lundi 30 janvier 2012

Fanny je la kiffe

Une voix haute et claire mais jamais trop poussée, des arrangements indie, et plus folk sur scène, une musique qu'on a mille fois entendu dans la pop anglaise mais jamais réellement chez une artiste française, voici Fanny Krief avec sa belle détermination, sa jolie dentition qui mord la musique à pleines dents et nous emmène.


Jeunesse et beauté alliée à un certain sens artistique, une présence indéniable, cette jeune fille ira loin c'est pourquoi je m'empresse de la suivre.Je remercie au passage Martius qui me l'avait fait découvrir l'année dernière. 


En voiture ! Le départ c'est tout de suite...!












in: Gloomy monday

vendredi 27 janvier 2012

Bridget Betty ou Nurse Jones ?

Pour une soirée folle-dingue, rien de mieux que se passer ou repasser Nurse Betty, un DVD tout à fait édifiant. Outre le plaisir d'y retrouver la délicieuse Bridget Jones, mais avant Bridget Jones, vous aurez également droit pour le même prix de location à la sublimissime présence du grand Morgan Freeman parfaitement doublé par l'excellent Chris Rock.

Que de qualificatifs me direz-vous ! Que dire de ce petit bijou d'absurde et de loufoque, sinon que ce n'est pas culte mais pas loin ?!

Et pourtant, le film de Neil LaBute (déjà, fallait l'inventer) avec l'attachante Renée Zellweger dans le rôle-titre partait avec plusieurs handicaps au compteur. Le plus notable étant une histoire, certes improbable, mais parfumée au déjà-vu et qui risquait surtout de ne pas être drôle du tout.

Cependant tout y est, ce tout qui donne au truc un fumet délicieux.

La critique sociale : la pauvre Betty se fait rabaisser en permanence par un mari que la beaufitude ne parvient pourtant pas à étouffer (hilarant Aaron Eckhart) qui est accessoirement dealer de drogue. Pendant que son mari saute la secrétaire, elle se pâme devant une sitcom hospitalière qui met le feu à l'amour et conjugue la gloire avec la beauté. Féministes attention, vous allez souffrir...

Le polar : suite à un malentendu généré par notre chère et gourde héroïne, le mari se fait assassiner. Betty prend la fuite avec les tueurs à ses trousses, ou plutôt aux trousses du paquet de drogue avec lequel elle s'enfuit. Les tueurs sont évidemment deux pinces-sans-rire, qui ont trop la classe, ne lésinent pas sur la violence et l'humour noir, et achèvent leur mortelle expédition tels deux Pieds Nickelés.

Le trait de génie : choquée par l'assassinat de son mari, Betty fait un transfert et se projette dans sa série télé préférée. Elle se croit désormais infirmière et se met en quête du docteur dont elle est amoureuse. Quête qui la mènera à Hollywood...


...Un peu comme si je devenais Gabrielle Solis !




Inutile de préciser que c'est totalement déraisonnable, complètement déjanté, que Renée, Morgan et Chris n'y sont pas pour rien, et que ça va très loin dans le délire. La grande réussite du film étant de jouer sans cesse et d'être sans cesse sur la brèche entre le drame et le vaudeville, la violence et le rire, la psychologie et le foutage de gueule. Le spectateur ne sait carrément plus sur quelle chaise s'asseoir. Certains vouent le film aux gémonies, d'autres y ont vu une grande lumière. Reconnaissons que ce film a ce quelque chose "alienien" qui fait son charme entre maîtrise du metteur-en-scène et bras d'honneur dès que vous avez tourné le dos.

Que du bon pour un vendredi soir quoi !

















in: Le DVD du Friday night

lundi 23 janvier 2012

Y a pas de mal à se faire du bien (15)

Vous aussi vous avez vu la pub de Nina Ricci ? Je vous en parlais , le problème quand on aime une chanson depuis très longtemps et que soudain elle est utilisée pour une pub (souvent pour du parfum, remarquez, c'est drôle. Je dois avoir des affinités électives avec les publicitaires en parfum), c'est qu'on a l'impression de perdre un peu de son âme, ou de se la faire voler.

Certes la pub est jolie, avec ce petit air appuyé de garçonne, cette ressemblance recherchée comme un hommage à Jean Seberg.





Mais la vraie c'était elle. Il a fallu que je tombe dessus par hasard pour savoir que c'était Edie Sedgwick qui chantait. Une égérie de Warhol qui, certes, avait quelque chose de garçonne aussi.





Mais en réalité, la vraie chanteuse c'était moi. Parce qu'il n'y a jamais de mal à se faire du bien....

Bonne semaine !


in: Gloomy monday

dimanche 22 janvier 2012

Ballade bottée

from Nathanaël



Photo trouvée

C'est chouette de bloguer mais il ne faut pas en oublier la vraie vie, n'est-ce pas ? Et cette vraie vie m'a permis de rencontrer mon hôte il y a quelques semaines. En quelles circonstances, permettez que nous gardions celle pour nous. En tous cas, je prend beaucoup de plaisir à venir ici, régulièrement, en ballade, pour déguster des petits morceaux de bonheur littéraire, musical ou autres. J'ai eu donc envie, pour honorer une promesse faite à Angelina, de vous convier à une autre ballade, de celles auxquelles je peux me livrer dans la vraie vie.

Et dans ces ballades, qui concernent en fait une partie bien précise de la mienne anatomie : mes globes oculaires, la partie de mon être qui m'est la plus précieuse, je croise régulièrement... les bottes ! C'est de saison, il est vrai.

En ces semaines de frais, me voilà vertement réchauffé par la présence des bottes. Elles sont partout les bougresses : sur les quais du RER, dans les couloirs du métro, dans les rues ou j'erre, et même au bureau ! En voilà du boulot !

Donc, au début était la botte et moi, qui suis mon propre Dieu à usage unique, vit (sans jeu de mots encore) que cela était bon. J'aime les bottes ou, pour dire le vrai, les bottes me bottent, un brin fétichiste je suis pour de bon, mais juste un brin. Qu'elle soit haute ou courte ; à mi cuisse ou à mi mollet ; rigide ou souple ; à talons aiguilles ou à talons … aiguilles aussi ; pourvu qu'elle soit de cuir, mat ou brillant, noir ou marron ; à bout rond ou pointu, peu m'importe. Je ne puis écrire « peu me chaut », ce serait mentir tant elles me réchauffent les sens. Mon oreille se tend aussitôt que retentit le claquement si particulier de ce qui est bien plus qu'une simple chaussure sur le sol carrelé ou bitumé.

