoiement non plus. Emmanuelle Pagano écrit par son corps, dans le chaos, dans le plaisir, dans la contrainte. Ici le corps souffre, endure, porte, se plie, se déplie, se replie, se contorsionne, soubresaute, convulse, exulte en silence, se tait tout en criant, étouffe, aveugle.

« (...) je choisis de rencontrer Emmanuelle Pagano, écrivain, après lecture de deux de ses romans que je reçois de manière très physique. Le corps est au centre de son propos, un corps subi, pesant, un corps en transformation et c’est ce qui me touche. »
Laura de Nercy


La quatrième édition du festival concordan(s)e s'est tenue du 7 au 17 avril entre Saint-Ouen, Bagnolet et Paris. Chaque année, il a pour propos la rencontre d'un écrivain et d'un chorégraphe autour de la création.

Emmanuelle Pagano est l'auteure du Tiroir à cheveux (2005), des Adolescents troglodytes (2007), des Mains gamines (2009). Elle vient de publier L'Absence d'oiseaux d'eau aux éditions POL.

Laura de Nercy
est chorégraphe. On lui doit notamment Swing, un spectacle conçu sur quatre ans autour de sa rencontre avec six femmes.



in : Big event little summary

lundi 19 avril 2010

Y a pas de mal à se faire du bien (3)

Un petit bijou pour commencer la semaine.

Il paraît que la chanson parle d'Edie Sedgwick, l'actrice et muse d'Andy Warhol. Pour ma part, j'ai toujours cru que cette chanson parlait de Nico, en dépit du fait qu'elle soit interprétée par elle. Plus que les paroles, ce sont la musique et cette atmosphère de lendemain d'orgie qui lui vont si bien.





Bonne semaine !


PS : Merci à la librairie Bedemundi.



in : Gloomy monday

mercredi 14 avril 2010

La Commission Européenne vient d'autoriser la culture d'organismes génétiquement modifiés (OGM) dans l'Union Européenne


Cédant au lobby pro-OGM, la commission a ignoré l’avis de 60% des Européens qui estiment que nous devons d’abord établir les faits avant de cultiver des plantes qui pourraient menacer notre santé et notre environnement.

Les associations de défense des consommateurs, de l’environnement, de la santé publique et les syndicats paysans se mobilisent depuis longtemps contre l’emprise exercée par les multinationales productrices d’OGM sur l’agriculture européenne. Les préoccupations liées à la culture de plantes génétiquement modifiées incluent: la contamination des cultures biologiques et du reste de l’environnement; l’impact sur le climat en raison d’un besoin excessif en pesticides; la destruction de la biodiversité et de l’agriculture locale; et enfin les effets des plantes OGM sur la santé.

Certains Etats membres de l’Union ont fait part de leur vive opposition à la décision prise il y a quelques jours et qui autorise la culture de la pomme de terre produite par BASF et de variétés de maïs Monsanto. L’Italie et l’Autriche s’y opposent et la France a demandé la poursuite de la recherche scientifique.

Il n’y a toujours pas de consensus quant aux effets des OGM sur le long terme. Et c’est l’industrie des OGM, faisant passer le profit avant la santé publique, qui finance la recherche scientifique et influence le cadre réglementaire. C’est pour cela que les citoyens européens réclament l’indépendance de la recherche et davantage de tests et de précautions avant que ces plantes ne soient dispersées dans la nature.

Aujourd’hui, « l’Initiative Citoyenne Européenne » donne à 1 million de citoyens européens la possibilité de soumettre à la Commission Européenne des propositions de loi et nous offre une chance unique de contrer l’influence des lobbyistes.

Faisons entendre 1 million de voix pour obtenir un moratoire sur l’introduction de plantes génétiquement modifiées en Europe et mettre en place un organisme éthique et scientifique indépendant chargé de mener à bien la recherche et la régulation des OGM. Signez la pétition maintenant et diffusez largement l’appel :

http://www.avaaz.org/fr/eu_health_and_biodiversity/?vl

N'oubliez pas d'inclure votre adresse postale pour que toutes nos signatures soient validées dans le cadre de l'initiative citoyenne européenne.

