Hier, nous avons franchi un nouveau cap dans la démagogie avec le spectaculaire et très médiatique déploiement de plus d'un millier de policiers dans la commune de Villiers-le-Bel et ses environs. Photographes et caméramen avaient été conviés pour l'occasion. Bizzarement, le maire avait été oublié sur la liste des invités.
Cette opération de police visait à arrêter les personnes ayant pris part aux affrontements de novembre 2007 pendant lesquels des policiers avaient été blessés par balles. Si les faits doivent être indéniablement sanctionnés, pour autant, fallait-il que les interpellations se déroulent en direct, que des personnes "présumées innocentes" tant que leur culpabilité n'a pas été reconnue par un tribunal soient filmées, dénoncées, offertes à la vindicte populaire. Cette fois, la réalité a taillé un costard à la fiction, la télé-réalité peut aller se rhabiller.
A la mi-journée, la Ministre de l'Intérieur, Madame Alliot-Marie, a eu la décence de regretter la médiatisation de cette opération de police et la présence des caméras. De leur côté, les journalistes présents plaident le "secret de polichinelle". Comme l'explique Rémy Bellon, journaliste à l’AFP, sur le site du Télégramme : « On sait depuis longtemps qu’une opération était prévue car elle avait été reportée déjà deux fois.» « On essayait donc de savoir quand elle aurait lieu » et, « vu le nombre de policiers engagés, il était obligé que cela se sache. ».
Pourtant, regretter la présence en masse des journalistes ne suffit pas. Pourquoi ne pas regretter la présence en masse des policiers ? Est-ce que Villiers-le-Bel se situe en Irak ? Cette démonstration de force, à but dissuasif, a-t-elle été mise en scène pour montrer à l'opinion comment le gouverment entend régler le problème des banlieues ? Et que dire de la stigmatisation que va encore subir la population, à nouveau montrée du doigt, à nouveau assimilée à la délinquance et à la voyoucratie ? A nouveau utilisée comme argument électoral en vue des municipales. Ce déploiement spectaculaire actionne opportunément le réflexe sécuritaire chez les électeurs à quelques semaines de l'ouverture des bureaux de vote.
Pour ma part, je ne vois pas comment nous pourrions nous satisfaire de cette réponse lapidaire aux problèmes des banlieues, comment nous pourrions nous satisfaire de l'équation jeune de banlieue = délinquant. Et il est heureux que cette la situation n'ait pas dégénérée et que malgré tout, les interventions se soient passées dans le calme.
Après ce nouveau show d'une police plus sarkozienne que républicaine, la vigilance me semble plus que jamais à l'ordre du jour.
1 commentaire:
Bon article,
Le caractére antisocial de l'opération Sarkozyste mériterait d'être plus approfondi.
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