La seule sonorité de la botte donc m'emporte dans un temps incertain de vagabondages. Je ne suis pourtant guère porté sur l'Italie, mes proches pourraient vous le confier. Or, il va sans dire que ce cliquetis, qu'il s'agisse de ces fins talons ou de leurs comparses carrés, sonne à mes oreilles comme un bel canto que seul peut approcher le ballet des escarpins.... Ah mais ne vous l'ai-je point dit déjà ? Ah non...

C'est que j'en perds le sens commun, avec grand plaisir, puisque ce sont bien d'autres sens que titille la vue d'une jambe cambrée par le port de ces bottes, oui revenons-y ! L'escarpin aura sa saison, plus avant dans l'année, il sera bien temps de les ressortir alors. La cambrure, oui, icelle même qui accentue cette apparence droite, quasi rectiligne à force d'efforts. C'est drôle non ? Les courbes magnifiées, accentuées par la cambrure, dessinent une ligne droite. Moi qui n'aime la droite que parce que l'on peut s'enrouler autour... Tel une liane, ou un lien... on y vient.

La botte a cela de sensuel, oui le mot est lâché, qu'elle éveille -en moi et, je gage, en quelques autres- des rêveries que la morale n'approuve pas toujours. Et c'est bien cela qui est bon en elles. Elles fouettent... l'imagination, en quelque sorte... et le claquement des talons peut se faire prélude à d'autres sonorités aux accents où, là encore, le cuir... domine. Disons-le, n'ayons pas peur des maux, dans le fond. Comme disait Balzac, ma dame, en ce cas, souffrez que ces bottes se fassent préliminaires.  

Je vous sens perdus... Ne cherchez pas, il n'y a, au contraire de la fable, aucun sens véritable dans cette ballade. Aucun autre que celui que vous finirez par ressentir si tel est votre plaisir. La ballade n'a de sens que dans sa totale gratuité. Merci à Angelina de m'avoir offert le luxe suprême de cette déambulation sans but, suivant le seul claquement des bottes sur le pavé.

Spéciale dédicace à Nathanaël (!)
Photo trouvée





in: The closer I get

mercredi 18 janvier 2012

Chante-moi une chanson d'immigrant

Alors que le film que tout le monde (ou presque) attend sort demain avec l'affriolant Daniel Craig, je ne pouvais pas ne pas m'offrir le plaisir de me faire un Gloomy Tuesday avec Trent Reznor. Le film en anglais s'appelle The Girl With The Dragon Tatoo, en français il s'appelle Les Hommes Qui N'Aiment Pas Les Femmes. Drôle non ? Allez savoir !?

Mais pour la BO, c'est toujours Trent Reznor et Atticus Ross, un an après avoir décroché l'Oscar pour The Social Network. Après plusieurs années d'expérimentations sonores douloureuses, de déprime, Reznor, le sex-symbol noisy de la techno indépendante et alternative a décidé de se mainstreamiser, avec cette plutôt sympathique reprise de l'Immigrant Song de Led Zeppelin, mais bon. Si la période dépression à base de résonances stridulantes n'avait pas grand chose pour me plaire, le côté face de la force obscure ne me séduit pas non plus. Certes l'on retrouve un Reznor presque à la hauteur de Piggy, la spontanéité et la violence de Nine Inch Nails en moins.

Et puis, avouons-le, outre le fait qu'il ait épousé un superbe mannequin qui en plus chante bien (gnan !), je viens d'apprendre que Trent Reznor était "l'homme de la vie musicale" de la chanteuse Anggun. Et là, je dis non ! car je ne partage pas. Et ça suffit les filles qui chantent bien et qui ressemblent à Anggun.

Cependant, il y a peut-être matière à se réjouir car manifestement l'homme aurait décidé de remettre la machine Nine Inch Nails en branle. Ou pas ?









Pour en savoir plus Trent Reznor, cliquez sur ce fabuleux lien.



in: Gloomy Tuesday

dimanche 15 janvier 2012

Sexe sur canapé

from Sand La Blonde


On aurait presque pas cru que c'était dimanche soir. Je frime un peu. En vrai, on le croyait carrément et on avait de bonnes raisons. Dix-neuf heures au carreau, des gouttes de pluies tellement molles qu'elles n'avaient plus la force de s'accrocher aux vitres : une bonne sale ambiance morose qui poisse et colle. Et d'un coup le téléphone a fait ce qu'il fait de mieux : sonner. Tachycarde de désœuvrement  –car qui appelle le dimanche soir à part les êtres encore plus déprimés que soi ?–  je me ruais sur l'engin et décrochais avec une voix que j'espérais sexy mais qui se résuma surtout à un halètement étouffé. C'est en entendant sa voix que j'ai commencé à regretter. En vrac : mon abonnement au club de gym aussi utile qu'un congelo à un esquimau, mon addiction au tabac, mes trois sucres dans chaque petit noir. Je n'ai saisi que le dernier mot "j'arrive". Alors j'ai dit oui. Benoîtement. Même si je m'appelle Bruno.

J'ai jeté un œil alentours (que j'ai bien vite repris, ça peut toujours servir). Le désordre était relatif. Je supposais que le baiser près de la machine à café allait revenir sur le tapis alors j'ai frotté du plat de la main les poils mi-longs et réajusté. Parfait.

Je finissais de me donner une contenance devant la glace quand la sonnette a retenti. Aiguë. On aurait cru qu'elle était bouleversée de phéromones -la sonnette, pas la fille. Moi en tous cas je n'en menais pas large: quand j'ai ouvert la porte et que la lumière est tombée en travers de ses cheveux roux et de son imper noir, ça m'a retourné le cerveau –la fille,pas la sonnette.

Elle n'a pas prononcé un mot. Ses yeux parlaient pour elle : exactement ils criaient comme on dit "braguette". C'est là qu'elle était forte : les yeux des autres nanas se contentent de regarder. Les siens hurlaient un tas de choses indécentes à ma fermeture éclair.