A vos claviers et sachez que ce genre de mobilisation a déjà fait perdre quasiment tous ses procès à Monsanto, raison pour laquelle il s'allie avec BASF aujourd'hui.


Source


in : In the mood for anger

mardi 13 avril 2010

Arapimou from Christine

Photo petrogaz

A 30 ans, Héziah claque enfin la porte. Marre des collègues en copie carbone. Marre de la famille, marre des petites cuillères en argent dans la bouche. Un petit détour par la poste pour vider son Livret A et la vie peut commencer. Ses déambulations dans les rues de la capitale lui offrent un autre visage de Paris : des clochards vissés sur des bouches d'aérations, des bars miteux, des prostituées qui se cachent tout en lui ouvrant leurs bras percés et bleus. Héziah vivra une passion éphémère avec Anne, l'une d'elles. Elle se donnera sans penser au lendemain, avant de disparaître mystérieusement. Enlevée ? Abattue par le proxénète, invisible et menaçant ? Le dealer ? La famille est encore trop près. Héziah n'a pas le temps de chercher Anne car Victoire, sa soeur, lance des hommes de main à sa poursuite.

Marseille, les chichas, les clubs sado-maso, et l'argent bien planqué contre son ventre.

La liberté vite. Un cargo d'immigrés clandestins qui repart vide, l'espoir de semer ses poursuivants. Athènes, carrefour entre l'Orient et l'Occident, indéchiffrable intermédiaire qui hésite entre modernité et traditions. Dans les rues mal famées d'Exarchia, une voix rauque et enfantine l'interpelle. Ce soir, c'est la première fois que Michaëla le fait pour de l'argent. Mais elle se montre cachotière, déséquilibrée et déterminée à la fois. Jusqu'à quel point peut-on exercer sa rancune et son désir de vengeance ? Jusqu'à refuser de tendre la main à un père mourant ? Par quels chemins tortueux Michaëla mènera-t-elle Héziah pour qu'en une nuit et un jour il ait retrouvé le besoin de rentrer chez lui ? Les hommes de main de Victoire l'entendront-ils de cette oreille ?

C'est à une passionnante odyssée que nous convie ce jeune auteur issu de la célèbre école de journalisme Emi-CFD. Comme des millions de lecteurs potentiels, vous vous laisserez prendre par le charme des protagonistes qui sauront vous attirer vers les fantasmes les plus dangereux de ce début de millénaire.



in : La part du fabulateur

lundi 12 avril 2010

Sa part d'ombre

Toujours aussi affûté, Akhenaton vient de sortir une autobiographie rédigée avec des journalistes, accompagnée d'un triple CD éponyme, La Face B. Face B d'une vie sous les spotlights, face b d'une personnalité charismatique, médiatique mais qui a su rester intransigeante. Aucun inédit pourtant dans ce coffret qui se veut le reflet introspectif d'un parcours artistique.

Outre le plaisir de retrouver Akhenaton en mots, en phrases tranchantes (notamment dans le long et passionnant entretien qu'il a accordé à Politis), le bonheur est encore dans le pré avec la diffusion prochaine à la télévision, peut-être imminente d'un film musical entièrement réalisé par le rappeur marseillais. Un casting phénoménal, une bande-son de rêve, ce Conte de la Frustration qui nous sera vraisemblablement conté à la rentrée 2010 sur le service public s'annonce comme un événement.

En attendant de sauter la barrière pour courir pieds nus dans l'herbe verte, voici un teaser qui tease là où ça chatouille.





Pour en savoir plus sur Conte de la Frustration.

