Minui devient donc mon premier fabulateur, et c'est un fabulateur de choix, je n'ai pas mégoté sur la qualité sur ce coup-là.
Art ancestral qui remonte à la nuit des temps et qui pourtant est resté longtemps à la fois populaire mais aussi enfantin.
La lecture et les mots que l'on croyait menacés à la fois par les nouveaux langages et les nouvelles technologies n'ont eu de cesse de ressusciter d'entre les cendres pour atteindre une nouvelle forme d'apogée aujourd'hui avec l'arrivée à maturité de l'ère dite 2.0. Après que le monde se soit rassemblé sous les symboles, à l'heure où les informations sont de plus en plus nombreuses diverses et variées, les hommes ont aujourd'hui besoin encore d'histoires. Pas d'Histoire mais bien d'histoires avec un petit 'h' et au pluriel. D'histoires, qui leur parlent d'eux-même et qui leur parlent des autres. Aujourd'hui, la réalité s'efface devant la vérité qui s'efface devant la légende qui elle-même s'efface devant le mythe. Après le besoin d'appartenir à une communauté, l'individu a besoin de se reconnaître dans son ou plutôt ses histoires. L'art du conte, devenu art du discours, n'a alors de cesse de se poser une interrogation morale sur son éthique. Cette interrogation s'est posée dès l'antiquité avec Platon dans son fameux livre du Gorgias qui nous explique bien que l'art de la réthorique est l'arme pour prendre le pouvoir. Cette interrogation a fait naître bien des courants notamment les romantiques et les libertins où l'idée de Liberté et de conscience politique ont donné une aura de 'Lumières' à la France. Aujourd'hui cette pensée critique demeure en posant la question de la déontologie et de la prise de parti et de participation dans le milieu des médias. Mais cet esprit critique est fragilisée. Car, depuis que les voix des hommes sont devenus des marchandises que l'on achète, ces voix sont apeurées par la perspective du silence qu'impose le cycle de production-consommation-recyclage.
Pour lutter contre cette peur, le besoin d'exister d'une voix a donné à l'Art du conte sa raison de vivre mais surtout sa légitimité. Les conteurs ont pris le pouvoir sur ce début du XXIe siècle, avec le développement des témoignages journalistiques, télévisuelles et maintenant des blogs sur tout et n'importe quoi, peu importe pourvu que l'on ait son histoire. Le Storytelling est une méthode de management qui explose depuis peu pour faire appliquer du marketing relationnel. Peu importe dorénavant la réalité, cachée derrière, elle sera toujours moins attractive que la version romancée. Les mentions adaptée et/ou inspirée d'une histoire vraie bientôt n'auront que la valeur d'un gage d'une bonne histoire et non pas qu'elle soient vraies ni même vécues. Avec leur grève, les scénaristes américains ont fort bien compris leurs rôles. Après tout, il faut bien scénariser les biographies, l'Histoire parfois, les événements relatés etc... D'où leur importance dans le milieu du cinéma. Les informations avec Internet vous pouvez les trouver partout dorénavant, mais ce n'est pas la vérité que le monde recherche c'est juste une belle histoire pour les rassurer et les convaincre qu'ils sont du bon côté de la barrière ou des barrières. L'histoire d'un fait divers plausible d'insécurité donne la légitimité aux lois sécuritaires d'un état. Le récit d'un seul client peut ruiner ou apporter la gloire à un produit ou une marque, le branding est devenu obsolète. Pour écrire une histoire les gens sont prêt à s'engager... dans une guerre, dans un mariage, et souvent contre eux-même.
Regarder la réalité en face est devenu un poids que les hommes rejettent les uns les autres préférant chacun leurs petites histoires. Qui est l'ennemi ? L'autre bien entendu ! Tu ne crois pas à mon histoire ? Je me défendrai alors avec mes armes pour imposer mon histoire... De tout temps ce sont les vainqueurs qui écrivent l'Histoire qui n'est au fond que leurs petites histoires. La Vérité ? C'est le nom que l'on donne à l'histoire dont on ne permet pas qu'elle soit remise en cause. Celle qui se répète alors le plus souvent devient vérité.
Nous sommes dans un monde gouverné par des enfants.
Photo : Sheherazade © Christine Comyn
7 commentaires:
Les enfants sont chiants et méchants, puisqu'ils sont enfants, ils ne peuvent conceptualiser le mal qu'ils produisent...puis ils grandissent et deviennent, parait-il ,matures...Les filles avant les garçons.Donc, j'en déduit que selon votre dernière phrase, nos dirigeants n'ont pas grandis...comme dans "Le Tambour" !
Tout d'abord ce texte n'est pas de moi comme il est explicité dans le titre. :)
merci depuis le temps j'avais compris,...mais je suis un grand Enfant ...
Moi aussi... Depuis le temps, j'avais bien compris :)
Le temps...j'en ai 28, vous devez être dans ces eaux là ?
Moi je suis un signe d'air
émoi, un coq en pattes !
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