Elle ne s'est pas formalisée des boutons de mon Levi's : elle assurait en métaphore. D'une démarche que je ne m'explique pas, toute en courbes et ondulations elle m'a fait reculer. Dans l'échancrure de l'imper brillait sa peau. Ses lèvres griffées de rouge, ses chevilles déliées, les talons... L'image était parfaite. Que je croyais. C'est quand elle m'a poussé sur le canapé avant d'ouvrir avec un art consommé son imper que mes connexions nerveuses sont devenues un plat de nouilles.

Dieu du ciel ! À poil et sans fourrure. Des petits seins à vous rendre marteau, sa taille, le renflement de son pubis nu. Puis elle a écarté les jambes. Mon regard ne savait plus où s'accrocher. Le bombé de son ventre ? Ses épaules ? Ses tétons mordants et ses guibolles et là juste en remontant ses cuisses : les lèvres glabres, interdites, offertes pourtant à mes yeux –du moins dans un premier temps.

Cloué sur le skaï je crevais de désir mais aussi d'un peu de trouille. Comprenez une bombe rousse qui vient vous faire bosser l'anatomie un dimanche soir ça a de quoi éberluer. Elle pas hésitante pour deux sous, s'est dirigée vers mon entrejambe. Sa main d'abord, habile déboutonneuse-déshabilleuse. Mon sexe trop à l'étroit dans le boxer lui disait déjà merci. Avec un air entendu, elle m'a laissé profiter de ces quelques secondes.

Puis sa bouche a semé des baisers un peu au hasard sur mon ventre, mes hanches et mon membre gonflé. Une sorte de cailloux du Petit Poucet pour grands. Sa langue s'est mise à jouer une certaine partition. Tour à tour piano, fortissimo, andante puis ha... C'était bon. Je ne pouvais rien faire d'autre que tortiller mes doigts dans ses cheveux, dans toute cette masse rougeoyant entre mes cuisses. De sa bouche, de ses doigts, elle s'employait à me rendre dingue : suffisait que je pense à ce que j'aurais aimé –plus vite, plus lent, caresser mes couilles ou faire vibrer mon cul– et comme par transmission  elle s'exécutait.

Y avait du vice dans l'air et des dents dans ma chair.

Je sentais mon sexe glisser dans sa bouche avec une volupté inouïe. Sa salive dont elle humidifiait ses paumes à intervalles réguliers pour me faire coulisser à la régulière, son index majeur de mon plaisir s'enfonçant un peu plus entre mes fesses à chaque fois qu'elle me suçait plus profondément. Sa langue maîtresse de la base de mon gland, de ma hampe, de mes bourses surexcitées.

Mon ventre brûlait comme si on m'avait tartiné les tripes de wasabi, la douleur en moins. Je voulais me déchirer en elle, et en même temps le plaisir de la montée était tel que j'aurais bien fait durer. Encore. Je crois qu'elle le savait pertinemment, la garce, modulant ses effets, trainant le long de ma veine, mordillant ... Son doigt me prenait toujours, je me sentais contracté. Autant envie de la prendre que de m'achever dans l'écrin de sa bouche. Sur sa peau éclatait du rouge : érythème. Surtout, marrant, sur le dessus de sa poitrine, en renforçant le galbe menu. Clairement elle était excitée : l'odeur de sa chatte me faisait friser les narines, et si elle n'avait pas eu à cet instant ma queue –autant dire ma vie– entre ses lèvres, je l'aurais volontiers léchée, goûtée, respirée, humectée, pénétrée, humiliée, attendrie, bouffée...

Cette louve retorse a délaissé ma verge –torture– et reculant d'un bon mètre, toujours sur ses talons hauts –ceux qui font les fesses des femmes comme des attrape-baisers– elle m'a défié.

Les poings sur les hanches elle attendait que je prenne les choses en main.

Et quels arguments j'avais sous la paume !

De la peau tendre ! Des seins fermes ! Une bouche, un sexe mouillé que mes doigts exploraient !

Son cul son con et encore son cul croyant n'en avoir jamais assez. Je bandais toujours furieusement. Ballet chorégraphié à l'instinct et muet : overdose d'excitation comme jamais. Elle souriait en gémissant ou gémissait en souriant. À un certain moment l'ordre vous savez...  On peut bien se prendre dans n'importe quel sens.

Mes doigts toujours la suppliciaient, je n'ai pas fait le compte –combien peu importe– mais je sais que des spasmes resserraient son sexe tandis qu'elle jouissait comme si elle avait voulu me garder prisonnier. Un peu de son jus recouvrait mes digitaux, fallait que je les porte à ma bouche : sur ma langue sa mouille amère acido-sucrée asséchait mes muqueuses autant qu'elle me donnait envie de plonger à la source. Je la faisais claquer contre mon palais, pour savourer. Je voulais porter mes lèvres aux siennes.

Elle ne l'entendait pas comme ça.  Quand j'ai voulu lui attraper les hanches elle s'est dérobée, se réfugiant sur l'accoudoir me faisant languir le temps pour elle de redescendre. Ses tremblements se sont calmés, elle s'est rapprochée, m'a porté les derniers assauts, ses coups de langues mes banderilles, y avait plus qu'à m'achever. Ses yeux se sont fermés : j'ai explosé.

Une coulée de foutre entre ses lèvres baisées de rouge filé.

Je la regardais, parfaite lascive en costume d'Eve, en sentant mon sexe débander doucement. J'aurais bien eu envie de ses lèvres –les supérieures cette fois– mais décidément elle n'allait me laisser aucune latitude pour décider par moi même. Elle d'autorité s'était déjà installée sur mes cuisses, son sexe mouillé contre le mien à qui ça a donné un coup de fouet, prenant ma tête entre ses mains et nichant mon visage entre ses deux fabuleuses pommes. Mes joues contre la chair tendre. Mon nez dans leur vallée.  Ma queue revigorée s'enfonçant dans sa chair. Et le  téléphone, cet empaffé, a fait ce qu'il fait de mieux : sonner.

