mardi 31 mai 2011

D'ailleurs c'était ici

Dimanche, ailleurs et ici, nous étions à la place de la République pour dire non à la politique des quotas, marre de ce gouvernement qui tape partout en même temps (éducation, retraites, sécurité sociale, immigration, droit d'asile...), qui divise pour mieux régner. 

© Angelina 2011

© Angelina 2011

En même temps, d'autres étaient à la Bastille, sous le même soleil brûlant, tentant de faire une jonction entre les "indignés" de la Puerta del Sol et les "indignés" de la place Syntagma. Et nous avons rêvé, avec Stéphane Arnoux et Charlotte, rencontrés par hasard dans la foule, faire la jonction avec eux, pour que cette fois, ce gouvernement qui tape partout en même temps n'arrive plus à diviser.

© Angelina 2011

© Angelina 2011

© Angelina 2011

ZEP, la zone d'expression populaire de Saïdou, a assuré l'ambiance festive. Avec humour, comme à leur habitude, ils ne se sont pas privés de fustiger l'anti-colonialisme, le racisme et de nous faire danser.


© Angelina 2011


in: In the mood for anger

dimanche 29 mai 2011

Tu sais ce que je veux

Uknowhatiwant, tel est le titre du premier single extrait de l'album Yer Fire d'Elktisk Gonner et de son obscure vidéo.

Comme le disent si bien Les Inrocks, un clip et beaucoup de seins. Un programme parfait pour un dimanche soir et finir la semaine en beauté.




in: The closer I get

vendredi 27 mai 2011

Non, votre révolution n'en est pas une from Maxime

French Revolution par Stéphane Burlot-Photographe

1. Choisir la Bastille, c'est un peu présomptueux. Quand le peuple prend la Bastille en 1789, il prend les armes, il fait couler le sang. Bien évidemment, si l'opéra avait été construit à l'époque, il se serait probablement contenté de poser séant sur ses marches.

2. Oui, ce mouvement est bel et bien politisé. J'ai observé que ceux qui y participent, ou du moins ceux qui publient sur Facebook, sont plutôt de sensibilité ultra-gauche. Les revendications, aussi diffuses et éparses soient-elles, ne sont pas celles de l'UMP, ni du PS, ni du FN. D'ailleurs, pour voir à quel point ce mouvement est a-politique, mettons-y quelques militants FN, histoire de voir comment ils seront reçus. Si les actions coup-de-poing de Jeudi Noir ou l'Appel et la Pioche sont très amusantes et tout à fait légitimes (à mon sens), leur tentation NPA et leur présence remarquable parmi ces "manifestants" laissent à penser que la politique y occupe bel et bien une place prépondérante. D'ailleurs, ces revendications appellent bien à une réponse politique.

J'aime entendre les voix discordantes des dits-manifestants. D'aucuns se félicitent du côté désorganisé du mouvement, "preuve qu'il est libre", d'autres en appellent à l'organisation ; dès qu'une fronde populaire doit s'organiser, ce sont des syndicats ou partis politiques qui s'y collent. Avec, généralement, une certaine efficacité. Ici, on voit bien, et pardon d'y revenir, que les organisations de sensibilité ultra-gauche s'expriment beaucoup plus que les a-politiques. La faute aux médias, sûrement, qui aiment à discuter avec des "porte-parole", avec des gens qui représentent quelque chose, que l'on peut identifier.

3. Non, ce n'est pas la contagion des révolutions arabes qui se manifeste. Ni même celle de Madrid. Les premiers ont manifesté un peu plus bruyamment, et pour des raisons un peu moins "petit-bourgeoises". Les seconds campent, squattent littéralement ; ils ne se donnent pas rendez-vous pour s'asseoir le 29 mai.

4. Voir une centaine de jeunes assis sur les marches de l'opéra Bastille en lieu et place des jongleurs et/ou punks à chiens et/ou SDF, voilà qui risque de rassurer plus que d'apeurer. Pardon pour cette digression, mais ces marches sont toujours squattées.

Quant à revenir sur le sens littéral du mot "révolution", ne comptez pas sur moi pour être si tatillon.

                                                                                                                        Maxime Jacquet.



in: In the mood for anger

L'arme anti Dukan ! from John

© John 2011


in: Funny face

mercredi 25 mai 2011

La Compagnie Jolie Môme par elle-même


Photo trouvée


Des trublions qui braillent, qui sautent, qui chantent, qui font exploser les rimes et la parole. A force de gestes démesurés, à force de vous interpeler, ils réussissent à vous prendre par la main et à vous emmener en 1917 ou sur les barricades. Enfants des planches, ils se font Gavroches pour nous raconter notre histoire. Ce sont les enfants que nous aurions aimé être, ils jouent à refaire le monde, comme si le capital n’avait pas gagné et que tout restait à faire. C’est la Jolie Môme qui roule des hanches en balançant ses chansons qui font le trottoir, c’est la Compagnie qui prend la rue et fait descendre le théâtre de la scène.

Car la Compagnie Jolie Môme vous regarde dans les yeux, quand elle joue c’est à vous qu’elle parle. Ici, pas de quatrième mur, ce point imaginaire que les acteurs fixent pour ne pas regarder le public. Et chez ces gens-là, Monsieur, on ne s’ennuie pas. Chez ces gens-là, Madame, on a le Brecht riant.

« Chacun parle d'où il est. Une troupe bourgeoise fera du Brecht bourgeois. Nous, on a intégré que les gens ne viennent pas pour s'emmerder. Ça passe par la mise en scène, l'envie d'emmener le public avec nous, de leur dire « Regardez comment ça nous parle à nous, à vous. Brecht c'est nous. » Lorsqu'on a joué La Mère, 200 ouvriers de chez Renault sont venus. La Mère, c'est 1917, la révolution. Ҫa leur parle. Dans le théâtre en général, il y a quand même très peu d'ouvriers. Une stagiaire de la compagnie avait adressé un questionnaire au public sur trois spectacles et il en ressortait que 30 % de notre public est d'origine ouvrière. Nous avons été surpris et fiers. Peu de théâtres peuvent faire ça. A cause d'un tarif dissuasif, des propositions qui sont faites. »

Fondée par Michel Roger, un ancien de l’Epée de Bois, théâtre de La Cartoucherie, la Compagnie Jolie Môme a pris son envol dans les années 80.