Merci à Yannick06 et à son fabuleux blog non-officiel sur IAM pour toutes ces infos.



in : Gloomy monday

vendredi 9 avril 2010

La fille en papier

A partir de demain, la love story qui dure depuis plus d'un an avec Bakchich continue de plus belle.

En effet, lecteurs passionnés, amis virtuels, amis pour de vrai, internautes de passage, amateurs de poil à gratter et d'érotisme pour rigoler, l'Hebdo de Bakchich, qui sort par définition toutes les semaines en kiosque avec le meilleur des infos, enquêtes et contre-enquêtes, révélations et filouteries en tout genre, ce sympathique Hebdo-là a paternellement accueilli la fringante Angelina dans ses pages bazar... pour y foutre le bazar, cela va sans dire.



Je ne peux encore vous dire si la petite rubrique d'Angelina sera hebdomadaire, récurrente ou appelée à perdurer, c'est pourquoi je vous encourage vivement à vous procurer ce collector.

De plus, il y a la vraie photo d'Angelina dedans.

A demain alors !








in : Big event little summary

mercredi 7 avril 2010

Leur corps à elles (foutez-lui la paix)

Messieurs, ne cherchez plus. Notre point G se planque dans la penderie. C'est la société de vente par correspondance 3 Suisses qui l'a trouvé. Dommage alors d'avoir perdu du temps à vous escrimer dans le vagin de votre copine...


Après le tollé médiatico-médiatique provoqué par une blonde nue dans un caddie qui a rappelé à notre bon souvenir l'existence des Chiennes de Garde, ce chef-d'oeuvre de nullité signé BETC Euro RSCG aura eu le mérite de souligner et même stabylobosser avec une bonne dose de vulgarité, que nous sommes tous, et particulièrement toutes, d'inaltérables vecteurs d'excitation à la consommation.

Notre société consumériste et voyeuriste instrumentalise le corps des femmes, mais plus encore, elle le malmène.

Exposé, en texte et en image, jusque dans sa moindre parcelle d'intimité, traqué sous les niqab et les burqa, glorifié sur des sites internet communautaires (vivelesrondess.com), le corps des femmes est aujourd'hui politisé, chipoté, dépecé comme un cadavre encore chaud entre féministes, religieux, législateurs et médecins.

Et les femmes dans tout ça ? J'ai envie de dire, elles font ce qu'elles peuvent. Elles subissent, encaissent, parfois jouent le jeu. Et demeurent étrangement les dernières consultées.

Une femme meurt toutes les minutes dans le monde des conséquences d'une grossesse ou d'un accouchement, faute de soins médicaux s'alarme Oxfam France qui vient de lancer une campagne contre la "non-assistance à mère en danger".

A Moscou, deux femmes ont servi de détonateurs humains aux attentats du métro. "(...) en Tchétchénie, aucun homme ne se fait sauter. Ils donnent trop de valeur à leur vie." expliquait la journaliste russe Yulia Yusik dans son livre Les fiancées d'Allah. Depuis l'attentat revendiqué par un chef rebelle tchétchène, les femmes portant le hijab ou seulement typées se sentent menacées et certaines ont été passées à tabac en Russie.

Rappelons enfin que le jour de l'intronisation de Simone Veil à l'Académie Française, des centaines de personnes manifestaient devant le siège de l'AP-HP pour dénoncer des suppressions de centres d'interruption volontaire de grossesse en Ile-de-France. Foutu pied de nez.