Ҫa m'a comme qui dirait secoué et rendu au monde réel. La rousse incendiaire entre mes mains évanouie ! Bye bye.  Il n'y avait qu'une châtain pâlotte dont le coup de reins n'avait rien d'animal : bigre ! Ma femme n'a jamais beaucoup aimé baiser. La corvée conjugale du dimanche soir : parfait pour fantasmer.




in: The closer I get

jeudi 12 janvier 2012

KinChino : guerrier de l'asphalte

L’artiste protéiforme KinChino continue sa mutation dans les voies du hip-hop, tendance engagé et indépendant. Il vient de sortir une deuxième mixtape qui fédère le gratin du collectif Altermutants.


L'Altermutant KinChino vient de sortir sa deuxième mixtape. Un petit événement qui commence à faire vibrer la planète hip-hop, KinChino a une deuxième fois su rallier des voix, des écritures à son projet en puisant dans le collectif Altermutants auquel il appartient. Un collectif d'artistes Hip Hop qui regroupe une tripotée de talents issus de la banlieue, « une alternative a un bizness de la musique en mutation » selon l’artiste.

Cela commence par une pochette verte et blanche qui claque un mélange entre le graff et le Hip Hop Old School. Cela continue avec une musicalité, des instruments live, une spontanéité assumée, un lyrisme un peu incongru dans un monde de béton. Yamakasi, esprit samouraï, guerrier un peu intergalactique mais pacificateur. Et pour cause, Etienne Chenet, l'âme mutante de KinChino est aussi le bassiste de Syrano dont il s'est assuré la précieuse participation.


A l'écoute, le projet "KinChino présente sa Mixtape : Volume 2" se divise indéniablement en deux parties, en deux couleurs, qui s'intercalent et se répondent. Gris, dur, colérique, et très social d'un côté. Plus doux, feutré, sensuel, ludique de l'autre. Les chansons les plus vindicatives chroniquent plus qu'elles ne chargent. Si Tu Bouges La Tête avec Syrano est un son engagé et calme sur le monde et ses conflits géopolitiques et environnementaux (génocides, guerres civiles, guerres de religions etc...). « Si tu bouges ta tête alors bouge aussi ton cerveau. Nerveux et asservi, je provoque pas, j'avertis. ». Les textes nostalgiques Trente Et Quelques (avec Zé Riu et Sokrat) et son écriture quasi cinématographique et Quand (avec Myscier Blodya) sont portés par des musiques qui parleront peut-être moins aux jeunes mais se veulent sans concession, assénés comme des vérités par un flow âpre.




Le Palais Des Laids (avec Mauricio Santana) est un mix entre le hip-hop et le rock. Ce son fait le parallèle entre la laideur supposée des habitants des quartiers et le non accès pour tous aux droits, aux loisirs notamment. Il se veut aussi une dénonciation de la société de l’apparence. Les paroles sont drôles mais d'une cinglante vérité sur le deux poids deux mesures. Quant à Pornographie, le titre de la chanson éclaire suffisamment sur les métaphores sexuelles, romantiques et amoureuses que Zé Riu conjugue tout au long du morceau.

MAL A L'ÂME

Ici On S'Tue Pour Des Hosties (avec Syrano, R-mythe (JeanJean) et Cherzo) abonde en punchlines mystiques et images religieuses. Le texte dénonce l'emprise des religions sur les existences, les divisions qu’elles engendrent. Enfin, Bad Booda (avec Sokrat) ou l'itinéraire d'un homme déterminé, vrai et engagé. Des paroles crues (« L’Etat fait des ratures sur nos vies, à coup de procès verbaux ») qui font mal à l'âme (« T’es au choix l’homme libre, le bourreau ou la victime. »)

A côté de cela, l'album s’oxygène grâce à de véritables respirations musicales. La première chanson, Deuxième Étape (avec Mauricio Santana, Sokrat et Zé Riu) donne d’emblée et étonnament le ton de la douceur. Son refrain illustre l'ambiance du projet : « Les mecs s'tapent pour télécharger nos mixtapes » avec des featurings de qualité pour cette introduction, qui ne se démentent jamais tout au long de la mixtape. Blues et bossa nova grâce à Mauricio Santana. Sur une musique triste et lourde, il décline la condition d'un rappeur expérimenté qui tarde à percer dans le hip-hop. Tout à coup, on commence à se déhancher. Il faut dire que sous ses dehors de rappeur, Mauricio Santana est aussi un guitariste de jazz et de bossa. Blues marque un tournant sur la mixtape, puisque les chansons suivantes seront dans la même veine blues et mélancolique. Ici l’ambiance prend des teintes et des volumes, le sang afflue et gonfle les sillons du CD.

Lundi (avec Eliptik) s’ouvre sur un dialogue de 45 secondes tiré d’un film avec Lino Ventura semble-t-il, et se poursuit par une plage de saxophone pendant une minute. Un son calme, apaisé, jazzy. Encore une chanson douce à écouter. Le Petit Parvenu (avec Lektor, Pompier et Anakin) raconte le parcours d'une personne issue des quartiers qui aurait réussi mais aurait oublié d'où elle vient.

Troisième partie bonus, des chansons qui dénotent surtout par leur forme. Une Malédiction De L'Artiste avec Cherzo et son flow souple et inimitable, mais aussi Myscier Blodya, Pompier, Syrano, Timar de Ladesh, THO, Sokrat, Zé Riu, Mc Cool, Didateo et Ga*Hell. Un morceau de bravoure sur un thème immortel, exécuté sur du piano et du violon pour le plaisir des oreilles. Une ritournelle tristounette. Rendez-vous ensuite pour une intro japonisante. Le contenu de Pas Immortels est politique. Sokrat, Lektor, Zé Riu et Jay nous incitent à nous bouger "l'cul". Le refrain chanté, assez original au demeurant, prend des allures de manif, de chant de stade, un truc qui galvanise et qui donne effectivement envie de se bouger le cul.

ALTERMUTER

Deux Clash clôturent l’album. Le premier avec Cherzo, très court et provocateur, est une forme de dédicace à KinChino et à son travail. L’atmosphère baroque et stromboscopique de ce morceau évoque plus la BO de Barbarella que le rap basique que l’on a l’habitude d’entendre chez les rappeurs français. Le phrasé de Cherzo ondule, s'immisce, danse le flow, musical et aérien. Décidément nous avons hâte de le voir sur scène après l'avoir vu à côté de Syrano. Le deuxième Clash prend plutôt des allures de Star Wars. La voix (Dark Vador ou sa doublure) extermine Cherzo et son clan. Attention, c’est un peu violent. Nul doute que de toute façon, ils ne tarderont pas à "altermuter".