« Au début, on a été domicilié dans plusieurs CHRS Emmaüs. On y trouvait un lieu de répétition et en échange on faisait un atelier de théâtre avec les hébergés. Plus tard, nous avons été à Gennevilliers dans ce qui s'appelle aujourd'hui la maison de la culture. Au début, ça nous permettait de répéter et de bosser. On nous refilait des gens en se disant « Tiens, ça va les occuper. » On s'est rendu compte qu'on servait beaucoup de roue de secours. Ça a cheminé dans le fonctionnement et l'esprit de la troupe. Nous avons faite nôtre la phrase de Victor Hugo : « Vous voulez les miséreux secourus, [nous, nous voulons] la misère supprimée. » D'une démarche "humanitaire", nous sommes passés à une démarche plus politique, révolutionnaire au gré des rencontres et des spectacles. Aujourd'hui notre activité politique ne passe pas par le spectacle politique. Elle reflète ce qu'on a envie de dire, ce qui sera intéressant. On ne veut pas donner une leçon de politique aux gens. Car le théâtre n'est pas politique dans le sens où le spectacle est un acte politique ou révolutionnaire. Par contre, nous sommes capables de faire des choses dont nous sommes fiers, qui remontent le moral au public, en donnant la parole à un collectif de sans papiers, en étant présent sur un piquet de grève, en allant chanter pour les Conti, ça c'est un acte politique. »

Après Emmaüs et Gennevilliers, la Compagnie Jolie Môme a trouvé son "port d'attache" à La Belle Etoile à Saint-Denis, terme inventé par la municipalité pour accueillir cette troupe hors norme.

« Nous nous sommes installés pour faire vivre le lieu, faire en sorte que ce soit un lieu de théâtre populaire, ouvert sur le quartier. Quand tu es accueilli à l'entrée par un comédien ou le directeur du théâtre, ça a une autre gueule que quand c'est une hôtesse qui te demande ton ticket et te demande de trouver ta place. C'est tout un ensemble de choses qui participent à cette ambiance. Quand tu viens manger ici, tu es servi soit par des comédiens soit par des stagiaires des ateliers.

« En ce qui concerne les spectacles, nous avons une liberté de choix. Jusqu’ici, nous n’avons refusé que trois propositions de la mairie dont un promoteur immobilier qui voulait faire la fête parce qu'il se faisait de plus en plus de fric. Les rapports avec la ville sont très chouettes. Nous avons une indépendance énorme. Ils nous connaissent suffisamment bien pour ne pas nous proposer n'importe quoi. Au départ, on était un peu inquiet et nous avons été très heureusement surpris. Militants et ouvriers amènent leurs copains d'usine, leurs voisins, leur comité de quartier, leur association de locataires pour partager une culture qui leur parle et leur plaît. De toute façon, les militants politiques sont aussi des militants culturels. »

Port d’attache, la ville de Saint-Denis est également un havre de liberté. Solidement implantée, plébiscitée, désirée, la Compagnie Jolie Môme ne ménage pas ses forces pour faire entendre sa voix et apporter son soutien aux causes qu’elle défend également dans ses spectacles. Je vous en parlais .

Photo trouvée
« On sait que pendant les manifs, les gens aiment retrouver notre cortège car on y met de la combativité et de la bonne humeur. Nous faisons ce qu'il nous semble nécessaire de faire, nous encourageons les gens à se syndiquer, à militer. Aujourd'hui, il faut croire qu'on continue de déranger. A Aurillac une fois, au festival du théâtre de rue rebelle, nous avons contacté quelques théâtres pour qu’ils nous aident à soutenir les faucheurs d'OGM qui passaient en procès. On a demandé à la troupe rebelle d'à côté s'ils pouvaient leur laisser la parole. Tout ce qu'ils ont timidement consenti à les laisser faire, c'est une distribution de tracts à l'entrée. C'est le problème quand on est dépendant des subventions. Une autre fois, dans une municipalité communiste où nous devions jouer, la ville a démonté notre spectacle parce que nous nous étions joints à une manif pour le droit au logement. De même que nous avions prévenu Patrick Braouzec, du temps où il était maire, lorsque nous sommes arrivés à Saint-Denis, que nous serions assez vigilants sur les sans-papiers sinon on ouvrirait notre gueule. Il nous a répondu qu'il le savait et qu'il n'était pas inquiet. Il a toujours été très correct sur les questions de sans-papiers, et ce sans attendre qu'on le secoue. »

Militante et passionnée, la Compagnie Jolie Môme a également trouvé le moyen de contourner le système en ne diffusant ses disques que par la vente directe.

« Le choix de la vente directe n’était pas un refus du système commercial. Au départ, les CD ont été faits pour les spectateurs qui voulaient garder un souvenir du spectacle. Ça s'est étendu. Des distributeurs sont venus nous proposer de les mettre en vente dans les grandes enseignes. On s'est aperçu que sur 15 €, 2 € nous revenaient, le reste était reversé au distributeur, à la grande enseigne. A quoi ça sert ? On ne va pas en vendre plus pour autant. Avec la vente directe, sur 17 €, une fois les droits d'auteur décomptés etc, ce sont 13 ou 14 € qui nous reviennent. C'est un écart plus intéressant. Nous les vendons également dans quelques librairies militantes que l'on a choisies avec une remise qui contribue à la vie de la structure. Mais ce n'est pas un choix délibéré, ce sont plutôt les circonstances qui nous ont fait opter pour ce choix. On aurait pu se rapprocher de coopératives de diffusion culturelle mais on n'a pas eu le temps à ce moment-là. On reçoit des propositions de diffusion alternatives, des AMAP de la culture. Certains d’entre nous pensent qu’on ne peut créer un système parallèle avec la force du système actuel. Il faut mettre à bat le système avant de repenser les choses. Pour le moment, ce n'est pas notre cheval de bataille. Nous mettons toute notre énergie dans nos spectacles, pour faire vivre la compagnie. L'éducation populaire fait partie de nos envies. »



* Merci à Loïc 


En savoir plus sur la Compagnie Jolie Môme cet été.




in: In the mood for anger

mardi 24 mai 2011

Sourire de Chine from Syrano (7)

Syrano, le septième jour :

© Syrano 2011















"Pendant le trajet vers Wuhan, nous avons ce qui sera certainement notre seul contact avec la campagne chinoise. Des rizières à perte de vue. C'est d'autant plus un contraste que nous arrivons dans une ville plutôt austère, bétonnée, où notre concert a été annulé. Pas de négociation possible. Le nouveau représentant de la culture de la province du Hubei est un conservateur et a plus ou moins censuré toute la programmation de l'Alliance Française. Pas de show donc, mais une rencontre avec des élèves. une discussion ouverte s'entame. Ce n'est pas plus mal finalement. Je fais ma deuxième interview avec une interprète."
© Syrano 2011




















in: Funny heart

lundi 23 mai 2011

Y a pas de mal à se faire du bien (11) et même un peu peur

Pour un lundi vraiment gloomy, pour commencer la semaine dans une atmosphère parfaitement lugubre qui sied bien à un lundi, mais également pour se faire du bien, voici Screaming Lord Sutch. Un nom inspiré par celui de Screamin' Jay Hawkins et un esprit qui inspirera celui d'Alice Cooper. Rockabilly, cape et haut-de-forme, jeunes femmes savamment dénudées et rimes sanguinolentes, Screaming Lord Sutch, ce faux aristocrate anglais aurait aussi bien pu sortir d'un film de la Hammer.