NB : Un autre article d'Angelina sur le même sujet est actuellement en ligne sur Bakchich




in : In the mood for anger

mardi 6 avril 2010

Cour from Grégory H

Photo oNico®'s



Il est tard. Peut-être deux heures du matin. La rue est calme. Les petits immeubles qui se succèdent ne laissent plus apparaître aucune effervescence. Sur le clavier incrusté dans le mur, à côté de la porte, Nicolas Bauer enfonce les quatre touches situées à droite, de haut en bas : 3, 6,9, B. Le sésame d'une entrée sur dix. Dès la deuxième tentative, la théorie se vérifie. La frêle porte en bois, vitrée, s'ouvre sur un corridor exigu, sombre et dont la simplicité traduit la modestie du lieu que Bauer découvre. Vite familiarisé à l'obscurité, il jette un oeil à la dizaine de boîtes aux lettres rangées à sa droite. Leur métal réfléchit la lumière du dehors et des vies se mettent alors en avant : Wolczak Suzanne, Abron Martine, Heroso Henri, Houcine Bensaïd, Guizand Paul, Ravier Feguereido Luciano, Petitot Juliette et Speed Express. De lugubre, l'endroit devient hospitalier. Les trois autres bouches à papier sont muettes, anonymes. Longeant le petit couloir, l'intrus aperçoit sur le côté l'étroit escalier en colimaçon dont les marches en bois ont été sculptées par des années de va et vient. Mais son objectif, c'est la porte du fond. Elle donne sur une minuscule courette éclairée indécemment par une pleine lune. L'endroit sent le bois humide, le moisi, les caves ne doivent pas être loin. Trois gendarmes vert, bleu et jaune se dressent à quelques mètres. L'un pour le verre, l'autre les emballages, le troisième les restes de repas et autres déchets. Tout ici est parfaitement entretenu malgré la pauvreté ambiante. Encerclé de près par les immeubles froids qui bordent la cour, Bauer est rassuré par les deux petites maisonnettes, studios probables, qui s'intercalent entre lui et ses agresseurs. Sous ses pieds, le pavé est chaotique et fait mal. Sur sa gauche, à l'angle de l'une des deux habitations, un recoin à l'abri des regards possibles et de l'astre nocturne. Sous la fenêtre, juste un pot de géraniums entretenus. Il veut y voir un signe d'espoir, le pousse et s'installe. Pour sa première nuit dehors, il pense qu'il a de la chance.



in : La part du fabulateur

lundi 5 avril 2010

Le Gloomy Monday de Zan'



Le hip hop se phœnixise quand Cut Chemist nous entraine dans un battle scratché original et déjanté. Terrible. Du coup, je veux faire écouter à un ami... et paf, je découvre le clip : à la hauteur du morceau ! Délirant et génial. Oldy et millimétré.

Spat. Ou quand le DJing rend les autres disciplines hiphop superflues. Durant 2 minutes 24, il s'entend.



Zan' est une spécialiste érudite du rap, accréditée et approuvée hip-hop, labellisée tags, illustrations visuelles et graphes en tous genres. Retrouvez avec bonheur ses billets et ses semaines inspirées sur le blog collectif Voldemag où elle écrit et publie.



in : Gloomy monday

samedi 3 avril 2010

Vent chaud, coeur froid

Pour finir cette semaine riche en émotions, je vous invite pour le dessert. Un chaud et froid romanesque pour prendre votre moitié par les sentiments dans une explosion de sensations.


Préparation : 10 minutes
Cuisson : quelques minutes

Pour 2 personnes


- 2 blancs d'oeufs
- 3 cuillères à soupe de sucre de canne
- 2 moitiés de pêche au sirop
- de la glace à la vanille parfumée au rhum et aux raisins secs
- des biscuits à la cuillère
- 1 cuillère à soupe de rhum
- 1 cuillère à soupe de sirop de fraise

Battre les blancs en neige en incorporant 2 cuillères à soupe de sucre.

Mélanger le rhum avec le sirop de fraise et tremper les biscuits à la cuillère le temps d'un bref aller-retour pour ne pas les imbiber. Les déposer au fond de deux petits plats allant au four.

Poser une moitié de pêche au sirop dans chaque plat et en remplir le creux d'une boule de glace.

Recouvrir avec les blancs en neige. Saupoudrer du reste de sucre. Enfourner dans un four préchauffé à 220°C (Th. 7) le temps de faire roussir. Servir minute.


© Angelina




in : L'eau à la bouche