L’album est ponctué de slams ? monologues ? ovnis ? morceaux acapella enregistrés sur un Répondeur par Stens, Timar de Ladesh, Tricks et les autres. Une savoureuse façon de participer.

Cette mixtape est vraiment bien travaillée. Chaque morceau a son identité, sa personnalité, ses qualités, son univers musical. Surtout ce projet nous fait découvrir des rappeurs de talent sur du Hip Hop à l'ancienne. Pour moi, ce fut plaisir d'écouter du rap non commercial à texte, sur des instrumentales simples. C'est ce genre de projet musical que l'on devrait valoriser dans les radios ou sites spécialisés dans le domaine.

Vindicatif mais pas méchant, l’album jette un constat sur la société, un regard plein de recul, sans amertume mais d'où l'on sent sourdre la colère, l'impatience, la frustration. S'il n'y avait qu'un seul message à retenir à travers cet objet coloré et musical : le monde doit changer.


Kojiro et Angelina



Vous pouvez télécharger légalement "Kin Chino présente sa Mixtape : Volume 2" sur la plateforme ITunes.

Pour en savoir plus sur le collectif Altermutants
Vous pouvez également lire cet article sur Bakchich



in: Angelina's musical fantasy

mardi 10 janvier 2012

LA Banque Nouvelle du Peuple

 from Luna et Antonio


Luna et Antonio écrivent, partagent "totalement" des idées. Des idées que j'ai eu envie de partager avec eux, et de vous les proposer à partager également.




Imagine...

La banque nouvelle du peuple

une banque pour le peuple et par le peuple

A raison de 1 € par personne, la banque trouverait là de quoi demander des cartes de crédit, publier ces statuts, exister tout simplement.

une banque où les grandes entreprises et les requins de la finance n'auraient pas leur mot à dire

une banque où les politicards qui ne font rien, si ce n'est servir les précédents, n'auraient pas un droit de regard.

une banque qui accueillerait tout le monde, sans poser de questions.

Il y aurait les petits commerçants, les artisans, les ouvriers, les étudiants, les retraités, les jeunes couples, les sdf, les smicards, les rmistes, les bénéficiaires du rsa ou d'une quelconque pension, des bien-portants et des malades, des étrangers et des natifs du pays, des handicapés, etc.

une banque qui ne ferait pas de coup bas lorsque tu as un putain de découvert.

une banque solidaire qui ne prêterait pas qu'à ceux qui ont déjà un apport conséquent mais qui ne te ferait pas le coup de l'endettement à vie.

une banque qui aiderait à changer les règles de cette société de consommation

une banque qui ne ferait pas de crédit revolving

une banque qui t'encouragerait à consommer chez l'épicier du coin, des produits de saison, qui t'aiderait à faire des économies d'énergie et qui en plus te rappellerait que la télé rend con, que les pauvres et chômeurs ont été créés pour favoriser le train de vie de 1% de la population planétaire

une banque qui encouragerait les énergies renouvelables, la construction de ballons dirigeables pour partir tous en voyage à bord de la nouvelle compagnie aérienne x ou y, l'éducation, la culture, la recherche.

une banque où chacun aurait son mot à dire, où tu ne serais pas vue comme un client auquel il faut vendre absolument une assurance vie.... assurance vie, encore quelqu'un qui s'est amusé avec notre angoisse de la mort, de ne plus exister, ne plus être sans doute (pour se faire du blé en prime.... Que c'est laid!)

une banque où il n'y aurait ni directeur général, ni directeurs d'agences,ni cadre, ni responsable rh.... tout le monde le même salaire, pas de hiérarchie, on adopte le tutoiement, tout le monde est l'égal de tout le monde.

Et puis, au fur et à mesure on se rendrait compte qu'au final l'autogestion n'est pas si compliquée.

alors la démocratie réelle, donc directe pourrait enfin (re)naître, tant de personnes qui voulurent l'enterrer après quelques mois-voire jours-de gestation seulement.





Cette banque peut voir le jour, il suffit de le vouloir,de se faire confiance.

Luna et Antonio


Retrouvez Luna et Antonio sur Facebook.



in: La part du fabulateur

lundi 9 janvier 2012

Le gloomy Monday de Massikito

Massikito n'a pas la langue dans sa poche, comme vous pourrez en juger dans ce qui suit. Invité ce mois-ci du Gloomy Monday, il a choisi une chanson d'Orelsan.


Pour ceux qui ne le connaissent pas, Orelsan c'est « le génie qui a écrit « Sale pute », selon ses propres mots. Et ne comptez pas sur moi pour dire ici du mal de la plus réac' des gauchos.

« La morale », c'est un mec tellement exigeant envers lui-même, qui exècre tant la médiocrité qu'il ne peut rien entreprendre, de peur de ne pas être à la hauteur de ses propres attentes. « Tu voulais devenir basketteur, mais tu t'es découragé quand t'as compris que t'étais pas le meilleur ».

Un mec à l’ego démesuré, mais avec une bien piètre opinion de lui. Et qui, à force de ne rien entreprendre, s'enferme lui-même dans ce qu'il cherche à fuir : la médiocrité.

C'est triste, certes – à ne pas écouter en dépression nerveuse – mais fichtrement bien écrit.

Ah ! Aussi : l'album « Le chant des sirènes » est à l'avenant.

Massikito Yaketo











in: Gloomy monday

dimanche 8 janvier 2012

Duel et bagatelle

Zorro, c'est tout à l'heure sur France 3. Mais lorsque notre ami le justicier masqué s'invite pour l'apéro sexuel du dimanche soir, le duel risque vite de tourner au strip-poker.

Scène d'anthologie de la scénographie érotico-bonnenfant, la rencontre explosive entre la très jolie Catherine Zeta-Jones et le pauvre Antonio Banderas dont le sex-appeal a un peu vieilli à mon avis ne laisse pas de faire sourire, mais de joie.