Avec des titres comme Murder In The Graveyard, Dracula's Daughter, Monster Rock, The Wolfman Strikes Again, mais surtout Jack The Ripper (le plus connu), il avait de quoi faire monter la sauce de l'horreur et renchérir dans le cauchemardesque. Un cauchemar en carton-pâte tellement kitch qu'il donnait plutôt envie de sourire mais tellement haut en couleur que quelques décennies plus tard, à l'image des films de vampires en Technicolor avec Peter Cushing et Christopher Lee, il en est devenu culte.



Et pour se faire totalement du bien, n'hésitez pas à écouter aussi le très chouette 'Cause I Love You.



in: Gloomy monday

dimanche 22 mai 2011

Sourire de Chine from Syrano (6)

Jour 6 :

© Syrano 2011

"Le 6ème jour est un jour de repos alors nous en profitons pour partir visiter Changsha. Mira nous sert de guide et nous emmène visiter le parc où une statue du visage de Mao de 30 mètres siège ou encore une grande colline d'où on peu admirer le drap blanc qui recouvre la ville. Entre l'évaporation du fleuve Yang Tsé qui descend du plateau tibétain et la pollution, la chaleur devient étouffante. Le soir, j'enregistre Funky qui est aussi batteur dans des groupes de world music. Il propose des choses sur quatre morceaux ce qui me ravit. Cela me permet d'avoir de plus en plus de matière."
© Syrano 2011



 

in: Funny heart 

samedi 21 mai 2011

Un sourire de Chine from Syrano (5)

Jour 5 :


Arrivée à Changsha. Date un peu spéciale car pas encadrée par une Alliance Française. C'est la Région Centre qui est jumelée avec le Hunan, province natale de Mao.

© Syrano 2011

Marilyne nous reçoit en compagnie de l'équipe du Fu You, bar où nous jouons le soir même, Funky et Dee sont adorables et ouverts. L'occasion aussi de recroiser mon amie bulgare, Mira, qui vit depuis 3 ans en Chine. A Changsha, justement.

Le concert est illuminé. Les quelques 200 personnes présentes hurlent, sautent, dansent et nous goûtons le fameux Bei jio (je ne suis pas sur de l'orthographe), alcool de riz à plus de 50° et qui réchauffe si besoin en était.
 
© Syrano 2011



in: Funny heart

vendredi 20 mai 2011

Un sourire de Chine from Syrano (4)

Syrano est en Chine. La suite.

© Syrano 2011

Jour 4 :

"Nous voilà donc le jour du concert au Hertz bar de Dalian. Doc Talk Shock, un groupe local ouvre le bal mais c'est bien Lao Hu (Le Tigre) qui viendra sur scène avec nous pour partager un moment musical. C'est un rappeur du coin hyperactif qui a commencé par le break et qui vient faire connaissance avec nous après les balances. C'est naturellement que nous l'invitons à monter sur scène . Il nous gratifiera d'ailleurs d'un beau moment et nous chauffera la salle pour le reste de la soirée. Le concert finit en feu et nous goûtons pour la première fois à l'ambiance chaude des nuits chinoises. La température monte dans le pays à mesure que les jours passent et que nous nous acclimatons à la culture."

© Syrano 2011


in: Funny heart

mercredi 18 mai 2011

Poème « Acapela Songs » from Caroline-Christa Bernard


Chanteuse, auteure, artiste, Caroline-Christa Bernard me fait penser à un animal farouche qui se sauve quand on l'approche et qui parfois s'étire de tout son long, sensuellement, au milieu du canapé, pour vous parler d'elle.

J'ai eu la chance de la "capturer" pour une interview l'année dernière pendant le festival de Cannes. Et là, j'attends la sortie de son premier album avec impatience.

Pour calmer mon impatience, elle m'offre une "Acapela Song" et une vidéo.



Le pianiste is gone,
Et la guitare se dispute avec le trombone,
Alors avec mon petit dictaphone,
J’enregistre sur la touche « ON »
Le bruit des pas dans la rue piétonne,
Les amours garçonnes,
Et mes chansons aphones.

Caroline-Christa Bernard







in: La part du fabulateur

mardi 17 mai 2011

La danse du chat qui tourne

Pour se laver des délabrements de l'atmosphère ambiante, je vous propose un voyage baroque, festif, lourd comme un éléphant qui entrerait dans un magasin de porcelaine et léger comme un pied nu frappant le sable.

La fanfare Tzi Slav, c'est un peu la rencontre d'Emir Kusturica er d'Yvan Rebroff au bar du coin, c'est le mariage des Balkans et de l'Orient, c'est la célébration permanente, le bonheur obligatoire, les larmes qui meurent dans un énorme éclat de rire, la tziganerie qui vous monte dans les jambes. Une dizaine de musiciens, essentiellement des cuivres, et une chanteuse à la voix d'or vous embarquent pour revisiter les folklores serbe, slave, méditerranéen... Impossible de rester de marbre et de ne pas se mettre à danser.




Les vidéos que l'on peut trouver sur le net ne sont pas fameuses. Il vous reste à faire comme moi, acheter l'album qui est plutôt sympa.


Ecoutez la reprise d'Ederlezi.

Tzi Slav, le site.



in: Gloomy tuesday

dimanche 15 mai 2011

Sex in the kitchen

Angelina Jolie - ©SND


Une bonne méthode pour ranger la cuisine tout en se faisant plaisir. Mais attention à la casse.

Quand Mr et Mrs Smith, que l'on aurait appelé les Dupont en français, font l'amour, la future Madame Pitt ne prend même pas la peine d'enlever son soutien-gorge... ni même sa jupe. Enfin, pas au début.

Une scène culinaire qui doit beaucoup au remake du Facteur sonne toujours deux fois avec Jessica Lange et Jack Nicholson.




in: The closer I get

samedi 14 mai 2011

Petit sourire de Chine from Syrano (3)

Jour 3 :

"Nous voilà partis au petit matin pour Dalian, une ville de 6 Millions d'habitants qui a été russe, japonaise, puis russe, avant de redevenir chinoise en 1946. Les influences se sentent dans l'architecture mais le développement frappe de plein fouet ce port dynamique ouvert sur la mer de Chine.

Notre répétition a été annulée alors nous improvisons une après-midi d'excursion dans les rues de notre nouvelle cité hôte. Un joli soleil et un nouveau dépaysement total sont au rendez-vous. Non, non, nous ne sommes pas en vacances, mais quoi de plus beau que de profiter de l'expérience que nous avons la chance de vivre pour nous imprégner un maximum de cette culture.
"

© Syrano 2011
 

in: Funny heart

Petit sourire de Chine from Syrano (2)

Jour 2 :

© Syrano 2011
"Deuxième jour à Pékin. Nous prenons la décision de partir tôt de l'hôtel pour profiter de notre matinée dans les rues du grand dragon rouge. Nous arpentons les rues de la tour de la Cloche à l'avenue Qian Men en passant par la Cité interdite et la place Tien An Men. Enrichissant et dépaysant. Je connaissais déjà ces parties de la ville mais je pense que mes acolytes ont su prendre, comme je l'avais fait la première fois, la température d'un monde en plein changement. Le monde qui tourne désormais autour de l'Empire du Milieu.

