Impossible de vivre cette journée sans que cela ne vibre quelque part. Voici ma journée des femmes, quelques évocations, pensées, pour nous souvenir qu'en matière de droit des femmes, il y a malheureusement encore beaucoup à faire, dans notre quotidien comme dans le monde. Être une femme n'est déjà pas facile dans la vie de tous les jours, il y a des moments où j'ai l'impression qu'on doit se battre deux fois plus que nos collègues masculins pour arriver aux mêmes résultats.
Cette semaine, le magazine Elle a publié un reportage sur les femmes dans les cités, en particulier celle de la Grande Borne à Grigny. Là, être femme, c'est un travail à temps plein, à la maison, dans la rue, à l'école. "Ici, on est toujours la petite soeur de tous les mecs, on appartient à tout le monde," explique Maïmouna, 33 ans.
Revendiquer sa féminité en portant des jupes, être bonne élève, c'est s'exposer à une stigmatisation certaine. Comme le raconte une prof de lycée : "Aujourd'hui encore, les familles ont souvent moins d'ambition pour leur fille que pour leur fils. En cours, les jeunes filles ont du mal à nuancer leurs propos, à adapter leur langage à la situation. C'est le reflet d'une pauvreté lexicale qui interdit l'accès au fond de leur pensée."
Le témoignage de la gynécologue du Planning familial exprime bien la réalité de ces jeunes femmes : "La réussite scolaire ou professionnelle est tellement peu valorisée que, pour pas mal d'ados, le modèle de réussite c'est la maternité. Dès qu'elles sont enceintes, elles sont respectées."
Elles sont filles des quartiers et doivent l'assumer à tout moment de la journée, de toute façon elles n'ont pas le choix. Elles "circulent très habilement entre leurs différentes identités, capables de montrer un jour en famille une certaine facette d'elles-mêmes, puis une autre avec leurs copines, puis encore une autre dans le bureau du proviseur... Elles se battent en étant tout à la fois. Et elles ne s'en tirent pas si mal !" selon Nacira Guénif-Souilamas, sociogue au CNRS.
Pourtant, le changement des mentalités et des comportements passera essentiellement par la vigilance des femmes et leur force à résister à la pression pour transmettre ce message. "Pour moi, l'éducation n'a rien à voir avec le fait d'être riche ou pauvre. C'est une question d'apprentissage du respect", déclare Ouafae, déléguée de parents d'élèves.
Elles ne demandent pas qu'on les plaigne, qu'on verse une larme sur leur sort. "Elles ont un besoin vital de confiance et de légerté", confirme Sarah de l'association Voix d'Elles-Rebelles à Saint-Denis. "Pendant longtemps, j'ai cru qu'il fallait des associations de femmes pour qu'elles s'émancipent. Aujourd'hui, je me rends compte qu'il faut qu'on intègre les hommes, il faut qu'on travaille ensemble, sinon on n'y arrivera pas", explique Zaira.
Combien de millions sont-elles dans le monde, battues, humiliées, tuées, torturées, asservies ? Parmi elles, parmi ces millions de femmes traquées, menacées, emprisonnées, des femmes qui sont devenu des symboles.
Ingrid Bétancourt
Elle entame sa septième année en tant qu'otage des FARC. Affaiblie par une maladie du foie, assujettie à de longues et épuisantes marches forcées dans la jungle, Ingrid Bétancourt est à présent en danger de mort. La récente preuve de vie qui a été consentie par ses geôliers a été un véritable choc après tant de mois d'incertitude. Une longue lettre d'amour et de désespérance et une vidéo qui la montrait immobile, la tête baissée. Aujourd'hui, imposible de ne pas penser à Ingrid Bétancourt et au combat de ses proches depuis la première heure pour qu'elle revienne.
Pour signer la pétition en ligne.
Aung San Suu Kyi
Je remercie une commentatrice du blog de fille d'Hélène, Jenesaispasmemaquiller, qui a posté ce lien et que je me permets de reprendre. Dans ce petit film, Michael Stipe, chanteur de REM, rappelle qu'en Birmanie, une femme est privée de liberté depuis tant d'années, à cause de ses convictions : liberté, démocratie, éducation. Cette femme est prix Nobel de la Paix. Elle non plus n'a pas vu ses enfants depuis des années. Aung San Suu Kyi incarne l'espoir de tout un peuple.
Voir le film.
Taslima Nasreen
Pour avoir écrit un livre qui s'intitule La Honte et qui dénonce l'oppression sur la communauté hindoue au Bangladesh dont elle est originaire, elle a dû quitter son pays. Militante contre l'oppression des femmes, objet d'une fatwa de la part des fondamentalistes, elle fuit aujourd'hui devant la menace constante, quotidienne, qui l'empêche de vivre sa vie de femme. Elle continue d'écrire pour lutter.
Ayaan Hirsi Ali
En février dernier, Ayaan Hirsi Ali est venue rappeler à Nicolas Sarkozy sa promesse selon laquelle chaque femme martyrisée dans le monde pourrait bénéficier de la protection de la France qui lui offrirait la possibilité de devenir française. A ce jour, Ayaan Hirsi Ali, menacée de mort par des islamistes extrêmistes, n'a toujours pas obtenu la nationalité française. Volontiers provocatrice dans ses déclarations pour, dit-elle, faire avancer le débat, cette ancienne députée d'origine somalienne a collaboré au film de Théo Van Gogh Soumission à cause duquel il a été assassiné.
Excisée à l'âge de cinq ans, elle a fui la Somalie en 1992 et pour ce faire, a dû mentir sur son origine et sur son âge. Elue députée, elle a donné son nom à une loi sur l'excision. Après la mort de Théo Van Gogh, elle a été désignée comme la prochaine victime. Les Pays-Bas affirment ne pouvoir la protéger en dehors de leurs frontières alors que c'est là-même qu'elle court le plus grand risque. Les Etats-Unis, où elle vit actuellement, ne peuvent la protéger car elle ne possède aucun statut officiel sur leur territoire. C'est pour avoir exprimé ses convictions dans une démocratie qu'Ayaan Hirsi Ali est menacée de mort.
Simone Veil
Simone Veil a une place à part dans le coeur des femmes françaises. Ministre de la Santé au sein du gouvernement de Valéry Giscard-d'Estaing, elle leur a donné le droit à disposer de leur corps, de choisir d'être mère, et surtout le droit de ne plus mourir sur des tables de cuisine, de fuir en Angleterre pour avorter, et pas toujours dans les meilleures conditions. Simone Veil avait de ce fait tout pour devenir un symbole. Elle l'a été doublement par l'expérience terrible des camps. Cette femme au destin bouleversant force l'admiration.
Et si elle a le mauvais goût de se tenir aux côtés de Nicolas Sarkozy pendant et après les présidentielles de 2007, on lui sait gré de savoir manifester sa mauvaise humeur lorsque le candidat annonce la création d'un Ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale ou qu'il lui vient l'idée de confier la mémoire d'un enfant victime de la Shoah à un élève de CM2.
Enfin pour finir, juste une réflexion personnelle. En septembre 2001, à la suite des attentats du 11 septembre, Jean-Marie Colombani a publié un édito dans le Monde intitulé "Nous sommes tous Américains". Qui dira aujourd'hui "Nous sommes toutes Palestiniennes" ?
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