Bon appétit bien sûr !









in: The closer I get

vendredi 6 janvier 2012

Dans la tête d'un tueur

      
      

Un DVD du vendredi soir. Il y avait longtemps. On reprend les bonnes habitudes et on s'installe devant son plateau-télé et son lecteur DVD.



Voilà ce que c'est de voir un film sans rien savoir de l'histoire, sans que personne ne vous ai raconté rien, sans avoir lu aucune critique. Voilà comment ça devrait être à chaque fois.

Le Caméléon, que tu connais déjà, lecteur amical, si tu as lu ici la critique du film Black Swan, Le Caméléon donc m'a conseillé de voir The Killer Inside Me. « Un film super » « à voir absolumment », « un super film », « un film qu'il est bien ». Bon à force, ça titille.

Vidéothèque. Tiens, ils l'ont. Tiens, je le prends. Je mets le DVD dans le lecteur. Je m'enfonce dans mon canapé et je commence à suivre le film. Au début, je ne vois que des cow-boys, je me demande à quelle époque on est, c'est pas très emballant. Enfin je rentre dans l'histoire. ça m'intrigue un peu. Tout à coup, je prend un coup de poing psychologique. Je suis littéralement agressée, touchée, saisie, mais à cet endroit de moi-même, vulnérable, vivant.

Vous me direz, avec un titre pareil, j'aurais pu me douter de quoi il s'agissait. Eh ben non ! "The killer inside me" ça peut vouloir tout dire.

Mais qu'y a-t-il dans ce film ? Un sentiment de malaise. J'imagine que l'effet est le même, même si l'on connaît l'histoire, même si des critiques indélicats et avides de faire leur métier, ont dévoilé le "plot". L'effet de surprise en moins, évidemment. Le traitement de la violence est néanmoins insoutenable. Ici ce sont la plus grande violence qui soit, l'inhumanité, la négation de l'autre qui sont mises en action. D'où les réactions de colère que le film peut engendrer. Parce que ce film dégage également un très grand cynisme.

Jessica Alba trouve ici un de ses meilleurs rôles. Fleur maudite. La beauté de son corps est le plus improbable des boucliers.

Casey Affleck, l'un des acteurs préférés du Caméléon, est parfait : inquiétant et monstrueux.

Film psychologique mais aussi polar à suspense, The Killer Inside Me, adapté d'un livre de Jim Thompson par l'excellent comme toujours Michael Winterbottom, est un film dérangeant, désaxant, vénéneux. Un film dont la noirceur vous poursuit. Âmes sensibles...





in: Le DVD du Friday night

jeudi 5 janvier 2012

La Canaille @ La Maroquinerie – 2011, dec. 16th – live report

from Le Cri du Peuple


Il y a longtemps qu'il avait postulé pour devenir un adorable fabulateur (bon, d'accord, je l'ai un peu encouragé !). Aujourd'hui, THE day est arrivé. Nathanael, l'auteur du blog Le Cri du Peuple, me fait l'honneur de sa plume et de sa signature. C'est avec grande joie que je l'accueille, que je le lis, tous les jours parce qu'il écrit beaucoup, et que j'apprends beaucoup de choses. Sur Le Cri du Peuple, que je vous recommande vivement, vous trouverez des billets politiques, de l'actualité brûlante, des chroniques à gauche, très à gauche et un zest de passion pour l'histoire... surtout celle des luttes. Et beaucoup de musique.

La Canaille, c'est un groupe déjà culte de l'autre côté du périph'. Et grâce au Cri du Peuple, vous ne pourrez pas dire que vous n'en aviez jamais entendu parler.


Ca va être compliqué comme chronique. Il y a tant de choses à écrire à propos de La Canaille. Et de ce concert ouvert par le Montreuillois Swift Guad. On touche à tout ce qui me passionne : Montreuil, la musique, la politique, l’engagement. Alors, je vais peut être commencer par le début.

Je n’avais jamais vu La Canaille en concert, m’apercevant assez tardivement d’ailleurs que le groupe est de Montreuil. Désolé mais je vous ai déjà expliqué que je suis un peu resté à l’écart de la scène rap française ces dernières années, ne trouvant plus trop mon compte dans ces sons formatés voire préfabriqués sortant des studios pour aller direct sur Skyrock.

Ces derniers mois, au hasard des échanges avec les uns et les autres, je me suis remis à écouter des sons made in France, avec La Rumeur, Keny Arkana, le Ministère des Affaires Populaires, plus récemment Duval MC ou le projet de Serge Teyssot-Gay Zone Libre avec B-Jamles ou Casey. Entre paroles à nouveau engagées et sonorités explorant des univers sonores innovants, enfin j’ai retrouvé du neuf. Du coup, La Canaille évidemment. Séduit sur album, l’expérience du concert s’impose. J’y suis allé, à La Maroquinerie, avec mon pote Flavien Chailleux.


Rap de Croix de Chavaux à Montreuil
Swift Guad ouvre pour La Canaille avant de la rejoindre pour un featuring


Là, la première claque a pour nom Swift Guad, venu pour ses « narvalos, de la Boissière à Croix-de-Chavaux ». Si tu captes pas, c’est normal, c’est du Montreuillois, argot local mâtiné de mots manouches, tant ma ville a grandi de ses mélanges successifs. De facture classique hip hop, les sons de Swift Guad oscillent majoritairement dans un mid tempo à l’ancienne, soutenu par moments par une guitare sèche de belle facture. Les beats sont biens sentis, le flow bien posé. Ce garçon, déjà auteur de deux albums, contribue à inscrire Montreuil sur la carte du rap bien balancé. On est dans le rap conscient, pas revendicatif, nourri de vraies expériences de vies. Le gars Guad ne se la raconte pas et ça me ramène aux bons vieux temps, début des années 90, quand la scène rap française était créative, incisive, ne cherchant pas à imiter son homologue d’outre Atlantique.
Une pause, changement de plateau, et arrive le groupe phare de la soirée. Le quatuor de la mairie de Montreuil (le quartier, hein!) est en formation live : guitare, batterie, basse ou contrebasse et le MC, maître de cérémonie, Marc de son prénom, phare d’un groupe éclairé. La rythmique, d’entrée, se pose : bourdonnante, ronde et rebondissante, du pur groove funk gonflé aux amphèts. La guitare, aux accents rock revendiqués, se fait boucles. Le gratteux, Mathieu, est sacrément doué pour tenir cette régularité qui fait passer un sampler pour un gamin découvrant sa première guitare. Ouais. On a de sacrés musiciens à trois mètres de nous.