Direction la salle de spectacle où nous allons officier avec le groupe Shan Ren. Super expérience au Mako Live House. Et pour une première date, quelle surprise... Les Chinois, qu'on dit frileux pendant les concerts, applaudissent, dansent et montent sur scène pour danser le tango. Magique !

Une bonne nuit de sommeil car le décalage horaire n'est pas encore estompé et direction Dalian, notre seconde étape.
"
© Syrano 2011



in: Funny heart

mercredi 11 mai 2011

Petit sourire de Chine from Syrano (1)

Je lui ai proposé d'envoyer des petits sourires de Chine. Il a dit oui.

Syrano est actuellement en tournée en Chine avec son groupe. Il a fait une pause dans l'élaboration de son quatrième album Les Cités d'émeraude annoncé pour le printemps 2012. Impossible de se connecter sur Facebook depuis la Chine. Qu'à cela ne tienne, il adressera ses petits sourires sur Mes petites fables. Dans la joie.

Premier message reçu de Pékin aujourd'hui :

"Bonjour à tous!!!

Nous sommes bien arrivés à Pékin avec mes 5 acolytes : Buzz (technicien du son), Alex (guitariste), Patoche (accordéoniste), Etienne (bassiste) et Cyril (batteur).
À peine atterris, Xin, qui travaille pour l'Alliance Française de Pékin, nous a exposé le programme de la journée. Première étape, la colline du charbon d'où on a une vue imprenable sur la cité interdite.
L'air est épais et chaud, et, de surcroît, voilé par une tempête de sable qui laisse planer le soleil dans une brume blanchâtre. Peu importe, nos partons déjeuner et nous confrontons aux oreilles de porc, oeufs de cent ans, raviolis divers et tofu pour un repas gargantuesque avant une répétition avec Shan Ren, le groupe avec qui nous partagerons la scène demain. Une occasion pour moi de retrouver Xiao Bu Dian avec qui j'ai enregistré des parties de mon album l'an passé ici-même. Un travail fructueux dans une ambiance bon enfant nous a menés dans un bar où nous avons aussi dîné. Une journée longue et riche qui présage d'un nouveau voyage très nourrissant pour l'esprit. Je suis explosé ! Je vais me coucher."
© Syrano 2011

Tout savoir sur Syrano.


in: Funny heart

Un peu d'ACID ?

Rencontre avec Stéphane Arnoux alors qu’il est en tournage de son troisième film. Car finalement la suite de son spectacle qui évoquait les violences policières, Les pieds dedans, ne se fera pas sur scène mais derrière la caméra. Juste avant de s’envoler pour Cannes demain et y vivre ses quelques jours de folie, de gratte-gratin, de sniffage de people et d’hallu collective annuels, il a accepté de présenter et commenter, en avant première pour Mes petites fables, la sélection que soutiendra l’ACID (Association du Cinéma pour sa Diffusion) à Cannes. Il nous avait révélé l’existence de Robert Mitchum est mort et de Donoma l’année dernière sur Bakchich, on peut donc lui faire confiance pour attirer notre attention sur des pépites.

« Ce que je cherche dans le jeune cinéma aujourd'hui, c'est un film qui ne serait pas l'illustration grossière d’un propos mais qui développe une vraie réflexion. » Le ton est donné. En attendant, aussi indépendant et libre penseur soit-il, le festival de Cannes est un rendez-vous primordial pour ce jeune cinéaste, déjà auteur d'un documentaire et d'une fiction (La Carotte et le Bâton, Nos Désirs Font Désordre) et de deux courts-métrages. « Cannes, c'est l'occasion de côtoyer les professionnels qu’on ne peut pas voir à Paris ni ailleurs. Cependant, nous refusons la compétition. C’est pour cela que la sélection de l'ACID n’est qu’une sélection et qu’il n’y aura ni prix ni même Caméra d’Or, bien qu'on nous l'ait à maintes reprises proposé. ». Lorsque j’essaie de le mettre face à cette contradiction d'accepter de fricoter avec le tout Cannes tout en abjurant ses règles, il rétorque : « C’est le seul moment de l’année où les professionnels du cinéma sont réunis, disposés, à portée de main, ouverts. S’il y a un petit côté abject et décadent dans la surenchère, les fêtes sont l’essence même de ce festival. C'est là où tout se fait. C'est là où tu es sûr de pouvoir rencontrer tes prochains potentiels partenaires financiers, où tu sais que tu pourras leur parler et parce que le contexte était détendu, non seulement ils se souviendront de toi, mais ils se souviendront d’être sympa et disponible, justement parce qu’ils t’ont vu dans ce contexte. » En résumé, Cannes, c’est le seul endroit au monde où tu peux parler de sexe avec Mick Jagger tout en plongeant la main dans un saladier de beuh ou refaire le monde toute la nuit avec Jean-Pierre Mocky.

Côtoyant la sélection officielle et toutes les compétitions parallèles, l'ACID a bien l'intention d'éblouir journalistes et badauds avec sa sélection indépendante, cela va de soi, mais aussi téméraire, drôle, décalée, intense. Avanti...



© 2011 L’acid - Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion
Rue des Cités est un film français sur les cités qui donne à voir une autre image de la banlieue, selon Stéphane. Il y a des personnages criants de vérité. Plusieurs bonnes idées à son actif, le film inclut une partie documentaire sous la forme de micro-trottoirs, ou essaie de montrer le vol d'un scooter en temps réel.


© 2011 L’acid - Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion
Attention chef d’oeuvre. Palazzo Delle Aquile est un documentaire filmé à l'intérieur du palais municipal de Palerme occupé par dix-huit familles qui se sont faites expulser de l’hôtel social. Au même moment, une vingtaine de maisons ont été confisquées à la mafia. « Le réalisateur réussit à installer sa caméra parmi les gens pauvres qui vont vivre dans les lustres républicains. Ça n’aurait pu être que ça et ça aurait déjà été très bien. Mais c’est plus que ça. Il montre, jour après jour comment, à cause des affaires politiques, les familles vont se faire baiser. Comment un conseil municipal qui se doit d'être à la pointe de la lutte va les entuber à la fin. Comment des conseillers municipaux scellent le sort des gens sans leur demander leur avis. C’est un documentaire filmé à la Abel Ferrara qui nous offre des plans d'enfants dormant sur les bancs ou enlaçant les symboles de la "démocratie". Tout cela avec un sens aigu de la mise en scène qui nous plonge dans un récit éminemment cinématographique. Jusqu'à cette scène à l’église pendant une cérémonie à la mémoire des victimes de la mafia. Un champ contre champ super bien filmé. Un affrontement à distance entre le Maire et les familles, qui rappelle les films de mafia ou les meilleurs plans d'un Abel Ferrara, même si la mafia n’est pas le sujet du film. Palazzo Delle Aquile est un film militant qui répertorie tous les processus politiques en oeuvre tout en réussissant le pari esthétique. »


© 2011 L’acid - Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion
« Toutes les équipes des films sélectionnés seront à Cannes sauf les Chinois de Black Blood, car le film a été tourné à l’insu du gouvernement. » Le synopsis rappele le scandale des paysans chinois contaminés par le virus du sida dans la province du Henan alors qu'ils vendaient leur sang. « C'est l'histoire des membres d'une famille qui vendent leur sang pour vivre, mais la mère découvre qu’elle est séropositive. Un incroyable moment de cinéma et une super fin. Un film en noir et blanc. Ce qui permet au sang d'être noir. »


Pour penser vache, respirer vache, dormir vache, vivre vache, regardez Bovines. « Bovines, c'est l’expérience d’un film de vaches en HD. Un film qui montre la vraie vie des vaches car il se place du point de vue des vaches. » Intéressant ? Surprenant ? Complètement fou ? « On prend possession d’un film spectacle magnifique... au rythme des vaches. Il a une façon de s’affranchir du document-fiction. » Le peut-être seul rebondissement du film étant lorsque l'une d'elle se fait conduire à l’abattoir.


Concernant Le Grand’Tour, un film belge, « j’ai cru pendant une heure que j’étais devant un film documentaire. » Or c'est une pure fiction. L'histoire d'une bande de copains qui, pour aller se soûler dans une fête, font semblant d’être une fanfare. « Cela ressemble à de la télé-réalité mais c'est quand même du cinéma. » Le fait est que la fanfare va se perdre dans la forêt. « Il y a une métaphore christique dans le départ, comme celui du Christ et des apôtres,... mais bourrés. » L'expédition s'éternise donc dans une forêt. Nos compères expérimentent la vie en société jusqu'à faire bousculer leurs repères, jusqu'à vivre des expériences mystiques et sexuelles, jusqu’à recouvrer « l’état sauvage, faire le choix de basculer et ne jamais revenir. Le film tâte la limite entre docu et fiction, c’est presque une improvisation. Il essaye d'analyser comment vivre ce quotidien de l’entre-soi, ce presque loft story, pose la question de savoir ce qu'est une société. Et le montre bien. C'est sans vulgarité, sans meuf, sans sexisme, un bon film de camaraderie. »


© 2011 L’acid - Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion
Enfin, le film que je ne manquerai certainement pas tant Stéphane m'a donné envie de le voir. Old Cats (Les Vieux Chats), un film chilien. Une vieille femme qui perd la boule. Une fille déjantée qui se coke en douce, sa copine lesbienne. Et le mari qui fait tout pour cacher à la fille que sa mère perd la tête. Ce jour-là l’ascenseur tombe en panne. La fille essaye de faire signer des papiers à sa mère pour récupérer l’appart. « C'est un huis-clos familial qui explose, un film plus classique mais un premier film super maîtrisé. La vieille dame va devoir descendre les escaliers pour donner à manger aux chats. Toute l’intrigue réside dans le fait de savoir quand. C'est de l'humour noir. On a l’impression qu’il n’y a pas d’amour mais il y en a. Le sentiment filial réapparaît à la fin. Cela change du cinéma chilien traditionnel, plutôt déprimant. »


Pas si acide que ça finalement, mais très ACID.


Pour en savoir plus sur l'ACID.
Téléchargez le catalogue de la sélection 2011 à Cannes.


Et bientôt et en exclusivité, Cannes vu par Stéphane Arnoux en images sur Mes petites fables.



in:Angelina's festivalistic envy of Cannest

mardi 10 mai 2011

Pas de liberté pour les amis de la liberté *

A la demande de la Mairie de Paris, la police a procédé, mercredi 4 mai 2011, à l'évacuation d'une centaine de Tunisiens sans-papiers réfugiés dans un bâtiment de l'avenue Simon Bolivar. Plusieurs militants, dont le cinéaste et musicien Stéphane Arnoux, se sont ensuite  rassemblés devant le commissariat du XXème arrondissement pour protester contre leur interpellation.

Photo SIPA

Il y a des Tunisiens à Paris. Ils seraient trop nombreux, paraît-il. Il paraît qu'il vaudrait mieux qu'ils restent chez eux, fassent leur révolution là-bas, et ne viennent pas semer ici la zizanie.

Le pouvoir français, avait proposé des armes à Ben Ali pour mater la révolution tunisienne, par la voix de Michelle Alliot-Marie, en « vacances » au bled pour acheter une belle maison à ses parents. Maintenant il traque et rafle les Tunisiens réfugiés en France. C'est toute la cohérence de l'Etat français, corrompu comme a pu l'être le voisin tunisien, raciste de toujours et fier de sa domination que la décolonisation a transformée en exploitation éparpillée.

Des Tunisiens, il y en avait qui s'étaient réfugiés dans le 19e à Paris, dans un bâtiment de la ville de Paris. Pas seulement pour survivre là, mais pour s'organiser, créer des ponts et des relais, entre gauchistes des deux bords de la Méditerranée. D'abord échoués à Lampedusa, floués par l'Etat italien de Berlusconi, avec des papiers qui ne valent rien, on a dit qu'ils étaient nombreux. Trop, si l'on en croit le Ministère de l'Intérieur. Plus de 20 000 (alors que 300 000 personnes arrivent en France chaque année).

Alors, avec l'aide de collectifs parisiens, ils se sont organisés ici. Et continuent de s'organiser. Malgré les rafles, les intimidations, les expulsions. On n'arrête pas comme ça un mouvement de l'Histoire. Mais les Tunisiens déjà en France de longue date, privés de papiers, se retrouvent dans le rôle des victimes collatérales d'une traque organisée (et fort peu médiatisée).

De l'immeuble de la rue Simon Bolivar, ils ont publié des communiqués, appelé aux soutiens. La Mairie de Paris, qui tentait de communiquer à contre-pied de l'Etat a promis des lieux... provisoires, propres à faciliter le travail de la police : des centre d'accueils privés, fermés la journée, où on les aurait divisés par petits groupes, et où il aurait été aisé de les cueillir au petit matin. Ils ont refusé : la Mairie a ordonné l'expulsion. Et porté plainte pour dégradations et occupations illégales.

Alors des citoyens, associatifs ou gens du quartier, se sont mobilisés. D'abord pour apporter des vivres. Puis pour se rassembler devant les commissariats où les squatteurs avaient été arrêtés.

Au commissariat du 20e, on n'était pas assez nombreux pour empêcher le car de partir, avec une trentaine de personnes à l'intérieur. Mais il y avait, tout de même, un mouvement de résistance. Avec des slogans comme :

"Ce sont les Tunisiens qui ont raison. A bas l'Etat, les flics et les patrons"

Là bas, ils avaient commencé par brûler les commissariats. Ici une maigre résistance s'organise : il est temps de choisir son camp. Ce serait beau, la prochaine fois, qu'aucun car ne quitte la ville vers un centre de rétention. Ce serait beau qu'il y ait des lieux pour habiter le monde. Et que cesse cette traque dégueulasse à l'étranger.

La France aux débuts de la révolution proposait d'envoyer des armes à Ben Ali. Aujourd'hui elle mène des rafles partout pour arrêter les Tunisiens. Et la police s'exécute. Tant que nous sommes trop peu nombreux pour empêcher ça.