La Canaille live @ la Maroquinerie
La Canaille


D’entrée, à l’ancienne, c’est « Trop facile », balancé « à tous les donneurs de leçons » par un Marc bien remonté. A croire qu’il a des comptes à régler, penseront les néophytes. En fait, La Canaille s’inscrit dans la grande tradition inhérente au rap qu’est le clash. Abd el Malik, Skyrock et d’autres, « Sarko et sa clique » surtout, doivent encore avoir les dents douloureuses ce samedi. Et, au cas où le public n’aurait pas compris, l’explication intervient : « Nous, on a des choses à dire et on ne va pas mettre de l’eau dans notre vin ». La Canaille revendique sa « Colère » et le crie sur tous les tons, portée par les stridences d’une guitare saturée lorgnant joyeusement vers le punk ou le rock saignant.
Du coup, c’est le pogo qui s’empare de la fosse sur « Ni Dieu ni maître », repris en choeur par les minots de la 3e 4 du collège Joliot-Curie à Stains, où La Canaille anime des ateliers d’écriture. Oui ami lecteur : tu as bien lu, des mômes de 15 ans venant de la banlieue la plus banlieue qui soit se tape un pogo en beuglant « Ni dieu ni maître ». Hallu ! Ce n’est pas le moindre des mérites du combo montreuillois que de faire remuer les culs sur des paroles on ne peut mieux conscientes, politisées, radicales. C’est Funkadelic ma gueule : « Free Your Mind And Your Ass Will Follow » (libère ton esprit et ton cul suivra). Au travers de petites histoires hyper réalistes mettant en lumière les « invisibles » : les ouvriers, les quartiers populaires, les jeunesses de toutes origines, les « têtes dures », La Canaille poursuit son combat en faveur de l’émancipation. C’est « J’ai faim », hymne à la connaissance.



La Canaille live @ La Maroquinerie



Et Marc arpente la scène, de sa démarche caoutchouc, quand il ne harangue pas la foule qui répond bien volontiers à ses avances. Poings levés, slogans qui fusent : « A bas l’Etat, les flics et les curés ! » ou encore « Police partout, justice nulle part ! ». Les anars ont leur rendez-vous à quelques centaines de mètres de la Maroquinerie, place des Fêtes dans le 19e. Ça participe d’une assistance bigarrée qui voit le minot banlieusard côtoyer le bon vieil anar. Voire la groupie de 40 balais qui m’arrache les oreilles avec ses « Mathieu !!!! » de midinette. Quoi qu’il en soit, le groupe occupe bien tout l’espace, physiquement, musicalement, intellectuellement. Concert ou meeting, peu importe. Pour la quatrième fois, le pogo mêle tout le monde pour le final. « Le soulèvement aura lieu » qui ne dépareillerait guère dans le set de Gang Of Four, autre groupe politisé de premier ordre par lequel j’ai entamé l’année musicale 2011.

J’ai débuté 2011 par un meeting de maos, je la termine par un happening anarcho-mouvementiste. La boucle est bouclée. En 2012, place au peuple ! Au plus tôt, le 14 mars à Paris avec Le Peuple de l’herbe.



 La Canaille live @ La Maroquinerie

Retrouvez La Canaille sur myspace et sur facebook.
Post scriptum : Hé, les gars de La Canaille, si vous lisez cette chronique, je veux vous interviewer !!!

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Bonus vidéo : La Canaille “Ni Dieu ni maître” (live)







in: La part du fabulateur

mercredi 4 janvier 2012

Le crachat et le rêve français…

Par Amine EL KHATMI 
23 ans, étudiant en droit (master 2), Français

Je reproduis ici une lettre ouverte que l'on m'a fait passer. Je sais que depuis le mois de décembre et sa publication dans Libé, elle a beaucoup circulé. Cette lettre exprime avec justesse et dignité notre propre indignation face au détournement des valeurs de notre république.




Lettre à monsieur le ministre de l’Intérieur, de l’Outre-Mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration

Monsieur le ministre,

La sous-direction de l’accès à la nationalité française du ministère que vous dirigez vient de signifier à madame S. Boujrada, ma mère, le classement de son dossier et un refus d’attribution de nationalité. «Vous ne répondez pas aux critères», est-il écrit dans un courrier sans âme que l’on croirait tout droit sorti de l’étude d’un huissier ou d’un notaire.

Ma mère est arrivée en France en 1984. Il y a donc vingt-huit ans, monsieur le ministre, vingt-huit ans ! Arrivée de Casablanca, elle maîtrisait parfaitement le français depuis son plus jeune âge, son père ayant fait le choix de scolariser ses enfants dans des établissements français de la capitale économique marocaine.

Elle connaissait la France et son histoire, avait lu Sartre et Molière, fredonnait Piaf et Jacques Brel, situait Verdun, Valmy et les plages de Normandie, et faisait, elle, la différence entre Zadig et Voltaire ! Son attachement à notre pays n’a cessé de croître. Elle criait aux buts de Zidane le 12 juillet 1998, pleurait la mort de l’abbé Pierre.

Tout en elle vibrait la France. Tout en elle sentait la France, sans que jamais la flamme de son pays d’origine ne s’éteigne vraiment. Vous ne trouverez trace d’elle dans aucun commissariat, pas plus que dans un tribunal. La seule administration qui pourra vous parler d’elle est le Trésor public qui vous confirmera qu’elle s’acquitte de ses impôts chaque année. Je sais, nous savons, qu’il n’en est pas de même pour les nombreux fraudeurs et autres exilés fiscaux qui, effrayés à l’idée de participer à la solidarité nationale, ont contribué à installer en 2007 le pouvoir que vous incarnez.