Il ne sert à rien d'avoir honte d'être Français. A rien de poster des messages sur Facebook ou de tweeter. A rien de s'indigner. Il faut prendre un peu de son temps pour être là où la résistance est nécessaire. Ce n'est pas rien, même très peu nombreux, d'entraver ou de ralentir l'activité de la police : qu'elle se rende compte en permanence que nous ne sommes pas complices.

L'exemple tunisien est remarquable. Ils ont pris leur destin en main. Et nous on fait quoi ? On laisse l'Etat français réclamer aux révolutionnaires la dette faramineuse contractée par Ben Ali et expulser ceux qui, sortis de prison, libérés de la torture, tentent de rejoindre leurs familles ?

La chasse aux étrangers semble être devenue une médiatique priorité dans ce pays. Les panneaux des Tunisiens le 1er mai qui disaient "nous sommes venus vous aider à faire pareil" semblent accélérer le pas. Et supposent que nous prenions position. Dont acte. 

Stéphane Arnoux

* Titre d'Angelina


in: In the mood for anger

lundi 9 mai 2011

Y a pas de mal à se faire du bien (10)

C'est vrai que c'est déjà le printemps et que c'est bientôt l'été. C'est vrai que le soleil est revenu et les amoureux aussi. C'est vrai qu'il n'y a pas de mal à se faire du bien et pour cela, rien de mieux que de se réécouter une chanson de Mano Solo qui parle de Sacré-Coeur et d'amour.

Pour illustrer la chanson, Laurent Macabiès, le célèbre journaliste d'investigation, a délaissé l'enquête pour capturer le temps d'une vidéo l'essence du Sacré-Coeur de Paris et de ses multiples visiteurs. Un joli petit film pour avoir le "coeur gros comme ça".




Paris, Sacré coeur par lmacabies
 
 


in: Gloomy monday

samedi 7 mai 2011

Dégoupillée

La voir, même de près, c'est déjà comme une insupportable impression de s’être invitée à un festin auquel on n'était pas convié.
C’est le sentiment latent d’être une clandestine.
La voir de loin, c’est comme entendre l’immense silence autour d’elle.
Magnifique friche, le soleil, la mer dans ton sourire.

Faire fuir le regard chaque fois qu’il croise le sien de peur qu’elle ne se sente observée comme un animal sauvage que l’on lorgne derrière la vitre de sa voiture.
La prisonnière c’est moi.
Intimidée, intriguée, subjuguée, elle rôde autour avec des regards de fauve affamé.
Elle tente, s’approche, sourit. Elle tâte, frôle, rigole. Elle tend la main et les yeux continuent de fouir à la recherche de l’âme dans les yeux de sa proie.
Mais la proie ce n’est pas moi.

Elle n’était qu’une voix, une image, un petit bout de femme enragé sous un keffieh. Le poing serré.
Elle est grande, longue, souple. Elle est la reine du silence.

Cheffe de gang.
Fleur au milieu des cailloux.
Elle parle des carabines qui se braquent et je les vois dans ses yeux.
Soudain, elle est une autre.
Et la voix est la même que celle qui a explosé dans ma tête.

Les corps se rapprochent, les souffles se raccourcissent.
Indocile.
La règle du jeu, c’est qu’elle est la seule à la connaître.
Faire à nouveau la petite bombe,
Faire à nouveau parler la souffrance,
Faire crier la voix,
Faire sortir le drame.
Le pire c’est quand elle oublie que ce n’est qu’un jeu.

Tu étais fille de porcelaine.
Furieuse de n'être que fille de porcelaine.
Dégoupillée comme une menace
Afin que personne n’approche, afin que personne ne sache.
Et ces foutus mots au bout de mes doigts qui n’ont jamais voulu sortir de ma bouche.

Un jour tu seras libre.
Et je ne serai plus prisonnière.
A l’ombre de ce poing levé
C’est la soeur que je cherchais.

L'esquisse 2 de Keny Arkana sort le 23 mai. 




in: Angelina's musical fantasy

mardi 3 mai 2011

Silence, on tourne la page from Grégory

NYC Photographer Jamie Beck
©  All rights reserved
Image empruntée au formidable site From Me To You



L’idée se répand : un changement de société en profondeur est souhaitable, crise(s) oblige(nt).

Sociologues, philosophes et écrivains en parlent, individuellement ou au sein de collectifs. Les revues leur font écho. Les politiques s’y mettent (enfin !) à leur tour avec le développement des think-tank (laboratoires d’idées) notamment. Les partis de gauche s’emparent du sujet : un nouveau modèle de société s’impose à nous.

Nouvelles mesures pour certains, nouvelle voie pour d’autres. Les discours s’affrontent à distance entre une vision dite réaliste (puisque la social-démocratie a renoncé à remettre en cause une économie mondiale de libre échange et de concurrence, elle ne peut que proposer des modifications au sein de ce modèle pour le réguler), et une vision plus idéaliste, au sens des idées, engageant le changement même du modèle de société. 

Cette dernière approche met l’individu au centre de la réflexion et non plus la croissance et le libéralisme économique (ce qui se traduit par des discours très variés, portés par de multiples acteurs dans lesquels on retrouve le FN, le parti de Gauche, Edgar Morin, .. n’ayant que peu de choses en commun sinon cette volonté de proposer de sortir d’un système dont on aurait atteint les limites. L’idée que la République n’assure plus les valeurs de « liberté, égalité, fraternité » contribue au développement de cette idée)

1ère question posée : peut-on bâtir un autre modèle de société (et non un autre modèle économique, puisque ce n’est pas une finalité en soi) dans lequel le rôle même de la croissance économique ne soit pas central ?

Les politiques de droite quant à eux restent sur une logique, incontournable selon eux mais jamais démontrée, que plus de croissance implique une sortie de crise économique, profitable au plus grand nombre. Tout se règle alors à coup de chiffres, taux de croissance et augmentation du pouvoir d’achat en première ligne. 

Non seulement, là encore, la thèse qui avance que de meilleurs résultats économiques apporte les réponses souhaitées par le plus grand nombre de citoyens n’est pas démontrée, mais on a vu que pendant les crises récentes, les plus riches se sont enrichis considérablement, et les actionnaires s’accaparaient les profits au dépend des travailleurs. 

2ème question posée : certains politiques sont-ils déterminés dans un premier temps, et capables dans un second temps, de rompre avec une logique battue en brèche et un modèle de société qui ne permette plus à une majorité de citoyens de vivre décemment du fruit de son travail ?
(Seule une intervention réellement significative de l’Etat, contraire à l’idée libérale, peut permettre un tel changement : revenu minimum d’existence ; revenu minimum salarié correspondant à un niveau de vie évalué en fonction du seuil de pauvreté ; intervention sur les prix des loyers, en prenant en compte des indices cohérents liés aux revenus du travail et en rendant effectif le DALO ; partage encadré des temps de travail ; intervention de l’Etat sur la répartition des profits des entreprises ; nature et rôle du travail et de l’action pour le collectif dans les sociétés de demain, dans une perspective de repenser nos environnements de vie et notre lien social.)   