La France de ma mère est une France tolérante, quand la vôtre se construit jour après jour sur le rejet de l’autre. Sa France à elle est celle de ces banlieues, dont je suis issu et que votre héros sans allure ni carrure, promettait de passer au Kärcher, puis de redresser grâce à un plan Marshall qui n’aura vu le jour que dans vos intentions. Sa France à elle est celle de l’article 4 de la Constitution du 24 juin 1793 qui précise que « tout homme - j’y ajoute toute femme - né(e) et domicilié(e) en France, âgé(e) de 21 ans accomplis,tout(e) étranger(e) âgé(e) de 21 ans accomplis, qui, domicilié(e) en France depuis une année, y vit de son travail, ou acquiert une propriété, ou épouse un(e) Français(e), ou adopte un enfant, ou nourrit un vieillard, tout(e) étranger(e) enfin, qui sera jugé(e) par le corps législatif avoir bien mérité de l’humanité, est admis(e) à l’exercice des droits de citoyen français ». La vôtre est celle de ces étudiants étrangers et de ces femmes et hommes que l’on balance dans des avions à destination de pays parfois en guerre.

Vous comprendrez, monsieur le ministre, que nous ayons du mal à accepter cette décision. Sa brutalité est insupportable. Sa légitimité évidemment contestable. Son fondement, de fait, introuvable. Elle n’est pas seulement un crachat envoyé à la figure de ma mère. Elle est une insulte pour des millions d’individus qui, guidés par un sentiment que vous ne pouvez comprendre, ont traversé mers et océans, parfois au péril de leur vie, pour rejoindre notre pays. Ce sentiment se nomme le rêve français. Vous l’avez transformé en cauchemar.

Malgré tout, monsieur le ministre, nous ne formulerons aucun recours contre la décision de votre administration. Nous vous laissons la responsabilité de l’assumer. Nous vous laissons à vos critères, à votre haine et au déshonneur dans lequel vous plongez toute une nation depuis cinq ans. Nous vous laissons face à votre conscience.

Quand le souffle de la gifle électorale qui se prépare aura balayé vos certitudes, votre arrogance et le système que vous dirigez, ma mère déposera un nouveau dossier.

Je ne vous salue pas, monsieur le ministre.





in: In the mood for anger

mardi 3 janvier 2012

Tiramisu mon amour




 Petit message à caractère informatif : ce billet est une commande.


Vous aussi, vous avez survécu aux réveillons, à la bûche, à la dinde, aux huîtres, aux truffes, aux macarons ? Plus forts de toutes ces épreuves, mes fabuleux lecteurs, vous êtes donc parfaitement d'attaque pour apprécier mon tiramisu et d'adhérer à une nouvelle mystique à l'aube de 2012 et avant la fin du monde.

Certes, je vous avais déjà parlé de mon tiramisu rouge, un tiramisu très sympa, de saison. Mais j'étais loin de me douter que ce tiramisu-là, presque tout bête, dont j'avais la recette dans mon grimoire depuis la fac, allait provoquer chez mes invités des râles orgasmiques à la fin du repas. Cette recette, je la dois à ma colocataire Karine, que je remercie de m'avoir délégué un aussi puissant secret.



Préparation : 12 minutes
Cuisson : aucune
Réfrigération : au moins 4 heures
Pour 8 à 10 personnes

- un paquet de boudoirs
- 5 oeufs
- 500 g de mascarpone
- 100 g de sucre
- 30 cl de café fort
- 30 g de cacao non sucré


Faire un café et le laisser refroidir.

Blanchir les cinq jaunes d'oeufs en les battant au fouet avec le sucre. Ajouter le mascarpone par petites touches en soulevant l'appareil délicatement.

Monter les cinq blancs d'oeufs en neige (avec une pointe de sel) et les incorporer toujours délicatement à la préparation.

Verser le café dans un récipient plat pour y tremper les boudoirs le temps d'un aller-retour des deux côtés. Les ranger en les serrant au fond d'un plat à gratin par exemple. Couvrir d'une bonne couche de préparation au mascarpone. Refaire une couche de boudoirs imbibés de café. Couvrir d'une nouvelle couche de préparation au mascarpone.

Mettre au frigo.

Saupoudrer de cacao avant de servir en le tamisant dans une petite passoire.



Comme je n'ai pas eu l'idée (ni le temps) de prendre ce merveilleux tiramisu en photo, j'ai photographié le plat après dégustation et vaisselle. Pour vous donner une idée de ce que ça peut donner après dégustation.

© Angelina



NB : J'ai utilisé un café équitable fait au Chiapas par des paysans zapatistes. Ceci explique peut-être les cris d'anagogie de mes convives.?!




in: L'eau à la bouche

lundi 2 janvier 2012

Gloomy new year

Pour ce premier Gloomy Monday de l'année 2012, je vous ai concocté un petit billet musical de circonstance grâce à ma copine Catnatt. Un petit coup d'oeil dans le rétro (et dans le mélo) pour tirer les leçons de l'année qui vient de s'écouler grâce à Google Zeitgeist, le truc qui compile les demandes de recherches sur le web all around the world. Pour atteindre complètement l'objectif, je vous conseille également de vous faire un flash-back sur l'année dernière en vous connectant sur le blog de Catnatt et son bilan d'écriture. Elle nous a fait rire, danser, rêver, pleurer toute l'année dernière via des articles à l'écriture vigoureuse, virevoltante, décalée et intègre.





Retrouvez l'invité du Gloomy Monday de janvier la semaine prochaine.


Happy you !




in: Gloomy monday

dimanche 1 janvier 2012

Le twitt-orisme de Johan

Bye bye 2011. On tourne la page. On tire un trait. On repart à zéro. Enterrée dans la sueur, la bouffe et les cotillons, elle a rendu l'âme il y a quelques heures que déjà les voeux abondent, encombrent les portables, les boîtes emails, les TL et les murs des réseaux sociaux.

Johan, je ne le présente plus c'est trop fatigant. Entre les mixtapes de Trix&Trax, la secte des Incultes, la tambouille, et autres revues subversives, j'ai mal à la tête, adieu.  Plus qu'une idole, c'est devenu un gourou, un art de vivre. Réfractaire assumé à Twitter, il a obtenu le statut de réfugié de l'élégance sur Facebook. Se lever le premier jour de l'année et tomber sur les voeux de Johan en plus de 140 caractères, c'est plus que délectable c'est une véritable perversion.


♥ Bonne année 2012 au nom de la littérature française et faites que tous les mauvais écrivains meurent dans d'atroces souffrances en perdant leurs manuscrits, merci Petit Jésus ♥







#HappyNewYearATodos !




in: Funny face