   
Mais de quoi parle-t-on ? De nombreuses dates sont citées sur Internet comme « années de crise » : 1969, 1973, 1982, 1993, 1997, 2001, et bien sûr 2007, puis 2008. Il est souvent évoqué une crise commencée en 1973 (adieu les 30 glorieuses) et toujours actuelle en 2011, avec ses mouvements internes, ses reflux, ses redémarrages.
Les discours politiques ne cessent d’ailleurs d’utiliser un vocabulaire de circonstance : « la crise est derrière nous ; on est sur le point de sortir de la crise ; les indices montrent un redémarrage ; ……… ».  Aujourd’hui 29 avril 2011, le ministre du travail constatant une amélioration mineure d’un des indices du chômage pour le 3ème mois consécutif déclare que c’est un signe probable de sortie de crise. Mais jusqu’à présent, rien n’y fait. Comment s’étonner de leur perte de crédibilité qui gagne année après année.

Mais de quoi parle-t-on encore ? Essentiellement de l’aspect économique de la vie en société, d’ailleurs le terme « crise » est essentiellement associé au domaine de l’économique. Imagine-t-on aujourd’hui une crise d’une autre nature dans un contexte de grande prospérité économique ? Une crise sociétale (1968 ?) ? morale ? existentielle ? Non. Collectivement, seule la crise économique est la mère de toutes les crises, elle enfante et peut par contre se décliner ensuite en crise de confiance, de valeurs, de sens, mais son origine est toujours fixée par et au travers de son aspect financier et matériel. 

Le système libéral, capitaliste et consumériste a donc réussi à ce que nous nous pensions avant tout comme homo-economicus, chacun étant dans ce système une entreprise avant d’être un individu. 

Cela se traduit pour le plus grand nombre par la recherche d’’un équilibre matériel entre les entrées et les sorties financières. Essayer d’avoir le meilleur rapport entre le travail (temps et pénibilité) et la quantité d’argent disponible en vue de la consommation, permettant d’acquérir à la  fois un statut social et un sentiment de réussite personnelle. Cette forme de réussite est assimilée à une représentation du bonheur. Elle accapare souvent l’essentiel de notre temps.

Les « meilleurs éléments » de ce système arrivent à se contenter d’une activité peu ou non productive (la société de spectacle et celle des actionnaires).

En contrepartie, le plus grand nombre s’accroche véritablement au modèle libéral imposé pour travailler, le plus souvent durement, en échange d’une rémunération. Celle-ci permet au mieux un équilibre matériel (voire quelques disponibilités financières en vue d’une faible épargne ou de quelques loisirs), au pire une plongée progressive dans un endettement dont la sortie par le travail devient de plus en plus hypothétique. 

La formule « travailler plus pour gagner plus » est le symbole mensonger, cynique et inique de ce modèle libéral que défendent certains grands élus pour qui économie et politique se confondent. Confusion des genres et des intérêts.

Revenons donc à cette idée qui se répand d’un changement de société en profondeur.

Si la ou les crises intervenues depuis 1973 ont été perçues rapidement comme la fin de l’âge d’or, avec principalement la montée du chômage, pourquoi l’idée d’un changement en profondeur de la société ne s’est-il pas imposé alors ?

Une des réponses possibles est probablement que l’ensemble de la population française et de ses dirigeants pensaient alors que cette ou ces crises auraient un caractère passager, et ne les concernaient pas directement. On ne pouvait imaginer les impacts de transformations aussi radicales (transports, communication, technologies) pour la société française, occidentale, et l’ensemble des populations mondiales.

Un autre début de réponse probable réside dans le fait que les richesses acquises ont permis à de nombreuses familles françaises de consolider ou de se constituer un patrimoine leur permettant d’amortir les différentes crises pour eux-mêmes et leur descendance. L’ascenseur social dont ils avaient bénéficié permettait cela.

L’immobilier, premier symbole de cet enrichissement, allait être au cœur des dérèglements financiers et économiques à venir compte tenu de son poids grandissant dans les budgets familiaux et l’économie. Là encore, le modèle capitaliste avait vendu l’idée de la propriété foncière, les politiques avaient suivi, mais les conséquences sur le long terme d’un tel phénomène, sur les plans environnementaux, financiers, et structurels, n’ont que très rarement été abordés alors. L’immobilier et son prix sont depuis plus de trente ans une des causes majeures de nos maux. Changer de société, c’est aussi changer notre rapport à l’habitat, sa nature, son coût, son usage et son rôle dans la spéculation.

Voilà pourquoi en partie l’idée d’un changement « en profondeur » nécessaire à la société française a si peu été abordé avant disons une petite dizaine d’années par les politiques, et a reçu un écho plutôt confidentiel de la part de l’ensemble des médias. L’idée commence cependant à se répandre, et tout particulièrement depuis 2007, où un sursaut violent de la crise économique a été perçu et associé comme la conséquence d’une chaîne de comportements particulièrement malhonnêtes, injustes et amoraux, dans le secteur de la finance et le monde des affaires. 

Et maintenant, tournons la page !   

Si nous ne changeons pas de modèle de société, nous ne pourrons sortir de la crise dite économique sauf à bénéficier d’effets de conjoncture que nous ne pouvons ni anticiper ni influencer de manière significative à l’échelle de la nation.

Trois propositions / postulats pour changer de modèle : 

1. En finir avec la non-vérité capitaliste qu’il n’y aurait pas d’autre système de société possible que celui d’un libéralisme non régulé.

L’affirmation qu’il n’y aurait aucun autre modèle de société possible que le modèle économique, central et basé sur le libre échange ne repose sur aucune démonstration  macroéconomique. Par contre, constater que les détenteurs du pouvoir et de l’argent entretiennent ce système et la croyance en ce système pour conserver et accroître leur fortune personnelle est observée de manière récurrente.

Dans ce système pourtant, les pays scandinaves (Norvège, Suède, Danemark, Pays-Bas, …) qui ont privilégié des politiques de long terme axées sur une intervention volontaire de l’Etat (dans les domaines de l’éducation, de la justice, du logement, du travail) sont les seuls à avoir réussi à conjuguer économie de marché avec développement social et environnemental.    

Une étape incontournable à un changement en profondeur de notre modèle de société, avant même d’envisager sa transformation en profondeur, concerne la valeur du travail. Plus précisément le rapport entre le travail et la répartition « équitable » des fruits du travail (Nicolas Sarkozy avait prôné la répartition des bénéfices d’entreprise en trois tiers : un pour l’investissement, un pour les actionnaires, un pour les salariés ; cette annonce est restée lettre morte ; aujourd’hui il annonce la prime de 1 000 € sous conditions, une complexe mesure inéquitable et inappropriée). Un aveu patent d’impuissance.  
Cette nouvelle donne pourrait inclure un capital individuel acquis pour l’éducation et l’entrée dans la vie active. Cette étape est un préalable, elle n’est pas une finalité.

Le terme de « travailleur pauvre » (ou précaire) était encore improbable à la fin des années 80. Il s’est généralisé. « La presque totalité des citoyens sort perdante d’un tel système baptisé néolibéral. Plus l'on monte dans la hiérarchie des revenus, plus les revenus se sont accrus au cours des années de crise. La France semble, avec retard et de manière moins marquée, prendre la même trajectoire que les États-Unis. Cette hausse des inégalités serait à la fois due à une hausse des inégalités de salaire, mais aussi à un accroissement très fort des inégalités de revenus du patrimoine, tirés par les dividendes et les plus-values, notamment immobilières ». (source Wikipédia, selon les études Insee et travaux de Thomas Piketty et Camille Landais). Aucune thèse économique ne peut justifier comme on voudrait nous le faire croire cet état de fait. Le non partage des richesses ne répond à aucune conséquence mécanique mais à des comportements généralisés chez les détenteurs de pouvoir.

On ne peut pas davantage durablement assurer au capital une rémunération qui dépasse largement le taux de croissance de l’économie. Plusieurs ouvrages traitent du sujet de ce capitalisme qui se mord la queue, « le capitalisme total », de Jean Peyrelevade est éloquent sur ce sujet. Le néolibéralisme, encore davantage que le capitalisme, nous détourne de l’intérêt commun et général, et les classes politiques au pouvoir, de droite comme de gauche, depuis 1973, n’exercent qu’une action partiale et au mieux partielle pour cet intérêt commun qui fonde la société.

2. Modifier et nous réapproprier notre parole et notre langage, pour réorganiser le débat d’idées.

Ecouter le discours des personnalités et de l’ensemble des acteurs économiques et politiques, c’est quasiment toujours entendre une forme d’expression véhémente, dénonciatrice, construite sur des formules autoritaires assénées comme des vérités indiscutables, ou l’argumentation n’est pas à construire mais repose sur des slogans et des raccourcis laissant peu de place au véritable dialogue, c'est-à-dire à la parole de l’autre. Il s’agit d’affirmer, et non pas d’élaborer une pensée. Le temps médiatique ne le permet pas, paraît-il. Même chez Frédéric Taddeï, où les invités sont souvent à priori choisis pour leur capacité à débattre et leur connaissance des sujets abordés, on en arrive vite à une foire d’empoigne des plus suspectes et des plus décevantes. On en vient à rêver d’une parole différente, posée, bienveillante. On en vient à rêver d’un nouveau Socrate revenu des siècles antiques, nous éclairant sur le formatage de nos pensées et de nos propos.
 
Les personnalités de tous horizons on finit par s’accaparer ce mode de communication médiatique, si bien que l’on nous présente des individus au travers d’une fonction qu’ils ne représentent pas : spécialistes, journalistes, experts, sociologues, mais aussi et hélas surtout philosophes : Alain Finkielkraut, Bernard Henri Lévy, Luc Ferry seraient ainsi des philosophes contemporains, au prétexte qu’ils possèdent une culture, qu’ils disposent d’une pensée personnelle (quelle chance !), qu’ils écrivent des ouvrages sur des sujets de société.

Tout cela nous conduit le plus souvent à voir s’affronter une pensée majoritaire unique avec une pensée d’opposition unique. Voire des pensées d’opposition unique, ce qui n’est pas un non-sens. 
Changer de société sans changer notre rapport à la parole et au langage me paraît difficile. Mais changer notre flux et notre temps de parole, les mots choisis pour exprimer un raisonnement ou une conviction plus qu’une affirmation, voilà qui pourrait nous conduire à nous réapproprier un nouveau lien et un sentiment démocratique entre les individus.    

(Dans un autre genre, les médias ont la fâcheuse habitude de nous relater les succès en tout genre, y compris sur la télévision publique. Elise Lucet, tous les jours, nous fait part de son immense joie de rencontrer une personnalité au succès avéré, chiffres de vente cités à l’appui, en bonne représentante de commerce, mais en aucun cas en journaliste pertinente. Avec elle l’artiste est une personne ayant déjà été consacrée par un résultat économique. On en revient donc à la priorité économique assénée comme logique implacable, et Guillaume Musso et Marc Lévy deviennent ainsi de grands écrivains. La parité, ici, est bienheureusement peu respectée, les femmes ont moins d’égo).  

3. Fonder l’avenir sur l’idée de la justice, dans les faits réels et au quotidien.

Pour qu’il y ait justice, il est nécessaire qu’il y ait équité en aval. Naître et évoluer dans un environnement urbain et social difficile, consacrer sa jeunesse à tenter de contrecarrer des conditions de vie difficiles en étudiant assidûment, obtenir un diplôme, et ne pas accéder à une entrée satisfaisante dans la vie active, c’est le lot de plus en plus de jeunes. L’indépendance financière n’est alors pas acquise, sans emploi le diplôme durement obtenu sera vite dévalorisé, et pour nombre d’entre eux, les solutions seront à chercher dans l’emploi précaire (centres d’appels, aide à la personne, emplois saisonniers). Le besoin de justice est alors un besoin de justice sociale. Dans ce véritable parcours du combattant, l’investissement personnel est très élevé, et pour celles et ceux qui accèderont néanmoins à un emploi conforme à leur cursus, nombre d’entre eux ne bénéficieront pas pour autant de l’ascenseur social permettant une autonomie et un épanouissement satisfaisants.

Cette société inégalitaire, qui nous éloigne là encore d’une communauté de citoyens consciente d’un intérêt général commun, est d’autant plus désabusée qu’elle observe chez les élus et les élites des privilèges de plus en plus visibles et des actes de plus en plus malhonnêtes en vue d’un intérêt purement personnel. Assistera t-on à des sociétés dont la fracture sociale sera si grande que les territoires seront divisés physiquement  entre les classes les plus pauvres et les classes les plus riches et privilégiées ? Où est-ce déjà le cas ?

La valeur travail est une valeur de justice dès lors qu’elle permet au plus grand nombre de vivre décemment, y compris humainement, du fruit de son activité, et qu’elle permet aux plus défavorisés de bénéficier d’un revenu d’existence décent et suffisant. C’est également en fixant des limites raisonnables à l’enrichissement personnel qu’on contribue à favoriser l’équilibre d’une société.   

  
Silence, on tourne la page.

Changer de modèle de société, ça ne consiste pas forcément à réorganiser l’existant, mais à concevoir et mettre en œuvre un cadre nouveau, en harmonie avec l’environnement, à penser la ville de demain, la place du travail dans nos sociétés, le lien qui nous unit les uns aux autres. Reprendre la pleine possession de nos paroles et de nos silences, affranchis des idées reçues. C’est peut-être (re)devenir plus simples, sans perdre l’énergie joyeuse et créative indispensable à toute transformation ; expérimenter, et remettre du sens dans nos intentions en vue d’une justice collective non feinte. Et pourquoi pas rêver à nouveau sur l’air de « Liberté, égalité, fraternité ». 

Grégory Hadjopoulos
ghadjo@hotmail.com
29/04/2011



in: La part du fabulateur